- Vous êtes formidable, monsieur le Président ! Quelle réussite !
- Oui, je dois dire que je suis plutôt fier de moi !
- Vous les avez littéralement bluffés, aussi bien Benyamin Netanyahou que Mahmoud Abbas!
- Non, pas « bluffés », monsieur le Conseiller, juste « convaincus ». Ils ont été sensibles à mes arguments, voilà tout.
- Oui monsieur le Président, vous avez su, comme d'habitude, trouver les mots justes.
- Vous savez, quand je parle aux Français, ils m'écoutent, et savent reconnaître la justesse de mes propos. Comment pourrions-nous expliquer autrement ma popularité légendaire dans le peuple français ?
- En tous cas, monsieur le Président, les Palestiniens et les Israéliens vous doivent une fière chandelle : Les premiers ont désormais un pays bien à eux, et les seconds vont pouvoir vivre en paix, sans aucune menace de ce nouveau voisin. Peut-être même que les uns et les autres vont pouvoir commencer à avoir des échanges économiques entre eux, non ?
- Bien sûr ! Le leader de l'Autorité Palestinienne était à côté de Ismaïl Haniyeh, le leader du Hamas, quand il m'a dit qu'il allait, dès mon départ, contacter « Bibi » pour entamer les premières démarches dans ce sens. Bon, maintenant, je dois me concentrer sur mon dossier suivant. Quand devons-nous atterrir à Pyongyang ?
- Dans une heure et demi, monsieur le Président.
- Bien. C'est largement suffisant pour préparer mon entrevue avec Kim Jong Un et le Président sud-coréen, Yoon Suk-yeol.
…
- Ah ça, monsieur le Président, le monde entier est fasciné par votre prestation coréenne!
- Oui, je ne suis pas mécontent de cette conférence de presse que j'ai animée avec les deux leaders Coréens. Vous avez vu ? L'un à ma droite et l'autre à ma gauche ! Ça avait de la gueule, hein ?
- Surtout avec cette accolade qu'ils se sont donnée au terme de cette conférence !
- Vous savez, monsieur le Conseiller, elle n'était juste que l'illustration physique de l'accord de réunification des deux Corées que je venais de leur faire signer, après l'entretien auquel je les avais conviés tous les deux. Ils ont entendu ma vibrante plaidoirie et ont dû admettre la justesse de mon jugement sur cette situation précaire qui n'a que trop duré entre leurs deux pays. La Corée ne fait désormais plus qu'une.
- Grâce à vous, monsieur le Président ! Les Coréens chantent déjà, m'a-t-on dit, vos louanges ! Votre nom est sur toutes les lèvres !
- Oui, bien sûr, c'est satisfaisant, quoique cela heurte quelque peu mon humilité naturelle... Me plonger dans mon dossier suivant va me permettre de surmonter ce léger malaise. Combien de temps avant d'atterrir à Pékin, monsieur le Conseiller ?
- Vous avez deux bonnes heures devant vous, monsieur le Président. Le Président Xi Jinping vous attend avec impatience. Il se fait une joie de vous accueillir en Chine. Il s'est dit très honoré de votre visite. Honoré mais aussi assez surpris que vous lui ayez demandé d'avoir le Dalaï-lama à ses côtés pour vous recevoir. Mais il est tellement impressionné par votre stature internationale qu'il s'est plié bien volontiers à votre demande !
…
- Bravo, monsieur le Président, grâce à vous, la planète Terre connaît désormais un nouveau pays : le Tibet !
- Ça n'a pas été facile, monsieur le Conseiller, mais c'est fait : la Chine a officiellement accepté l'indépendance du Tibet.
- Mais comment faites-vous, monsieur le Président, pour être aussi persuasif ? Vous subjuguez littéralement vos interlocuteurs, et ils finissent toujours par épouser vos convictions !
- Je sais, je suis un négociateur hors pair. Que voulez-vous, mes capacités de gestionnaire n'auraient pas été suffisantes pour assurer la remarquable réussite de mon double quinquennat. Je suis un Mozart de la Finance, mais mon habileté de négociateur international est mon Stradivarius. Bon. Trêve de constats d'évidence et de banalités. Demandez au pilote de ne pas rentrer directement sur Paris. Dites-lui de faire une escale à Bakou, en Azerbaïdjan. J'ai deux mots à dire au président Ilham Aliev. Prévenez-le de ma visite, s'il vous plaît.
…
- Je viens de recevoir un message pour vous, monsieur le Président, de la part du président arménien Vahagn Khatchatourian. Il vous remercie chaleureusement de votre intervention auprès de son homologue azéri ! Ce dernier l'a contacté et lui a promis de cesser toute intervention armée à l'encontre de l'Arménie. Il s'est même engagé à lui restituer le Haut-Karabagh. Khatchatourian et Aliev vont entreprendre un certain nombre de rencontres afin de mettre en place une nouvelle coopération économique entre les deux pays !
- Oui, c'est ce que j'ai demandé à Ilham de faire, pendant la demi-heure de notre entrevue. Il s'est engagé à contacter le président arménien au plus tôt. Il a dû le faire pendant que nous décollions de Bakou. Combien d'heures de vol avant que nous atterrissions à Paris ?
- Encore trois heures, monsieur le Président.
- Bien, apportez-moi ma liste de contacts. Je vais régler le problème de la faim dans le monde avant d'arriver à l'Elysée. Pour ça, j'ai quelques coups de fil à donner.
- "sident... Président... Monsieur le Président !! Monsieur le Président !!
- Hein ? Euh... Quoi ? Qu'est-ce que... ?
- Excusez-moi de vous réveiller, monsieur le Président ! Mais nous sommes en train d'atterrir à Tel Aviv ! Vous avez bien dormi, monsieur le Président ? Excusez-moi, mais vous avez un peu de bave au coin des lèvres, tenez, voilà un mouchoir. Je dois vous prévenir, Monsieur Netanyahou ne sera pas présent à votre descente d'avion. Aucun de ses proches collaborateurs non plus d'ailleurs. Ils sont un peu occupés en ce moment, paraît-il. Mais ne vous en faites pas, quelques fonctionnaires seront là pour vous guider à votre arrivée..."