Un grésillement résonna
dans l'oreillette.
Portant sa main à son
oreille pour ajuster l'appareil, Macreux se leva soudainement de son
fauteuil et tendant la main par dessus son bureau à son
interlocuteur, il dit :
« Désolé, il faut
que je vous laisse, j'ai une tâche urgente à faire. »
Surpris par la brutalité
du congé, le visiteur tourna les talons et sortit du bureau Elyséen.
Une fois la porte fermée,
Macreux, toujours la main sur l'oreillette, se mit quasiment au
garde-à-vous, puis commença à faire les cent pas en tournant en
cercle dans son bureau.
« Allo ? » demanda-t-il.
« Ici, c'est la
Voix ! » entendit-il dans l'oreillette.
Il y avait un bruit de
fond derrière la voix impersonnelle que Macreux connaissait bien. Un
bruit de salle de marché, avec le crépitement de prompteur, de
télex et de frappes sur clavier et vociférations de traders.
« Au rapport ! » ordonna la Voix.
« Vous
m'entendez ? » demanda, inquiet, le président.
« On vous entend,
on vous voit, on vous suit ! » répliqua la Voix. « Vous
pouvez parler à voix haute. »
« Eh bien, je vais
bien !» commença Macreux.
« On ne vous
demande pas votre état de santé » l'interrompit la Voix.
« Dites-nous ce que vous faites pour nous. »
« Oui, oui, bien
sûr ! » bredouilla Macreux. « Eh bien, au niveau
économique, vous avez vu que j'ai obtenu une petite baisse du
chômage récemment. »
« Oui, mais en
octobre, il y a déjà eu une remontée de plus de 8000 nouveaux
demandeurs d'emploi, alors, votre baisse... mais de toutes façons,
le chômage, on s'en fout. Quoi de plus concret ? »
« Vous avez dû
voir que ma loi Travail est passée comme une lettre à la poste ! »
se justifia Macreux. « Le Méchancon et les syndicats n'ont pas
réussi à mobiliser, quant à la pseudo-droite, elle est atone »
se félicita-t-il.
« A part ça ? » s'impatienta la Voix.
« La division des
Français est En Marche, je dirais même en bonne marche » s'amusa
le président. « Regardez, avec un syndicat d'enseignants qui
organise une session de formation anti-racisme en excluant les Blancs
et une députée franco-gabonaise qui « nique la France »
et justifie les réunions fermées aux Blancs qui ne tolèrent les
Blanches qu'à condition qu'elles soient voilées, le communautarisme
se renforce gentiment. »
« Oui, ça va dans
le bon sens, et quoi d'autre ? » demanda la Voix.
« J'encourage les
débats de diversion, en favorisant les idées les plus saugrenues,
comme l'écriture inclusive, ou le harcèlement sexuel. Pendant qu'on
parle de ces conneries, on oublie les conséquences du Grand
Remplacement. C'est bien ce que vous m'avez demandé, n'est-ce
pas ? »
« Oui. N'oublie
surtout pas qui t'a fait roi ! » dit la Voix, menaçante.
« Je n'oublie pas,
je n'oublie pas... » tenta de rassurer le président.
« La Justice m'aide
bien, je dois dire. Elle vient de condamner à six mois ferme un
gendarme qui a giflé un clandestin, enfin, je veux dire, un pauvre
migrant, qui avait tenté de lui mettre un coup de boule, et en même
temps, elle vient de relaxer le violeur d'une fillette de 11 ans !
Avouez qu'il fallait oser, non ? »
« Oui, c'est pas
mal » concéda la Voix.
« Du coup, vous
avez vu que ma ministre de la Justice Belloubet, choisie par moi,
vous remarquerez, a lancé un débat sur l'âge à partir duquel une
fillette pourrait être considérée comme consentante de son viol.
C'est pas mal non plus, ça, non? Juste après le débat du
harcèlement sexuel mélangeant habilement drague lourdingue, gestes
déplacés et viols authentiques dans un savoureux gloubi-boulga,
c'est assez fort, je dois dire. »
« Vous vous
féliciterez plus tard » l'interrompit la Voix. « Pour
l'instant, vous êtes à la manœuvre. Et puis, avec l'appui des
Médias qu'on vous a offert sur un plateau, votre participation à
cette manipulation des masses reste marginale. »
« J'ai aussi une
autre ministre dont je ne suis pas peu fier ! » se
défendit Macreux. « Regardez la Buzyn. Elle va imposer pas
moins de 11 vaccins à une population innocente de nouveaux-nés en
jouant sur le sentiment de culpabilité de parents en état de
faiblesse. Et qui dit Merci à Jupiter ? Les labos
pharmaceutiques ! Des milliards d'euros que ça va leur
rapporter, alors que l'efficacité des vaccins est largement
discutable, avouez ! » s'enthousiasma le président.
« Ne vous cachez
pas derrière votre petit doigt » lui répondit l'oreillette.
« Cette vaccination est même carrément dangereuse, ne
serait-ce que par l'intoxication par métaux lourds qu'elle entraîne,
alors, ne sous-estimez pas votre rôle dans cette forfaiture. Vous
allez empoisonner sciemment la population pour nos motifs
pécuniaires, et vous le savez. Alors, ne jouez pas à l'innocent
avec nous, et ne cherchez pas à vous dédouaner par avance »
« Bon, bon,
d'accord, mais vous restez les commanditaires... »
« Vous n'êtes pas
heureux des compensations ? » sussura l'oreillette.
« Si, si, pas de
problème ! » assura le président.
« A propos, ma
mission de dissoudre le pays encore un peu plus dans notre Europe
mondialiste et immigrationniste risque d'être un peu plus difficile
que prévu. Vous avez vu ce qui se passe en Allemagne ? Ma
copine et complice Merkel est en difficulté. Si elle disparaît de
la scène politique allemande, comment je vais faire, sans elle ? »
« C'est votre
problème ! » répliqua la Voix. « L'Union
Européenne doit poursuivre sa main-mise sur les décisions
économiques et sociales des pays membres, avec ou sans la Teutonne.
Vous ne manquez pas de relais, entre les Schultz, Juncker et autres
et les appuis financiers de nos partenaires comme Soros, vous n'êtes
pas seul. Alors continuez la mission qu'on vous a donnée et qui vous
vaut d'être là où vous êtes ! »
« Bon, bon, je vais
voir... Vous avez vu que j'ai mis des bâtons dans les roues de la
vraie opposition la plus menaçante à vos desseins en faisant fermer
les comptes bancaires du FN ? »
« C'est aussi pour
vos relations qu'on vous a choisi » fit remarquer la Voix.
« Avouez que c'est
quand même grand, non ? Aucun gouvernement précédent n'aurait
osé, ni même rêvé de le faire. Et moi, j'arrive, et vlan, quatre
mois plus tard, j'asphyxie financièrement l'opposition. Et personne
ne moufte dans le pays. Je suis très fort quand même !
D'ailleurs, ma rombière n'arrête pas de me le dire. Presque aussi
souvent que BFM ! »
Le président se mit à
rire tout seul.
« Faites quand même
attention, ne sous-estimez pas trop les possibilités de rébellion.
Elles peuvent être aussi violentes que soudaines » prévint la
Voix.
« Pensez !
Regardez, j'atrophie les moyens de la Police, j'ai la Justice à ma
botte, je laisse faire toutes les manifestations les plus violentes
de l'extrême-gauche qui sert vos intérêts sans même s'en
apercevoir, je laisse faire les occupations illégales des espaces
publics par les muzz pendant des mois, mais à la première demande
de défilé pacifique des Identitaires, j'envoie mon préfet
l'interdire au motif que ça pourrait déranger les fascistes
d'extrême-gauche ! Alors, franchement, votre rébellion, je ne
la vois pas à l'horizon. Je suis le Maître du Monde ! » s'enthousiasma tout d'un coup le président dans son bureau.
« Calmez-vous ! »
lui intima la Voix. « Vous n'êtes le maître de rien du tout.
Et surtout pas de votre destin. »
« Non, non, bien
sûr... Je sais. » Le président se calma d'un coup, piteux.
« Bon, je vous
laisse poursuivre votre mission. On vous convoquera pour votre
prochain rapport. »
Un clic résonna dans
l'oreillette. La communication semblait bien interrompue.
Macreux soupira
bruyamment, soulagé.
« Bon, je vais
aller faire quelques selfies avec la piétaille, moi. Ça me fera du
bien. Et je l'ai bien mérité ! »
En apercevant son reflet
dans le miroir de son bureau, il fut surpris d'y voir un homme pâle
et vouté. Il se redressa brusquement, se tapota les joues pour se
donner des couleurs, et sortit de son bureau d'un pas qu'il voulut
altier.