Ce lundi, j'avais
entrepris de repeindre un vieux vaisselier normand en chêne massif.
De couleur brun très foncé, je trouvais qu'il détonnait quelque
peu dans mon intérieur contemporain, lumineux, et dont l'essentiel
du mobilier a des lignes épurées.
J'avais donc, sur les
conseils avisés de l'employé d'une grande surface de matériaux de
bricolage, fait l'emplette d'un pot de liquide décireur et d'un gros
pot de peinture monocouche blanc mat. Après avoir consciencieusement
dissous toute trace de cire sur les portes et les tiroirs moulurés
du bahut ainsi que sur son plateau, je commençais à appliquer à
grands coups de pinceaux la peinture blanche.
En bruit de fond, j'avais
mis la radio. La station était Europe 1. Un débat occupait
l'antenne, avec pour question centrale, « comment et pourquoi
de jeunes Français s'investissent-ils dans le djihad islamique,
qu'est-ce qui les pousse à partir se former au Pakistan ou en
Afghanistan au maniement des armes et des explosifs ? »
Bien entendu, le
conformisme politiquement correct de l'animateur et des « experts »
invités à débattre, les forçait à insister lourdement et
systématiquement sur l'appellation de « Français » pour
évoquer ces jeunes arabes originaires de banlieue qui partent
s'embrigader et se laver le cerveau (ou de ce qui fait office de) à
la rhétorique islamo-révolutionnaire.
Tout en prenant un peu de
recul, le pinceau à la main, pour regarder le résultat de ma
première couche de monocouche, je me disais qu'il aurait été
facile de mettre très rapidement un point final à ce débat.
Comment est-il possible que des jeunes « Français »
aillent s'exiler dans des pays arabes (ou perses) pour apprendre les
rudiments d'une guerre de gueux et de lâches ? Parce que
précisément, ce ne sont pas des Français ! Point barre. On
peut passer à l'émission suivante.
Bon, comme attendu, ma
première couche de peinture blanche monocouche ne sera pas
suffisante. Le chêne brut de ce bahut est vraiment trop sombre, une
seule couche lui donne juste une teinte grisâtre. Et me voilà
reparti pour exécuter une seconde couche de ma peinture monocouche,
après avoir attendu le séchage (très rapide) de la première. Et
pendant ce temps là, sur Europe 1, les intervenants du débat en
cours n'en finissaient pas de deviser sérieusement sur la recherche
d'idéologie ou de spiritualité des candidats « français »
à la conversion à cette religion de tolérance et de paix qu'est
l'islam. A entendre ces braves interlocuteurs, ces jeunes
« Français » de banlieue en dérive vont se former au
terrorisme parce qu'ils sont en quête d'épanouissement viril,
d'ambiance de camaraderie, parce qu'ils éprouvent un besoin
d'encadrement et d'intégration dans un groupe de partage de valeurs.
Bref, ils vont à l'école du terrorisme islamique un peu comme un
Français (de souche cette fois, un gaulois, quoi...) va faire du
scoutisme...
Tout en donnant avec
application mes coups de pinceaux et de rouleaux, je me demandais si
l'animateur, et les auditeurs qui rentraient dans son jeu,
trouveraient vraiment réponse à la question initiale : comment
se fait-il que cela arrive à des « Français » ? Un
naïf complètement inconscient des réalités, à l'écoute de
l'émission, pourrait s'imaginer que le prototype de ce jeune
« Français » apprenti terroriste est un Christophe
Martin, blanc, né à Limoges, fils de boucher (non halal) et de
boulangère, délaissant sa casquette des New -York Yankees, son
jean et ses baskets Reverse, pour enfiler un burnous, une djellaba et
des babouches et rejoindre un camp d'entraînement de sauvages dans
les montagnes désertiques pakistanaises...
J'avais fini la seconde
couche et je considérai le résultat obtenu : un bahut d'un
blanc douteux, qui conservait ses lignes lourdes et massives de
meuble normand. C'était extrêmement décevant. J'étais sur le
point de me demander si par hasard, une troisième couche de peinture
pourrait changer la donne, quand en fait, il m'est devenu évident
que cela ne changerait rien à l'affaire : jamais je ne pourrais
faire de ce lourd et sombre bahut normand qui a toute sa place dans
un séjour rustique de villa campagnarde, un meuble moderne, clair,
et aux lignes aériennes d'appartement contemporain. Je pris donc la
décision d'arrêter là mes efforts de décoration et remisai mon
vaisselier normand dans le garage en attente d'en avoir un usage plus
approprié. Ce vaisselier n'est pas plus un meuble contemporain que
l'apprenti terroriste n'est un vrai Français. Deux couches de
peinture n'en font pas davantage un meuble moderne qu'une pièce
d'identité officielle ne fait forcément de son détenteur un
Français. Et point besoin de s'étonner qu'un bahut normand peint en
blanc et baptisé abusivement meuble contemporain ne s'intègre pas
dans un intérieur moderne. Il fait tache tout simplement parce que
ce n'est pas un meuble contemporain au départ. Et le débat n'a pas
lieu d'être, parce que la question posée repose sur une irréalité,
ou un abus de langage.
La presse fait ses choux
gras de l'élection du nouveau président de l'UMP. Elle dénonce
tout à tour, une « cacophonie », un « désordre »,
un « imbroglio », et ce, avec une touchante unanimité
dans l'emploi de ces contre-sens. Parce qu'il faut dire que pour nos
élites médiatiques, un score serré, c'est une « cacophonie ».
Rien ne vaut une bonne victoire franche et nette de 90%, comme dans
les républiques bananières. Qu'un écart de quelques dizaines de
voix seulement oblige à un comptage et à un re-comptage précis du
dépouillement et prenne plus de temps qu'une ample victoire, est
quelque chose qui dépasse la compréhension de nos journalistes. Il
va sans dire que nos médias gauchistes sont quelque peu dépités
que ça soit la version la plus droitière de l'UMP qui l'ait
finalement remporté. Ils tolèrent l'existence d'une droite dans le
débat politique, à condition que cette droite ne soit pas trop... à
droite !
A cet égard, à tout
prendre, la victoire de Fillon leur aurait mieux convenu. Disons,
moins déplu.
Et c'est d'ailleurs avec
force sondages prédisant la victoire de l'ex-premier ministre que
nos médias ont émaillé leur couverture de cette campagne
électorale. On peut, une fois encore, (voir article « Réflexions
d'entre les deux tours de Présidentielles », avril 2012)
s'interroger sur la validité de ces sondages, et éventuellement
aller jusqu'à suspecter une tentative de manipulation. Car enfin,
comment, sur un échantillonnage de personnes interrogées censé
représentatif d'une population de votants finalement assez réduite
- les seuls militants UMP- peut-on se tromper aussi lourdement en
prédisant une victoire large et aisée de celui qui a finalement
perdu ? de peu certes, mais perdu quand même. « On »
aurait voulu privilégier la candidature Fillon, qu' « on »
ne s'y serait pas pris autrement. Mais bien sûr, ce n'est pas une
bizarrerie que nos journalistes gauchisants se sont donnée la peine
de relever.
Je ne peux finir ce post
sans avoir une pensée émue, admirative et compatissante pour notre
chère et téméraire combattante des forces progressistes, qui
n'écoutant que son courage, n'a pas hésité à descendre dans la
rue pour affronter des pères et mères de familles sanguinaires, des
représentants de l'église catholique sauvages et brutaux, lors de
la dernière manifestation des anti- « mariage pour
tous », j'ai nommé : Caroline Fourest !
La pauvre chérie a été
violemment prise à partie, bousculée, et « rouée de coups ».
C'est, du moins, ce qu'elle est venue raconter, toute fraîche, rose
et pimpante, sur tous les plateaux télés de la bienveillante sphère
médiatique parisienne. Les coups ne devaient pas être bien forts,
car, comme elle le reconnaît elle-même, « le plus violent,
c'était les anathèmes qui (lui) ont été jetés à la figure. »
En effet, c'est à peine si j'ose l'écrire ici, elle s'est faite
traiter de... gouine ! Eh oui, ses ennemis impitoyables ont été
jusqu'à cette extrémité ! Vous imaginez la violence de
l'insulte ! Violence à côté de laquelle, celle des coups
qu'elle dit avoir reçus, doit en effet avoir été bien symbolique.
C'est sans doute pour cette raison qu'elle n'en garde pas la moindre
trace physique...
Heureusement pour elle,
elle a pu se consoler de cette terrible épreuve avec la compassion
de ses confrères et consoeurs journalistes qui terminaient gravement
leur interview d'un « bravo, Caroline Fourest, et félicitations
pour votre courage ! »
Caroline Fourest est
ainsi parvenue à inscrire son nom au panthéon des anciens
combattants de la cause progressiste, pour avoir imprimé jusque dans
sa chair (et surtout ses oreilles), les stigmates de la violence
réactionnaire familiale et catholique... Gloire à elle !