Macreux avait réuni un
conseil restreint dans son « War Room », ainsi qu'il
aimait appeler le confortable salon élyséen, pour se donner un air
churchillien.
« L'heure est
grave » annonça-t-il d'un ton qui l'était aussi.
« Malgré les
nombreuses et généreuses propositions que je leur ai faites, dans
ma grande magnanimité, les Gilets Jaunes ne désarment pas. Le
report des nouvelles taxes sur les carburants, l'augmentation du SMIC
qui n'en est pas une, le débat sur l'immigration, annulé, l'annonce
d'un Grand Débat bidon qui de toutes façons, quel qu'en soit
l'issue, ne changera rien à ma politique, (mon perroquet Griveaux
l'a confirmé publiquement), eh bien tout ça, ne les satisfait en
rien, ces bandes d'ingrats. Nous avons dû employer à l'égard
des Gilets Jaunes des grands moyens que nos racailles de banlieue qui
brûlent des voitures, caillassent forces de l'ordre et pompiers
n'ont même jamais connus : violences policières avec tirs tendus de
flash-balls, matraquages, grenades lacrymogènes, recours aux
blindés, lance à eau chimiquement modifiée. Nous y avons ajouté
les cabales médiatiques – je salue au passage le méritoire
dévouement de nos braves petits soldats de la presse écrite, audio
et télévisuelle- pour les traiter de sexistes, homophobes, peste
brune, racistes, nazis, éventreurs de chatons. Rien n'y fait. Je me
vois donc dans l'obligation de recourir à l'arme suprême. »
Un « oh » de
stupéfaction horrifiée s'éleva dans l'assistance.
Une voix se hasarda,
incrédule : « Vous ne voulez pas dire que... »
- « Si ! Je vous
l'ai dit, l'heure est grave, et un grand Président comme moi, doit
savoir assumer ses responsabilités, et ne pas reculer quand il
s'agit de prendre une grande décision. En particulier, quand la
sécurité du pays est en jeu. »
- « Vous voulez
dire … la vôtre ? »
- « Absolument, c'est
ce que je veux dire ! Je ne peux pas tolérer plus
longtemps qu'on persiste à demander haut et fort ma démission,
encore moins ma destitution ! Aussi ai-je décidé, contraint
et forcé, d'annoncer que les Gilets Jaunes sont... »
Macreux laissa sa phrase
en suspens quelques secondes pour bien entretenir la solennité de sa
décision. Puis, jugeant que les personnes qui buvaient ses paroles
dans un silence de cathédrale, avaient eu leur content de suspens,
il lâcha le mot que tous redoutaient :
« Antisémites !! »
Un silence de mort tomba
dans la « war room » élyséenne.
Il faut rappeler que le
procès en antisémitisme est au combat politique contemporain ce que
l'attaque nucléaire est à la guerre conventionnelle.
« Je compte donc
sur votre collaboration et sur celle de nos braves hussards de notre
régiment médiatique pour lancer dès demain, les premières salves.
Que cela soit dit urbi et orbi: les Gilets Jaunes sont de vils
antisémites ! »
L'idée du recours à
cette solution ultime était venue à la cervelle macronienne, en
écoutant une interview de son fidèle fan d'entre les fidèles,
soixante-huitard pédophile, sur les ondes de France Intox.
A la remarque perfide
d'un auditeur, pourtant trié sur le volet et prénommé Cédric, qui
demandait à Cohn-Bendit s'il se sentait bien aujourd'hui de l'autre
côté de la barricade, celui-ci, prit un air pénétré et confia :
« Camarade Cédric, je suis allergique au jaune, pour des
raisons personnelles, je ne peux pas mettre quelque chose de jaune. »
Puis il attendit que sa déclaration énigmatique fasse son petit
effet. On sentit, l'espace d'un instant, qu'il paniquait à l'idée
que personne ne comprenne où il voulait en venir et d'où venait son
aversion pour la couleur jaune. Etait-il intolérant au citron, à la
banane, aux canaris ? Fort heureusement, son interviewer vint à
la rescousse et lui lança une perche compatissante : « L'étoile
jaune, j'imagine ? ».
« Exactement !»
répondit l'amateur de petites filles et de petits garçons, soulagé.
Bon. Vu sa date de
naissance (avril 1945), l'étoile jaune, Cohn-Bendit ne l'a jamais
portée et ne la connaît qu'à travers les livres. Et si lui et ses
coreligionnaires n'en parlaient pas tous les quatre matins,
l'épiphénomène serait resté dans les poubelles de l'Histoire à
tout jamais. Mais voilà : l'étoile jaune est maintenant une
sorte d'étendard que l'ex-soixante-huitard reconverti (retourné?)
en brave petit soldat à la solde la Haute Finance, brandit en toute
démagogie et sans aucun scrupule, au mépris même de la mémoire de
ses aînés qui ont eu à porter cette étoile dans des circonstances
qui n'ont absolument rien à voir avec la crise des Gilets Jaunes
actuelle.
L'impudence de cette
allusion capillotractée ne fut pas ce que Macreux retint de
l'interview. En revanche, il se dit que si on arrivait à laisser
croire au brave péquin que les Gilets Jaunes étaient antisémites,
ça pourrait peut-être discréditer pour de bon leur mouvement.
Car voyez-vous,
l'antisémitisme, c'est un peu la crème de la crème du racisme. La
preuve en est qu'on a créé un mot exprès pour désigner le
racisme anti-juif.
« Comment ?
Vous les Noirs, vous êtes victimes de racisme ? Bof ! Et
vous aussi, les Arabes, les Jaunes, les Blancs, vous pouvez être
victimes de racisme ? Ouais, bon, eh bien, ne vous plaignez pas,
parce que, nous autres les Juifs, c'est bien pire, nous sommes
victimes d'antisémitisme ! Ça vous cloue le bec, ça, non ? »
Il fut donc fait comme
l'a décidé notre pédéraste cocaïnomane présidentiel. A l'appui
de la nouvelle campagne anti-Gilets Jaunes, servilement menée par
les médias, on vit en images, sur des ronds-points occupés par des
manifestants arborant le désormais célèbre gilet, quelques rares
panneaux dénonçant la collusion de la Haute Finance juive avec des
politiques européistes juifs, ce qui n'est jamais qu'un simple fait
établi et connu de tous. D'autres pancartes et banderoles s'en
prenaient plus ouvertement au sionisme, en le nommant. Bien entendu,
nos merdias, pour lesquels la précision des mots relève du
pinaillage, se gardaient bien d'observer que la dénonciation du
sionisme n'a rien à voir avec un quelconque racisme. Ou alors, c'est
assurer que les opposants au suprémacisme blanc sont coupables de
racisme anti-blanc...ce que nos journaleux se gardent bien de faire,
évidemment.
Le point d'orgue de la
dénonciation d'un supposé antisémitisme chez les Gilets Jaunes fut
apporté par un journalope du torchon gratuit (c'est vrai qu'il ne
vaut rien...) « 20 Minutes ».
Son premier témoignage
initial diffusé sur Twitter fut le suivant:
Dans une rame de métro
parisien, trois Gilets Jaunes excités (bah oui, trois sur les
centaines de milliers de Gilets Jaunes qui se mobilisent depuis six
semaines, que voulez-vous, on fait avec ce qu'on a...) faisaient,
tout en criant à tue-tête des « Macron démission »,
des quenelles, ce geste inventé par Dieudonné et désormais
considéré, opportunément mais inexplicablement, comme une
provocation à l'égard des Juifs. Une femme présente dans le wagon,
leur demanda d'arrêter en expliquant qu'elle était une survivante
d’Auschwitz, et qu'en tant que juive, elle était choquée de leur
conduite. Les excités l'auraient alors agressé « verbalement »,
et auraient eu des affirmations négationnistes du style « les
chambres à gaz n'ont jamais existé ».
Bien évidemment, ce
témoignage aussi caricatural que providentiel, fut repris avec avidité par l'ensemble des
merdias et par le premier sinistre Gazetamère. Une enquête
officielle a même été ouverte.
Pourtant, des agressions
verbales (et souvent, pas seulement verbales) visant des femmes, des
Français de souche, des Blancs, sont provoquées publiquement tous
les jours et partout, devant des dizaines de témoins, sans que ça
n'émeuve quiconque au ministère de l'Intérieur, ni chez les
Autorités en général, et encore moins dans les merdias.
Mais là,
ce témoignage émanant d'un vague « journaliste »
solitaire et échouant sur un réseau social, est repris en choeur au
niveau national parce qu'il vise une Juive et met opportunément en
cause trois acteurs du cauchemar présidentiel !
D'ailleurs, le témoignage
connaîtra, par la suite, quelques aménagements. D'abord, on apprend
que la Juive en question était âgée de soixante-quatorze ans
seulement : un peu jeune donc pour être « une survivante
d'Auschwitz ». Alors on avança qu'elle avait dit plutôt être
« la fille d'un survivant » du camp de concentration.
Bon.
Ensuite, on reconnut que
les Gilets Jaunes tenaient plus, vu leur état d'ébriété avancé,
d'ivrognes en goguette que de militants politiques.
Puis la « victime »
d'antisémitisme désignée, admit qu'avec le brouhaha et le
vrombissement du métro en marche, elle n'était plus vraiment sûre
que les propos négationnistes aient été tenus. Mais elle avait
peut-être juste « senti » qu'ils l'avaient été... !
Pourquoi pas « senti qu'ils avaient été pensés »? On
en est plus à une approximation près...
Et enfin, à part le
journalope en question, il semble bien qu'il n'y ait eu aucun autre
témoin de la scène. C'est quand même assez curieux, car un samedi
d'avant Noël à 23 heures, le métro n'est pas vraiment désert...
D'ailleurs, bizarrement,
la « victime » ne s'est pas sentie la nécessité de
porter plainte...
Bref, l'affaire montée
en épingle et exploitée par la macronsphère médiatique et
Gazetamère, paraît être, encore une fois, un scénario bien
bancal.
Ça n'est pas la première
affaire approximative de cet acabit, et certainement pas la dernière.
On peut parier qu'elles vont même se multiplier dans les mois à
venir, tant le Pouvoir est aux abois dans cette avant-veille
d'élections européennes de mai prochain et qu'il est prêt à tout,
absolument à tout, pour se maintenir.
Seulement, Macreux a déjà
tellement usé et abusé de ces procédés ces derniers temps, qu'il
a fini par créer une sorte d'étanchéité instinctive aux « fake-news » élyséennes chez une grande majorité de Français.
Comme le dit l'adage, on
peut tromper une personne tout le temps, on peut tromper tout le
monde une fois, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le
temps.
Macreux va le découvrir
à ses dépens. Très vite.