… ou d'après-primaires, comme vous voudrez.
Nous aurons donc à
décider dimanche qui sera notre prochain président. Car ce second
tour de primaires de droite ressemble à s'y méprendre à un second
tour de présidentielle générale. Le vainqueur a en effet toutes
les chances d'être celui qui, après avoir laminé n'importe quel
candidat de gauche, se retrouvera face à Marine Le Pen le 7
Mai 2017, pour finalement l'emporter.
Le premier enseignement
de ce premier tour concerne la confiance qu'on peut investir dans les
sondages. Après nous avoir bassiné des semaines durant sur la
pré-éminence évidente de l'imam Ali Juppépé sur ses collègues
des Républicains, après nous avoir soigneusement préparé à un
duel entre ce repris de justice bordelais et la tête de Turc
préférée des médias, nous voici, à la stupéfaction générale,
à devoir choisir entre le pré-supposé troisième, qui arrive
largement premier, et le pré-supposé premier qui se retrouve
lointain deuxième.
Crédité jusqu'à
quasiment la veille du scrutin, de 20 % des voix, Fillon se voit
finalement finir avec près de 44%.
Alors une question se
pose : est-ce qu'un score du simple au double s'inscrit dans ce
qui est communément appelé la « marge d'erreur » ?
Dans l'affirmative,
Saucisson-Pinard se croit capable de pouvoir annoncer les résultats
d'à peu près n'importe quelle élection, et convie les médias à
s'adresser à lui dorénavant. Munis de leur carnet de chèques, bien
évidemment.
Saucisson-Pinard s'engage
à pratiquer une ristourne substantielle par rapport à ce que la
Sofres ou l'Ifop leur facturent habituellement. Ses évaluations de
probabilités ne seront pas moins précises, et ainsi tout le monde
sera content. Les médias feront des économies, Saucisson-Pinard
arrangera substantiellement ses fins de mois, et le travail sera
plus vite effectué.
Par exemple, si
Saucisson-Pinard est consulté sur les chances qu'a la mère Kel de
garder son fauteuil (grand format) de chancelière d'Allemagne, il
estimera son score à 45%. Ce qui laissera une fourchette confortable
de 22,5% à 90% de chances pour l'hôtesse d'accueil en chef des
migrants en Europe, de conserver, ou pas, son poste. Saucisson-Pinard
accepte les chèques.
Ces instituts de sondage,
après leurs fiascos tonitruants relatifs au Brexit et à l'élection
américaine, sont pressés de s'expliquer auprès des médias,
c'est-à-dire de leurs clients, sur la vacuité de leur travail. Ils
tentent alors d'avancer des arguments capillo-tractés. Des
arguments, entendus sur une radio périphérique, du style :
« ben, faut nous comprendre, des primaires de droite, on n'a
pas l'habitude, c'est la première fois qu'il y en a une
d'organisée ! »
Sans doute, les gars,
mais ça ne vous a pas empêché d'accepter la tâche et de facturer
le boulot. Avez-vous prévenu vos clients que vous n'aviez aucune
expérience en la matière et que vous aviez toutes les chances de
vous planter dans les grandes largeurs ? Allez-vous rembourser
vos commanditaires ? Ou avez-vous juste donné les réponses
allant dans le sens désiré par le client (voir l'article de
Saucisson-Pinard du 9 novembre intitulé « Sondages ») ?...
En même temps, malgré
cette succession de plantages spectaculaires, comme l'a annoncé
benoîtement un journaleux sur la radio Europe Intox, des sondages
continueront d'être commandés par les organes de Presse car « ils
représentent une base de travail indispensable pour les
journalistes politiques ».
L'aveu ne manque pas de
sel. Se dire que les journalistes éprouvent l'impérieux besoin de
travailler avec des outils aussi foireux, explique bien des choses et
surtout leur extrême médiocrité professionnelle.
Et partant de là, on en
conclut que les instituts de sondage auraient bien tort de se priver
de tels cochons de payants de clients. Après tout, c'est le lecteur,
l'auditeur, et le téléspectateur qui payent, et plus généralement,
vu le niveau des subventions d'Etat auxquelles tètent les médias en
France, le contribuable. Alors pourquoi se gêner.
La seconde réflexion qui
frappe à la lecture du palmarès de ce premier tour des primaires,
c'est de constater que le Français (de droite, en l'occurrence, mais
on peut supposer que c'est la même chose chez le Français de
gauche) n'aime pas les nouvelles têtes. Il préfère une tête
connue, eût-elle démontré son incompétence, ou sa culpabilité,
ou son pouvoir de nuisance, (ou les trois à la fois), à une tête
inconnue qui a éventuellement tout à prouver. Les cinq premiers
arrivés de cette primaire ont tous été ministres, parfois chefs de gouvernement. Ils
sont donc tous co-responsables, à un degré ou à un autre, de la
situation lamentable dans laquelle se trouve le pays aujourd'hui.
On rétorquera qu'un
ex-ministre co-responsable des manquements de son gouvernement, peut
se révéler être un bon président, mais il n'en reste pas moins
qu'il serait (aurait été) plus logique de donner sa chance à un
candidat vierge de tout passif. Quand vous avez été déçu d'un
restaurant, pourquoi y retourner alors qu'il y en a tant d'autres à
essayer ? L'électeur se trouve paradoxalement rassuré de fréquenter
des personnages qui ont publiquement failli.
« - Oui, on sait
que Machin-chose est une brêle, mais au moins, on le connaît. Alors
que Truc, il est peut-être valable, mais il ne l'a jamais prouvé !
-
Certes, mais il n'a
jamais démontré non plus qu'il était une brêle!
- Bah, non. Il devra
donc faire ses preuves comme brêle pour qu'on s'intéresse à
lui... »
Les électeurs sont
bizarres, non ?
Poisson sait désormais
ce qu'il lui reste à faire...
L'autre enseignement est
que des « sensibilités de gauche » sont venus polluer
cette primaire de droite en votant Juppé, et ce à hauteur de 15%.
C'est ainsi que des ahuris gauchistes avouent complaisamment devant
les caméras, avoir menti et triché en signant une charte selon
laquelle ils partageaient des valeurs de droite pour pouvoir mettre
leur grain de sel.
Mensonges et tricheries : des valeurs de gauche très probablement. Il est vrai que l'exemple vient de haut et est donné quasiment tous les jours par les personnalités socialos au pouvoir...
Mensonges et tricheries : des valeurs de gauche très probablement. Il est vrai que l'exemple vient de haut et est donné quasiment tous les jours par les personnalités socialos au pouvoir...
On rétorquera à
Saucisson-Pinard qu'il n'aura qu'à aller à son tour se mêler de la
primaire de gauche. Mais franchement, si des gauchistes sont venus
voter Ali Juppépé, parce qu'il serait le « moins pire » des
candidats de droite, Saucisson-Pinard ne voit pas quel candidat de
gauche pourrait bien être « moins pire » que les autres,
tant ils rivalisent tous en médiocrité. Et voter pour l'un
quelconque de ces tocards lui donnerait une violente crise de
boutons.
Ali Juppépé, à qui
l'on faisait la remarque que sa place de second était due à
l'apport de voix de gauche, a cru bon de rétorquer que son
adversaire avait bien bénéficié de voix de « l'extrême-drouate ». Seulement, il oublie que cette primaire est une
primaire « de la droite et du Centre » ; pas du
parti Républicain et du Centre. Des sensibilités plus droitières
que ne l'est le parti Républicain sont donc tout à fait conviées à
participer à cette primaire. Ce que n'est pas la Gauche.
Aujourd'hui, il n'y a
donc au menu que deux plats réchauffés. Il s'agit donc de prendre
le moins mauvais des deux. Nous avons d'un côté (le côté gauche) le
dhimmi bordelais, garant d'une politique socialisante qui poursuivra
l'agonie du pays, et dont l'obsession imbécile et compulsive est de
« combattre le FN ». Et de l'autre, nous avons celui qui
promet un bon coup de balai dans une fonction publique pléthorique
et farcie de privilèges. Un candidat capable d'une telle promesse en
période électorale ne peut pas être complètement mauvais.
Et il faut lui
reconnaître une certaine franchise, voire du culot : faire
campagne en promettant de se mettre à dos les syndicats et en
annonçant une hausse de TVA est plutôt osé. Enfin, en appelant au
libéralisme, mot tabou en France - alors que le pays ignore tout de
ce qu'est vraiment le libéralisme pour ne l'avoir jamais pratiqué-
le sarthois est peut-être désireux de casser, enfin, la baraque.
On lui accordera donc le bénéfice du doute, à défaut de carte
blanche.
Et puis s'il ne fallait
qu'un seul argument pour voter Fillon, un seul, cela serait le
suivant : Taubira a, dans le Figaro de cette semaine, fait
l'éloge de Juppépé !