On connaissait l’apéritif "Du Bon, Du Bo, Dubonnet". Mercredi soir, on a eu droit avec Hollande Ouille à : du Bon, du Menteur, du Bonimenteur.
Du bon.
Une chose qu’il faut bien reconnaître, c’est que Hollande Ouille avait bien préparé son débat. Il avait bien appris par cœur ses chiffres, y compris les faux, et savait son texte sur le bout des doigts. Bien sûr, l’impression finale ressentie est que le candidat socialiste manquait un peu de spontanéité. En réalité, on n’a pas eu droit au vrai François Hollande, mais à un acteur qui pastichait Mitterrand. On a les références qu’on peut. Même arrogance, même imprécision dans les données chiffrées, même technique pour noyer le poisson quand le terrain devient glissant pour les thèses socialistes, même emphase forcée dans l’expression, même papillonnement des paupières pour masquer son malaise.
Alors, autant le reconnaître, Hollande Ouille a plutôt bien fait illusion pendant ce débat, et il est certain qu’il a probablement rassuré la plupart de ses supporters, et peut-être même certains des barons du PS qui le connaissant bien, savent que leur candidat a une personnalité dans le fond, plutôt insignifiante. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que Flanby ait refusé la proposition de Sarkozy de faire un ou deux débats de plus, car, pour le coup, sa prestation d’acteur serait devenue très difficile à maintenir sur un temps aussi long, en tout cas, avec le même niveau d’interprétation.
Du menteur.
Les mensonges Hollande Ouille ont été assez nombreux, mais proférés avec un tel aplomb et à tel rythme, qu’il était difficile de tous les déceler. Citons en vrac et de façon non exclusive, ses dires sur les prévisions de croissance pour l’établissement du budget 2011, sur une prétendue suppression de l’ISF, sur une politique supposément partisane de Sarkozy (alors qu’on eût justement aimé qu’elle le fût vraiment davantage… !), sur l’augmentation de la dette, sur l’augmentation du chomâge…
Bref, Hollande est plutôt fâché avec les chiffres. Il a poussé en cela la ressemblance avec Mitterrand à ce point. Et encore, n’a-t-on pas cité les mensonges par omission…
Du bonimenteur.
Le candidat socialiste avait visiblement préparé toutes ses attaques contre le bilan de son adversaire, et aussi prévu celles qu’allait lui adresser ce dernier sur son programme. C’est vrai qu’elles avaient déjà été portées lors des différents meetings de Sarkozy. Hollande Ouille a donc eu le temps de s’y préparer.
Bien préparée également, sa longue diatribe anaphorique : « moi, je serai un président ceci…, moi je serai un président cela… ». On se serait cru sur le marché aux primeurs : « Elle est belle, elle est belle, elle est beeeeeelle ma salade ! » Revenant à quinze reprises, elle puait le rabâchage forcé. Hollande Ouille est un bon acteur, certes, mais plus doué dans le par-cœur que dans l’improvisation.
D’ailleurs, la seule fois où il a été pris en défaut, c’est lorsque Sarkozy a exhibé de façon inattendue le courrier que le candidat PS avait adressé à « France, Terre d’Asile », cette association collaborationniste, dans lequel il s’engageait à quasiment supprimer les centres de rétention pour les immigrés clandestins interpellés. « La mise en centre de rétention devant être l’exception » rassurait-il son correspondant. Il n’avait visiblement pas prévu cette dénonciation, et on a bien compris que la réponse n’avait pas été envisagée dans le script qu’on lui avait donné à apprendre. Emberlificoté dans sa répartie, Hollande perdait pied, vacillait, en donnant même l’impression qu’il revenait sur sa promesse écrite à l’Association en question. Mais surtout il s’est livré à un vrai numéro de comique de l’absurde que Raymond Devos n’aurait pas renié : Il a argumenté en prétendant que les clandestins ne seraient pas gardés en centre de rétention mais « assignés à résidence » !! (sic). Quelle est la résidence d’un immigré clandestin qui vient de se faire alpaguer par la police douanière ? Mystère ! Hollande Ouille est très fort : capable de faire un croche-pied à un cul-de-jatte, de serrer la main du manchot, ou de retirer son permis de conduire à un jeune de moins de dix-huit ans…
En tout cas, le message lancé aux candidats à l’immigration sans papiers est clair : venez plutôt en famille qu’en célibataire, car, pour le candidat socialiste, il n’est pas question de mettre des enfants en centre de rétention. Et comme il n’est pas question, on suppose, de séparer les enfants de leurs parents, toutes ces petites (ou grandes…) familles seront hébergées… ailleurs. On ne sait pas où, mais ailleurs ! On n’ose pas imaginer que cela soit en hôtel payé par le contribuable (on n’ose pas, parce que ça fait peur, mais il faudra pourtant bien se forcer à oser, faute d’hypothèse plus valable). Personnellement, j’opterais plutôt pour confier ces familles d’immigrés à la charge financière de chacun des responsables et adhérents de l’Association sus-dite ou de celles apparentées.
A la question « comment faire face à la dette » introduite dans le débat par Laurence Ferrari, Hollande Ouille répond : Retour à l’équilibre en 5 ans, pour 2017, soit un effort de 90 milliards d’euros. Le candidat socialiste énonce alors sa recette : 40 milliards en prélèvements, et 50 milliards de dépenses en moins ! Il précise, si on peut employer ce verbe en l’occurrence, que ces 40 milliards de prélèvements supplémentaires se feront sur « les seuls ménages, ça sera uniquement les plus hauts revenus et les plus grandes fortunes ». Les plus hauts revenus, levez le doigt ! A combien s’élève un « haut revenu » ? On a compris que, contrairement à ce qu’il avait naguère annoncé, ce n’était pas 4000 € mensuels. Sans doute plus. Admettons. Mais combien plus ? on ne sait pas finalement où se situe la barre fatidique du « haut revenu », pas plus qu’on ne sait de combien il faudra matraquer le haut revenu en question pour parvenir à ce total de 40 milliards. On peut subodorer qu’un sacré paquet de contribuables français vont, à leur grand étonnement, se retrouver dans la liste privilégiée des « hauts revenus »…
Quant aux 50 milliards d’économie sur les dépenses, le mystère sur leur source est encore plus épais : car Hollande Ouille s’est par ailleurs engagé à conserver le même nombre de fonctionnaires, sauf ceux de l’Education Nationale qui verront leur effectif augmenter de 60 000, et ceux de la Police et la Gendarmerie qui seront, eux aussi augmentés, mais on ne sait pas de combien. Où diable se feront donc les économies ? On peut d’autant plus se poser la question que d’autres nouvelles dépenses sont prévues : allocation de rentrée scolaire augmentée, retraite à 60 ans pour un certain nombre de nouveaux retraités ayant commencé à travailler après 18 ans et ayant 41 annuités de cotisation, pour les principales d’entre elles. 50 milliards d’économie de dépense : se pourrait-ce n’être que la baisse du salaire présidentiel à laquelle Hollande Ouille s’est engagé ? On ne savait pas que le job était si bien payé…. Pas étonnant qu’il soit tant convoité !
Rien depuis le 3 mai, ce silence est provisoire, j'espère.
RépondreSupprimerOui, juste le temps de me remettre de cette vision de Hollande Ouille triomphant! ;-)
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