"Une prévision reste une prévision, qui peut être infirmée ou confirmée!" |
Quand on consulte les
actualités de la semaine, on y trouve une bonne nouvelle. Et une
mauvaise.
D'abord la bonne
nouvelle:
D'après les dernières
prévisions économiques, la reprise sera plus forte que prévu.
L'activité progresse. Le processus d'assainissement budgétaire se
poursuit. Quant au chômage, il devrait commencer à décroître. Le
pire de la crise est désormais derrière nous.
Super !
La mauvaise, maintenant :
ces prévisions concernent globalement la zone euro. Mais en rien la
France.
Non, pas de chance, en
France les dernières prévisions de Bruxelles ne prévoient pas de
reprise, donc pas de diminution du chômage mais en revanche
signalent un nouveau « dérapage » des finances
publiques.
Et que répond notre
brillantissime sinistre de l'Economie à ces tristes prévisions ?
« La France a une trajectoire de finances publiques qu'elle a
présenté à la commission européenne, et elle s'y tient. »
C'est pas faux.
Un dérapage, ça reste
une trajectoire. Une trajectoire aussi directe que subie vers le
platane des réalités économiques ou dans le talus des promesses
non tenues, certes, mais une trajectoire.
Concrètement, là où
les prévisionnistes de Bruxelles voient un déficit des finances
publiques françaises flirtant avec les 4%, notre distingué énarque
l'estime inférieur à 3% en 2015... On suppose donc que Bercy s'est
transformé en gigantesque salle de shoot, où la moquette est
frénétiquement roulée en joints...
D'ailleurs la pertinence
des propos de Moscouvicieux confirme cette probabilité. Car notre
Phare de la Pensée Economique ajoute, avec le plus grand sérieux :
« Les prévisions de la commission européenne ne sont que des
prévisions, qui, par définition, pourront être confirmées ou
infirmées. » Avouez que le propos est difficilement
contestable. Une prévision est en effet une prévision. Tout comme
une ânerie est une ânerie et un ministre qui se fout du monde, un
ministre qui se fout du monde. A la lumière de ce genre de
révélation, on comprend que La Palisse s'est réincarné en
professeur permanent à l'ENA...
Et nos socialistes en
connaissent un rayon, en matière de prévisions. Rappelons-nous que
Hollande Ouille avait soutenu mordicus jusqu'à la veille de la
sortie des derniers chiffres, que la courbe du chômage allait être
inversée à la fin de 2013. Depuis, une autre de nos élites
gouvernementales, ministre du Travail sur sa carte de visite mais
ministre du Chômage de son état, a bien dilué les prétentions
hollandesques: il ne parle plus de tendance, mais il affirme avoir
pour objectif « d'avoir moins de chômeurs en fin d'année
qu'en début ».
Pas bête.
Avec un bon petit
tripatouillage des chiffres de Pôle Emploi sur le mois de décembre
2014, quitte à les rétablir le mois suivant, il n'est pas
impossible d'avoir moins de chômeurs le 31 décembre que le 28
février. Et on n'est pas à l'abri d'un coup de chance d'un
renouvellement de bug informatique qui passera momentanément à la trappe un bon
charter de demandeurs d'emploi entre Noël et le nouvel
an... Il sera toujours temps de trouver autre chose à dire en
Février 2015. Bref, comme on dit au Ministère du Travail, la baisse
du chômage promise par notre président normal sent le Sapin.
Moscouvicieux, toujours
lui, en rajoute une couche dans le déni. Il se dit « pas
d'accord avec Bruxelles sur son estimation du déficit structurel de
la dépense publique » : en clair, le déficit qui est
hors conjoncture et qui ne connaît aucune amélioration. Celui qui
résulte du simple fait que le pays dépense bien trop pour
fonctionner par rapport à ses moyens. Et ça, évidemment, ça fait
mal à un gouvernement socialiste qui se doit de choyer et multiplier
ses fonctionnaires, terreau de son socle électoral.
Pour finir sur une autre
bonne nouvelle :
Si notre ministre PS de
l'Economie est dans le déni, en revanche, du côté de l'UMP, on
constate que Raffarin est touché par la Grâce. Sur France Intox,
cet ancien Premier Ministre reconnaît : « c'est quand
même vrai qu'il y a une dérive gauchiste chez les écologistes ! »
Et décidément en veine
de lucidité, il ajoute : « sur un certain nombre de
sujets, il y a des proximités entre l'ultra-gauche et les Verts ! »
C'est beau, l'expérience.
Rien ne vaut passer 36 années à nager dans les eaux troubles du
microcosme politique, pour avoir une telle finesse dans l'analyse des
groupes de pression qui y sévissent. Cela force le respect.
Il a fallu le soutien non
dissimulé de Duflot-de-conneries et Cie aux manifestations violentes
des nervis bolchéviques contre l'aéroport de ND des Landes à
Nantes, pour que notre perspicace UMP estime que les écolos
« prêtent le flanc à la critique ».
Y-a-t-il un prix de la
litote décerné chaque année dans le monde politique et pour lequel
Raffarin concoure avec acharnement, ou, plus grave pour lui, est-ce
simplement un signe avant-coureur de sénilité ?