La charrette
brinquebalait sur les pavés parisiens.
Montebourg, debout, les
mains attachées derrière le dos et le col de sa chemise coupé,
regardait hagard la foule haineuse qui l'invectivait sur son passage.
Il savait où il était emmené mais ne comprenait toujours pas ce
qui lui arrivait. Tout s'était passé si vite.
Il y a quinze jours à
peine, l'Elysée avait été prise d'assaut par une horde de
manifestants. La police, lassée d'être instrumentalisée par Valls
et l'armée peu encline à défendre un gouvernement qui avait fait
d'elle la dinde de la farce budgétaire, avaient regardé pudiquement
ailleurs.
TV Liberté avait diffusé
les images de Hollande extrait de force de son bureau élyséen.
Montebourg avait vu comme des millions de Français le président
déchu bousculé et amoché. Il n'avait échappé à personne qu'un
de ses verres de lunettes avait été cassé dans la bousculade.
Vraisemblablement, l'un des bonnets rouges du commando qui était
venu arrêter Hollande n'avait pu s'empêcher d'effacer du visage
présidentiel ce sourire niais qui avait fini par tant horripiler les
Français. D'une certaine façon, cette image avait rappelé à
Montebourg celle de Kadafi, ensanglanté, hirsute, tiré d'un tuyau
d'évacuation d'eau dans les faubourgs de Tripoli, un peu avant
d'avoir été exécuté.
Depuis cet épisode qui
n'était que l'aboutissement d'un long processus de désagrégation
d'un pouvoir socialiste exangue, Hollande avait rapidement été jugé
pour Haute Trahison par un tribunal d'exception. Ce dernier s'était
évidemment affranchi de l'ancien appareil judiciaire corrompu qui
avait, lui aussi, cristallisé la colère du peuple, et volé en
éclat.
La Constitution de 1958
avait été, aussitôt le président arrêté, abolie. Le peuple se
devait de remplacer cette Constitution que des mandatures successives
et crapuleuses avaient tellement tripatouillé pour servir les
intérêts exclusifs et dogmatiques des partis en place. Le peuple se
réappropriait enfin la république, au sens étymologique du terme -
res publicae, la chose publique - et la VIe république était en
gestation. L'abolition de la Ve avait déjà comme mérite de rendre
caduque l'abolition de la peine de mort que jamais le peuple n'avait
demandée, et Hollande avait été le premier à faire les frais du
rétablissement de cette peine.
C'était maintenant au
tour de ses principaux collaborateurs. Le nouveau pouvoir provisoire
en place avait tenu à ce symbole de la charrette tiré par des
chevaux pour emmener les condamnés devant le peuple, en référence
à la Révolution de 1789. Il lui semblait important de signifier
ainsi aux yeux du monde entier qu'on n'assistait pas seulement à un
changement de gouvernement, à une alternance, mais bien davantage à
un changement de mode de gouvernance. Désormais, le peuple ne se
laisserait plus déposséder du pouvoir par une caste de profiteurs
et manipulateurs.
Montebourg, le regard
perdu qui errait au-dessus des manifestants hurlant leur colère,
tentait de rassembler les souvenirs des derniers évènements qui le
concernaient plus particulièrement. Il se souvenait avoir, une fois de
plus, tenté de justifier grossièrement dans une interview à France
3, le fiasco gouvernemental en évoquant la gestion de Sarkozy. Il
n'avait sans doute pas saisi qu'après deux ans de gestion socialiste
catastrophique, même les gens de gauche ne pouvaient accepter ce
refus d'assumer ses responsabilités.
Il pensait aussi à cette
jeune actrice qu'il avait tout récemment emballé, avec laquelle il
pensait remplacer la journaliste dont il venait juste de se séparer.
Une actrice pour remplacer une journaliste : la similitude de
situations avec son président de patron l'avait fait sourire.
Mais quand Paris-Match
l'avait surpris au bras de sa nouvelle conquête, il avait vu rouge.
Comment ? Un journaleux se permettait de faire savoir au grand
public que leur ministre du redressement productif, dont l'utilité
était remise en cause par les alliés-mêmes du gouvernement,
trouvait encore le temps de batifoler avec une people ? Une
prise de vue d'un personnage public avec une autre personne publique
sur une place publique ? Il n'en fallait pas plus pour invoquer
l'atteinte à la vie... privée !
Après tout le soutien
financier et les faveurs fiscales que son gouvernement lui avait
généreusement apporté, cette Presse faisait preuve d'une sacrée
ingratitude en le trahissant ainsi ! En plus, le support de
presse coupable de lèse-majesté n'était autre que l'employeur de
l'ex-maîtresse du président ! Un comble !
Montebourg avait
d'ailleurs annoncé sur les plateaux de France 3 qu'il avait engagé
des poursuites contre Paris-Match et que ce dernier serait condamné.
Le ton n'était pas une menace, juste l'énonciation d'une évidence,
tant l'asservissement de la Justice au pouvoir en place lui était
évident.
Ces paroles arrogantes
étaient sans doute aussi dans la mémoire de ceux qui
l'invectivaient en ce moment même.
Bizarrement, le sentiment
qui prédominait dans l'esprit de l'ex-ministre en chemin vers son
lieu d'exécution, n'était pas la peur. Juste de la surprise.
Comment est-il possible de passer quasiment du jour au lendemain du
poste respectable de ministre à celui de condamné ? Du
chauffeur de maître à la charrette à chevaux ? De la lumière
des spots des plateaux de télévision à celle de l'éclat du soleil
sur les lames que brandit menaçante une foule en furie ? De
l'obséquieux « Monsieur le Ministre » aux pires injures,
des confortables émoluments et avantages en nature de ministre à la
chemise au col déchiré qui laissera passer plus facilement la lame
de la guillotine ?
Certes, Montebourg avait
vaguement conscience que son incompétence était évidente pour
tous. Mais après tout, il regardait autour de lui à la table du
Conseil des Ministres du mercredi, et il ne voyait que cela : de
l'incompétence. A commencer par celle des guignols directement au
dessus de lui : premier ministre et président. Alors pourquoi
aurait-il du s'en faire ? Un haut fonctionnaire a-t-il jamais
rendu des comptes suite à son incompétence ou sa nuisance
caractérisée ? Pourquoi tant de haine chez ceux qui l'avaient
jugé et ceux qui l'apostrophaient maintenant ? Un ministre est
là pour profiter d'un système et puis, après lui, viendra un autre
ministre qui bénéficiera à son tour de la même chance que lui !
Et alors, où est le problème ?
Certes, le pays, au terme
de près de quarante ans de gestion socialisante, était en faillite.
Il le savait mieux que personne. Mieux que la plupart des Français
en tous cas. C'était d'ailleurs sa force : savoir très
exactement ce dont le peuple n'avait qu'une très vague intuition.
Pourquoi aurait-il dû s'en formaliser, puisque cette situation ne
l'empêchait pas de profiter du système, fût-il moribond ?
Pire que le désastre
économique, les fondements mêmes du pays étaient plus que
vacillants, après les incessants coups de butoir de plusieurs vagues
de militants nihilistes dans les sphères sociétales et à la
« formation » des masses (médias et Education Nationale,
entre autres).
Une fois l'Education
Nationale transformée en champ de ruines et une fois lâché dans la
nature des générations d'élèves non seulement incultes, mais
ignares, au cerveau formaté à obéir sans comprendre, et surtout
sans réfléchir, la Famille était la dernière cible en cours. A la
visée, des sortes de monstres de Frankenstein de l'esprit,
directement engendrés par la génération post-soixante-huitarde,
magnifiquement incarnés par son collègue de bureau Peillon.
Et enfin, le grand
remplacement de population, par une immigration invasive délibérément
décidée, voulue et favorisée, se devait d'enterrer à terme, la
civilisation que 2000 ans d'Histoire française avaient formée.
Comme les Mohicans, les Incas ou les Aztèques, les Français
devaient céder la place à une autre civilisation. La différence
résidant dans le fait que la remplaçante est bien plus arriérée
que la remplacée.
Comment et pourquoi
aurait-il dû s'opposer à tout ceci ? Quand on est balloté
dans un courant historique qui semble inéluctable, quel mal y-a-t-il
à surtout ne pas chercher à résister et même à nager
vigoureusement dans son sens pour en tirer un bénéfice tout
personnel ?
Non, décidément,
Montebourg ne comprenait pas ce qu'il faisait là, sur cette
charrette des condamnés...
texte magnifique ! fasse le ciel que ....
RépondreSupprimerMerci Saucisson !
RépondreSupprimerFaites-nous rêver !
A moins que vous n'ayiez consulté une voyante ?
Je vois Valls, Zérault et toute la bande de bras cassés prébendés, ainsi que tous leurs porte-PQ dans une colonne de charrettes.
Pas la peine de discuter sur le bien-fondé de la peine de mort.
On a fait ce qu'on a pu pour ne pas l'appliquer, c'est trop tard.
Que Dieu vous entende...!!
RépondreSupprimerAprès "Les misérables", de Hugo, "Les lamentables", de Saucisson-Pinard. Remarquable.
RépondreSupprimerJuste un point : vu le nombre d'ordures à faire passer de vie à trépas, on pourrait peut-être passer à la corde. En plus, c'est moins salissant.
bonjour Pakounta, je crois au contraire qu'il faut éviter la corde ou le coup de fusil ...la viande ne sera pas Hallal!
Supprimer"La différence résidant dans le fait que la remplaçante est bien plus arriérée que la remplacée."
RépondreSupprimerMalheureusement pour nos enfants cette phrase est très juste ...