On est passé très près
de la catastrophe. Heureusement, l’intersyndicale, CGT en tête,
et la Justice étaient là pour veiller au grain, et le pire a pu
être évité. Gloire et honneur à ces gardiens vigilants du
bien-être des salariés.
Le gang infernal composé
d’une part de das Kapital affameur et d’autre part de salariées
odieusement privilégiées, a vu ses plans habilement déjoués par
l’alliance objective de syndicalistes philanthropes et de la
Justice socialiste. Certes, l’appellation « salariées
privilégiées » sonne un peu comme un pléonasme tant il est
vrai qu’être salarié en CDI de nos jours s’apparente à un
insupportable avantage en regard des 3 millions de chômeurs, du
demi-million d’intérimaires et des 4 millions de temps partiels.
La performance de nos Gardiens de la Bienséance-en-Socialie n’en
est que plus méritoire.
Que s’est-il passé au
juste ? On a du mal à le croire tant l’outrecuidance des
protagonistes défie l’imagination. Des renégates parfumées du
Séphora parisien des Champs-Elysées s’étaient mis en tête de…
devinez quoi ?... travailler davantage pour gagner plus !
Oui, vous avez bien lu : on se serait cru au temps reculé et
honni du Sarkozisme le plus honteux. Elles avaient eu l’indécente
idée d’être volontaire pour travailler à une heure avancée de
la nuit et le dimanche pour gonfler encore un peu plus leur enviable
et généreux SMIC grâce au pervers système des heures
supplémentaires surpayées. Et ce au péril de leur santé, et,
n’ayons pas peur de le dire, de leur vie. En effet, la sécurité
des femmes, dès la nuit tombée, n’est plus assurée dans les rues
rendues obscures grâce à la vigilance des écolos du gouvernement
qui ont fait éteindre les vitrines et les éclairages urbains passée
une certaine heure. Et c’est donc avec beaucoup de clairvoyance que
des syndicalistes n’ont pas hésité, du haut de leur altruisme
désintéressé, à s’interposer pour contrecarrer ce sombre
projet. Ce qui démontre bien que le syndicat est bien mieux placé
que les individus pour juger de leur petit et égoïste intérêt
particulier.
Les accusées ont, bien
sûr, argué que leur patron s’était engagé à leur offrir le
taxi, même jusqu’à la banlieue, pour leur retour dans leur foyer
après leur journée de travail, mais la Justice n’a pas été dupe
de cette manœuvre : n’était-ce pas le moyen, pour ce
patronat sans scrupule, d’acheter à vil prix la complicité de ses
esclaves touchées par le syndrome de Stockholm ? Elle y a donc
mis bon ordre en interdisant purement et simplement ces horaires de
travail indécents.
Elle a aussi été
sensible à l’argument avancé par la CGT de la menace que fait
peser sur la santé des salariées du commerce de parfumerie, le fait
de travailler jusqu’à des heures si tardives ; alors que les
salariés des hôpitaux, de la police, des pompiers, de la
restauration, de l’hôtellerie, du gardiennage, des pharmacies de
garde, des médecins, des théâtres, des cinémas, des épiceries
arabes, des permanences téléphoniques anti-suicide, des aéroports,
des gares, des trains, des autoroutes, des taxis, des dépannages
nocturnes, les strip-teaseuses, les pilotes d’avion, les hôtesses
de l’air, peuvent bien crever la gueule ouverte. A moins bien sûr
que nos vaillants
« défenseurs-de-l’intérêt-bien-compris-des-salariés-malgré-eux »
se penchent urgemment sur le cas de ces secteurs d’activité de
morts en sursis…
On est interloqué par
les motivations bassement vénales de ces salariées. En effet, ce
n’est pas comme si le pays connaissait du chômage et des salaires
de misère. Il était temps que la CGT et la Justice interviennent
et mettent le holà à ces dérives mercantiles.
Dans un socialisme bien
réglé, tout le monde fait ses 35 heures (et pas une de plus), entre
8 heures le matin et 18 heures le soir, puis rentre chez soi.
Et en rang par trois.
Avant le couvre-feu. (Ne
riez pas. Ça viendra.)