Mardi soir sur la chaîne
publique France 5, nous avons eu droit à un morceau d'anthologie de
propagande européiste qui valait son pesant de cacahouètes (mais
pas plus. Avec des cacahouètes, c'est même plutôt bien payé).
Intitulée « bye bye euro » pour attirer le chaland qu'un
débat pour ou contre la sortie de l'euro aurait pu intéresser, la
docu-fiction aurait mieux fait de s'appeler « bonsoir bourrage
de crâne ».
En effet, ce
« documentaire fiction », selon l'appellation en
incrustation dans un coin de l'écran tout au long de l'émission,
partait de l'hypothèse que l'Italie était sortie de l'euro et que
la France était sur le point de faire de même. Si le documentaire
en question était bien, (pour l'instant), une pure fiction, le débat
supposé l'était tout autant, car c'est peu dire que l'orientation
de la démonstration était à charge contre cette éventualité
d'une sortie de l'euro par la France.
C'est tout juste si face
à tous les témoins de la partie civile, la production s'est crue
obligée, pour donner le change, d'insérer deux ou trois brefs
commentaires de l'économiste Jacques Sapir, auteur d'un livre
intitulé « Faut-il sortir de l'euro » et connu pour y
répondre par l'affirmative. Ces commentaires étaient cependant, on
imagine, choisis parmi les plus insignifiants de son interview, car
il fallait attendre le débat qui suivait le documentaire pour
s'apercevoir que M. Sapir n'était pas à court d'arguments en béton
armé pour justifier le retour à une monnaie nationale et remettre
ses inconvénients à leur juste et raisonnable mesure.
En revanche, on eut droit
aux interventions multiples et incessantes d'un Attali arrogant,
vautré dans son fauteuil, assénant clichés sur clichés,
n'hésitant pas à recourir de façon péremptoire et non argumentée
à des affirmations plus gratuites les unes que les autres (encore
que, quand on dit « gratuites » et qu'on connaît la
vénalité du personnage, le qualificatif n'est pas forcément le
mieux choisi...) : « La France et ses engagements vis à
vis de ses partenaires » (a entendu parler de l'engagement de
la France à livrer ses Mistral, l'économiste-écrivain roi de la
photocopieuse?), « la France déconsidérée » (un pays
est déconsidéré quand il cherche le meilleur de ses intérêts ?,
le Japon est déconsidéré quand il profite de la dévaluation de
son yen ?), « nous allons couler » (toi le socialo,
c'est effectivement bien possible), « chaos politique »
(Le conseiller économique du Mythe errant est connaisseur en
chaos...), « déchéance absolue » etc etc...
Assez comiquement, la
démonstration commençait en énumérant tous les inconvénients que
représenterait pour la France la sortie de l'euro opérée par
l'Italie.
Rendez-vous compte, chers
téléspectateurs paysans, que notre agriculture serait alors
fortement concurrencée par une monnaie italienne dévaluée. Les
produits de l'agriculture italienne envahiraient notre marché, à
vos dépens !
Bien.
Mais alors, est-ce que la
France à son tour ne serait pas favorisée par sa monnaie fortement
dévaluée (dévaluation largement décrite avec insistance, par
ailleurs, avec force d'exemples dans le documentaire), dans son
commerce avec les autres pays restant dans la zone euro ?
Ah bah non, parce que là,
nos partenaires européens seraient fortement en colère contre nous
et mettraient un point d'honneur à nous mettre des bâtons dans nos
roues exportatrices.
En résumé, ce qui
serait profitable à l'Italie ne le serait pas pour la France !
La sortie de l'euro jouée par l'Italie et la France, c'est un peu,
si on comprend bien l'argument, le jeu de pile, c'est l'Italie qui
gagne, face, c'est la France qui perd...
Un intervenant allemand
va jusqu'à annoncer, sans rire, que si la France se trouve favorisée
par sa monnaie dévaluée, alors l'Allemagne redoublera d'efforts
pour devenir encore plus compétitive. Comme si l'Allemagne en avait
encore largement sous le pied pour améliorer sa compétitivité. Ben
voyons.
Toujours dans le registre
de la peur à distiller chez nos agriculteurs, il est évoqué la
possibilité d'une remise en cause des accords de la PAC en faveur de
la France. Bien sûr, il n'est pas fait mention que si la France
s'exonérait dans le même temps de toutes les contraintes imposée
par Bruxelles sur notre agriculture, un aménagement ou la
disparition de cette fameuse PAC ne serait pas forcément ressentie
comme une catastrophe par nos agriculteurs.
Et nos produits
manufacturés, alors ? Leurs exportations ne s'en
trouveraient-elles pas facilitées, avec une monnaie nationale moins
surcotée que ne l'est l'euro ? Non plus, braves téléspectateurs
moyens. Car on nous affirme par l'entremise du témoignage d'un
fabricant de pièces-outils que : (Saucisson-Pinard vous la fait
courte), « vous savez, msieurs-dames, quand on parle de made in
France, on veut en réalité dire que tout est d'origine étrangère
et simplement « assemblé » en France. Alors, vous
comprenez, pour faire un prix de revient avec des pièces venant de
pays à monnaies diverses et variées, c'est compliqué ! ».
C'est à se demander, à écouter cet apôtre, comment il faisait
avant 2001 pour faire son business ; et comment font encore la
Grande Bretagne, la Suisse, la Norvège ou la Suède, pour ne parler
que de pays européens qui ont choisi dès le départ de ne pas
profiter de cette bénédiction économique qu'est l'euro.
Car assez étrangement,
jamais à aucun moment cette docu-fiction n'évoque ces pays et la
façon dont ils s'en sortent, et plutôt mieux que la France, pour
chacun d'entre eux, avec leur monnaie nationale...
Non, le documentaire
préfère noyer le poisson en inventant l'exemple alambiqué d'un
Français qui profiterait de l'existence d'une fiancée en Belgique
pour s'adonner à un marché noir de produits électroniques qu'il
achèterait dans ce pays (avec son salaire français prétendument
dévalué ? Le témoignage inventé de toutes pièces ne rentre
pas dans ce genre de détails) pour les revendre avec profit en
France sous le manteau...
Le réalisateur de cette
œuvre grossière de propagande va jusqu'à faire un procès
d'intention machiste aux gouvernants qui se rendraient coupables de
cette sortie de l'euro- suivez mon regard- en affirmant qu'ils
prendraient uniquement des portraits de femmes célèbres pour
illustrer les nouveaux billets de cette nouvelle monnaie « ne
valant plus rien », dixit le commentateur. On ne recule devant
rien, au service public de la télévision, pas même devant le
ridicule le plus achevé.
Pour bien enfoncer le
clou et frapper le téléspectateur là où c'est supposé lui faire
mal, le documentaire illustre les terribles contraintes budgétaires
que la sortie de l'euro impliquerait, en simulant pendant quelques
secondes un écran de chaîne télé vide et sans son, portant la
simple inscription : « la chaîne 5 ne peut plus émettre
faute de financement ». Pour le coup, on se dit que si cette
chaîne ne se trouve comme mission que de nous asséner une
propagande euro-socialiste aussi grotesque, sa disparition serait
plutôt à porter au crédit de cette sortie de l'euro...
Et en guise d'apothéose,
de bouquet final, le documentaire ne manque pas d'avoir recours au
chantage des mouvements sociaux. Voici le déroulé du raisonnement :
on part du postulat que la sortie de l'euro ferait exploser le
chômage. (Le postulat n'a absolument pas été démontré auparavant
dans le sermon télévisuel, mais on ne va pas s'arrêter sur ce
point de détail selon lequel une monnaie supposée faible
impliquerait moins de travail disponible, alors que c'est normalement
plutôt l'inverse). Davantage de chômage, donc moins de
consommation, moins de consommation donc moins d'activité
économique, moins d'activité économique, donc moins de rentrée
fiscale, moins de rentrée fiscale, donc plus de dettes. Plus de
dettes donc moins d'emplois de fonctionnaires, donc plus de
mouvements sociaux. Fermez le ban. CQFD. Le raisonnement est
imparable. Mais ôtez-moi d'un doute : le documentaire n'est-il
pas en train de nous décrire la situation que nous vivons déjà
aujourd'hui, alors que la France « profite » précisément
de tous les avantages supposés de la monnaie unique ? Foutu
argument boomerang qui vous revient dans la figure...
Evidemment, jamais ô
grand jamais, la démonstration ne va jusqu'à imaginer ce qui
arriverait aux autres pays de la zone euro si la France la quittait.
Il va sans doute de soi, selon le propagandiste, que l'euro
continuerait tranquillement son petit bonhomme de chemin sans la
France comme il le fait aujourd'hui avec elle.
Pourtant, prenons le cas
où une bonne partie des galériens parmi les meilleurs rameurs
quittent une galère pour rejoindre un navire plus petit. Si on se
plaît à jauger la différence de vitesse existant désormais entre
ce petit navire et la grosse galère, il faudrait prendre en compte
que cette grosse galère ralentirait forcément du fait qu'elle se
verrait privée de certains de ses meilleurs rameurs. Or ça
n'effleure même pas le propagandiste pro-euro que si la France (et
l'Italie dans le scénario imaginé) quittait la zone euro, celle-ci
s'en trouverait alors forcément fragilisée, voire imploserait.
S'imagine-t-il que l'Allemagne continuerait à se coltiner quasiment
toute seule une zone euro à laquelle seuls des pays profiteurs
s'accrocheraient comme des moules à leur rocher ? Un effet
boule de neige qui entraînerait d'autres pays pénalisés par
l'euro, à en sortir (l'Espagne, entre autres) changerait
radicalement la donne, y compris relativement à cet effet supposé
fortement dévaluateur du retour à une monnaie nationale...
Après avoir visionné ce
documentaire propagandiste, on a le sentiment très net qu'on cherche
à nous transmettre le message suivant : maintenant que nous
avons été mis de force dans cette zone euro, il est hors de
question que nous pourrions, ne serait-ce qu'en rêve, en sortir
sans dommage. La zone euro est ce piège à guêpe dans lequel
l'insecte peut rentrer facilement, attiré par le sucre, mais dont il
lui est impossible de s'échapper. Ou on comprend aussi que la zone
euro, c'est un peu comme la Camora. On peut en faire partie et
travailler pour elle, mais on ne la quitte pas de son plein gré...
vivant...! Chouette club que la zone euro, non ?
Lors du débat qui suivit
cette docu-fiction, la question fut posée : la création de
l'euro a-t-elle participé à l'augmentation des prix ? La
réponse, apportée par un responsable d'une association de
consommateur fut la suivante : Grosso modo, l'augmentation des
prix a été depuis 2001 de 25%. Mais celle des salaires a été
également de 25%.
Content ? Bon.
Mais cette augmentation
des prix est globale. Quand on rentre dans le détail, on constate
que le prix du M2 du logement à Paris est passé de 3 000 € à 8
000 €, et le prix de la machine à laver a diminué de moitié :
dommage qu'on doive se loger tous les jours et qu'on n'achète une
machine à laver que tous les 7 ans... Comme le dit l'intervenant en
maniant la litote, avec l'euro, les Français ont dû apprendre à
gérer différemment leur budget...
Et enfin, la
question-bateau qui ne manqua pas d'être posée : avec un franc
dévalué par rapport à l'euro, le litre d'essence ne devient-il pas
inabordable ? Jacques Sapir rappela que le prix de l'essence à
la pompe n'est celui du pétrole raffiné qu'à hauteur de 15%, le
reste étant des taxes. Une dévaluation de 20% d'un nouveau franc,
ne ferait augmenter le litre d'essence que de moins de 7 centimes
d'euro actuel...
Saucisson-Pinard garde la
conclusion du débat pour la bonne bouche: Jacques Sapir estime que
les chances de survie de la zone euro à la fin de cette année sont
minimes...
Et quand on voit la
précipitation avec laquelle France Télévision, média au service
de l’intelligentsia socialo-européiste, nous assène cette
propagande mal ficelée après nous avoir privé de tout débat digne
de ce nom sur cette question, on se dit qu'en effet, il semble bien
qu'il y ait le feu dans la maison zone euro.
Une honte cette émission sur la 5 !
RépondreSupprimerDes élections arrivent, il faut faire peur... aux "sans-dents"... qu'ils aient peur avant de voter pour un parti "non républicain"...
C'est tout à fait ça, faire peur et discréditer. Et ça ne fait que commencer, ils sont capables de tout pour se maintenir, faute de pouvoir convaincre sur leur seule politique.
SupprimerC'est un principe que nos media officiels appliquent de façon systématique, d'abord on nous pousse à entrer dans le piège à guêpes et ensuite on nous explique pourquoi il nous est impossible d'en sortir. C'est vrai pour l'immigration et ça se confirme avec l'Euro : la démocratie à la française, en somme!
RépondreSupprimerN'empêche, c'est bien pratique le Service Public, même si ça nous coûte un peu cher...
Amitiés.
merci pour ce "démontage" méticuleux d'une propagande indigne de la part d'une nation qui ose faire la leçon à la Russie....
RépondreSupprimerCôté leçons à donner à tout le monde et sur tous les sujets, on ne craint personne...
RépondreSupprimerj'ai fait l'effort de regarder la télé pour cette émission qui m'a rappelé le temps de l'enfance , ou quand noel approchant les grands parents nous entretenaient longuement du père noel et de son compagnon l'affreux l'horrible père fouettard ...pour nous voir prendre le camp des obéissants épouvantés par le martinet ..
RépondreSupprimernul et complètement téléphoné bâti sur la connerie usuelle (seul chose que la France peut encore exporter tant elle en a )
la Marina m'a subitement rapprochée de la Marine ...