1912/2012 : A la célébration
du centième anniversaire de la tragédie du Titanic, Saucisson-Pinard apporte sa
modeste contribution en évoquant une autre tragédie, celle-ci toute
contemporaine.
Le paquebot France voguait à
pleine vitesse sur la mer calme des trente glorieuses. Le capitaine Giscard, trop occupé à
jouer les pachas mondains, était absent de la salle de commandement quand
soudain, à quelques encablures droit devant, se dressa l’iceberg de l’immigrationnisme
maghrébin. Cet iceberg haut de plusieurs dizaines de mètres de culpabilisation
post-coloniale et de frustration d’indépendance ratée, flottait silencieusement
et dressait sa sinistre silhouette dans la nuit noire sans lune. Un dixième
seulement de sa hauteur totale surnageait, et ce dixième, constitué de main
d’œuvre bon marché, ne pouvait laisser imaginer la masse colossale immergée
d’une population qui n’aspirait qu’à découper comme une vulgaire boîte de
conserve, toute riche coque qui s’approcherait trop près, pour se précipiter
dedans et en aspirer avidement le contenu.
La vitesse du France était trop
rapide pour que le choc puisse être évité. Il est vrai que, au poste de
commandement, tous les officiers avaient vivement encouragé le Capitaine
Giscard à maintenir une vitesse élevée : le Patronat, les syndicats, les
Droits-de-l’-hommistes. les tiers-mondistes, et les anti-racistes. Capitaine
Giscard, trop influençable, s’était laissé déborder par les invectives de ses
seconds, et n’avait pas cru utile de ralentir aux environs de cette zone qu’on
savait envahie d’icebergs. Des avertissements avaient pourtant été émis depuis
1962, date à laquelle on avait assisté à des secousses sur la banquise
maghrébine qui finit par exploser en libérant des centaines, des milliers
d’icebergs et growlers de populations à la dérive.
La collision avec l’iceberg se
manifesta par un premier choc, celui du regroupement familial, que le Capitaine
Giscard sous-estima. Il crut que les dommages, à ce niveau, allaient être
minimes. Ce n’était pas le cas. Mais cependant, le pire n’était pas encore sûr.
Malheureusement, l’officier en second, Mitterrand, prétextant son incompétence,
bouscula Giscard et le mit à fond de cale pour s’emparer d’autorité des
commandes. Les passagers étaient
parfaitement inconscients de la tragédie qui s’annonçait. La plupart n’avaient
même pas perçu le premier choc. Certes des petits growlers avaient été aperçus
çà et là. On voyait bien qu’ils avaient tendance à se rassembler pour former
des growlers plus gros. Ces gros growlers eux-mêmes s’agglutinaient les uns aux
autres pour former des icebergs, plus imposants, mais quel danger pouvaient-ils
représenter pour un navire tel que le France qui au cours de sa valeureuse et
riche Histoire au long cours, en avaient connu d’autres ? Non, les passagers
n’étaient pas inquiets. Au contraire, ils continuaient à déambuler
tranquillement et joyeusement sur les ponts-promenades de la retraite à 60 ans
et dans les coursives de la réduction de temps de travail. C’est même avec une
certaine joie qu’ils avaient assisté au changement de commandement, tout
heureux de voir des têtes nouvelles parmi les officiers. Le nouveau capitaine
n’avait-il pas promis qu’ils pourraient tous venir dîner à sa table, qu’ils
pourraient tous donner leur avis sur la bonne marche du navire et participer à
son avancement ?
La première décision du nouveau
capitaine Mitterrand fut de longer l’iceberg sur sa face la plus acérée, choix
on-ne peut-plus funeste. A bâbord toute ! Sous le niveau de la mer, une première régularisation
massive de sans-papiers en excroissance de l’iceberg, enfonça la coque du
France, puis une seconde acheva de la déchirer sur un tiers de sa longueur.
Dans le craquement sinistre des tôles sos-racisme, la coque gauchiste
s’éventra. Aussitôt, une véritable vague s’engouffra dans l’ouverture Schengen
béante. Les compartiments prestations sociales furent les premiers à être
inondés. Lors, au lieu d’isoler d’urgence les compartiments noyés, le capitaine
décida de laisser les portes étanches grandes ouvertes. Bizarrement, le passage
de l’eau s’engouffrant dans le compartiment Sécurité Sociale fut même favorisé
par la mise en œuvre un peu plus tard, de la pompe Couverture Médicale
Universelle. Bientôt, le compartiment Assedic fut inondé à son tour.
Le Paquebot France était pourtant
doté d’un système d’alarme, appelé Presse, ou plus généralement Pouvoir
Médiatique. Il était censé retentir de façon assourdissante en cas
d’infiltration d’eau trop importante et avertir les passagers du danger. Au
lieu de cela, non seulement le système d’alarme ne retentit pas, mais ses
voyants demeurèrent obstinément au vert, laissant croire aux passagers que tout
allait bien, que tout était sous contrôle. Mieux, certains voyants indiquaient
que les quelques infiltrations dont beaucoup de passagers, logés dans les
cabines les moins confortables en fond de cale, commençaient à être les
témoins, étaient normaux, voire même, le signe d’une bonne marche du bateau. On
se perd en conjectures sur le mauvais fonctionnement du système d’alarme.
Matériel défectueux ? Sabotage ? Toujours est-il que le nouveau capitaine Chirac qui prit les
commandes après que Mitterrand jugea qu’il en avait assez fait et lui céda la
barre, ignora l’avarie et fit comme si rien n’était arrivé. C’est-à-dire qu’il
ne fit rien. Comme l’eau gagnait les niveaux supérieurs, saturant la Justice,
submergeant les prisons, pourrissant les mœurs, inondant les abattoirs, noyant
les cantines et les écoles, contaminant les églises, le capitaine Sarkozy prit
le relais. Il donna bien quelques instructions pour tenter de combler quelques
brèches, et ralentir la montée des eaux. Mais c’était trop peu, et c’était trop
tard. D’autant que les systèmes d’alarme continuaient à refuser de remplir leur
office, laissant les passagers dans une douce et inconsciente euphorie.
Inexorablement, le paquebot se mit à gîter sur bâbord au-delà du raisonnable.
Les solutions étaient pourtant
connues de quelques-uns des responsables. Il fallait colmater au plus vite les
trous, et démarrer d’urgence les pompes de refoulement, à supposer que celles
dont disposait le paquebot fussent de puissance suffisante, ce qui n’était déjà
plus certain. Une des femmes-officiers, convaincue du danger encouru et
consciente des solutions à mettre en place, se vexa de ne pas avoir été
entendue comme elle l’espérait et de dépit annonça : « puisque c’est
comme ça, faites ce que vous voulez, mais moi je monte sur le pont bâbord et
tant pis si cela accentue la gîte ! ». Ce qui fût une curieuse attitude.
Le capitaine Sarkozy fut démis de
ses fonctions au grand plaisir d’une majorité de passagers qui n’aimaient pas
que ce capitaine s’occupe autant de quelques fuites et si peu du confort de
leurs cabines. Ces passagers se réjouirent qu’un modeste commis de cuisine
rondouillard à l’air bonhomme, décide d’assumer désormais le commandement du
navire en perdition. Certes, il n’avait jamais mis les pieds dans une salle de
commandement et ignorait tout du métier, n’ayant jusque là qu’œuvré à la montée
de quelques sauces plus ou moins ratées au fond des cuisines du navire. Mais il
avait l’air tellement brave avec sa bonne bouille ! et ses promesses de
donner un service de première classe aux passagers qui s’étaient acquittés d’un
billet de troisième classe, les
avaient convaincus. Son entrée dans la salle de commandement fut saluée dans les salons de la Bastille par des
sons qui s’apparentaient davantage aux vuvuzelas qu’à celui des flonflons.
Pendant ce temps-là, l’eau
continuait sa montée inéluctable. La salle des machines fut bientôt envahie, les
commandes du paquebot ne répondirent plus, ou de façon anarchique. Il faut dire
que les eaux les plus anciennes, celles qui avaient fini par croupir dans les
fonds, avaient provoqué des courts-circuits dans toutes les transmissions du
bateau : fonction publique, syndicats, hôpitaux, régions, départements,
grandes villes, conseils généraux, plus rien ne fonctionnait correctement.
Ainsi, quand un responsable tentait de faire fonctionner la commande police,
c’était la commande justice qui se mettait en branle et contrecarrait l’ordre
donné.
L’eau finit par envahir les ponts
supérieurs. Des flaques Belkassem, des flaques Taubira, Pau Langevin, Kader
Arif, Benguigui, firent leur apparition dans la salle de commandement. Les plus
lucides des témoins savaient alors que le paquebot était perdu et que sa fin
était proche.
S’il s’était agi d’un scénario de
film à grand spectacle, une poignée de passagers se serait mobilisée pour
prendre la destinée du navire en main, bouter tous ces officiers incapables
hors de la salle de commandement, envoyer les passagers les plus apathiques au
charbon, à bloquer toutes les entrées d’eau et écoper, quitte à utiliser pour
cela tout ce qui leur tomberait sous la main. Ces héros auraient débusqué les
saboteurs et les auraient flanqués à l’eau sans autre forme de procès, auraient
remis les systèmes d’alarme en ordre de marche et définitivement éteint ceux
qui s’avèreraient irréparables. Ils auraient mis en fonctionnement toutes les
pompes disponibles pour assécher les salles qui pouvaient encore l’être.
Peut-être auraient-ils appelé à leur rescousse, non pas ce navire américain qui
croisait non loin de là, mais qui connaissait lui-même des avaries du même
ordre, mais ce navire asiatique qui avait, lui, fait la preuve de sa complète
étanchéité et de son bon état de marche. Malheureusement, nous n’étions pas
dans un film à grand spectacle : il n’y avait pas cette poignée de
passagers héros prêts à se rebeller contre le destin. C’était la vraie vie, et
il n’y aurait pas de happy end.
Tout naturellement l’eau qui
continuait d’entrer dans le navire, se précipitait à bâbord, amplifiant ainsi
la gîte de ce côté. Le phénomène avait été observé lorsque ce dernier capitaine
en date, au nom de fromage, était entré en fonction. Le plus inquiétant et le
plus curieux était que ce même capitaine avait promis qu’il allait créer de
nouvelles brèches de ce même côté bâbord, ce qui ne manquerait évidemment pas
d’accentuer le penchant désormais inéluctable du navire. Penchant qui, plus
personne bientôt n’en doutera plus, achèverait la chute puis la plongée du
France dans les profondeurs de l’Histoire. Seuls quelques rescapés fortunés et
plus lucides que les autres auront réchappé de cette tragédie, en fuyant le
navire à bord de chaloupes individuelles, suffisamment tôt pour ne pas être
aspirés par le tourbillon que le France ne manquera pas de provoquer en coulant
comme une pierre.
Dans quelques décennies ou
quelques siècles, des archéologues-historiens plongeront sur les lieux de la
catastrophe, examineront avec minutie la carcasse rouillée de ce qui fut le
cinquième plus grand navire du monde. Charge à eux d’apporter des éléments de
réponse à cette question qui ébahira longtemps les générations futures: comment
cet incroyable naufrage a-t-il été possible ?
Allez, pour finir sur une note
plus plaisante : le journal de M6 aborde le mercredi 23 mai le
mini-scandale de la ministre Duflot (ça fait drôle d’accoler ces deux mots
ensemble, non ? un peu comme mettre une veste à carreaux sur un pantalon à
rayures…) qui s’est présentée au premier conseil des ministres en jeans.
Commentaire de la journaliste : « en tout cas, le Président François
Hollande, lui, dès le début de sa campagne, a pris soin d’adopter une tenue
très présidentielle : costume sombre, très bien coupé ». Et elle
conclut, admirative :
« Impeccable ! »
Je me suis d’abord dit : en voilà encore une qui n’a même pas de
honte à faire une lèche aussi grotesque à notre (Hol) andouille élyséenne. Et
puis, un peu plus tard, en tombant par hasard sur cette photo prise lors de la
prise de fonction, un doute
s’insinua : non, c’est pas possible, le compliment est tellement lunaire
que ça doit être de l’ironie, non ?
Alors ? cette journaliste est persifleuse ou s’entraîne-t-elle pour
un poste à la télé de la Corée du Nord ?
Bien trouvé le France qui suit le Titanic et le costard "impeccable" selon Mme Duflot... On a pas les mêmes valeurs apparemment... on est pas sorti du carré de luzerne avec ça ! En même temps Duflot pour le Titanic/France ça dépareille pas, c'est bien assorti... :)
RépondreSupprimerUne de vos meilleures notes.
RépondreSupprimerMerci!! ;-D
SupprimerSuperbe métaphore ! Bravo.
RépondreSupprimerEt bien content de retrouver chez vous l'image de Gouda 1er équipé du pantalon du général...
A part ça, absolument impossible de poster chez vous avec mon compte wordpress (on me demande mon nom, ça va pas ?) ou sous la simple forme nom/url... C'est dommage.
Pakounta
Merci Pakounta pour le message et pour l'emprunt!! Pour votre remarque technique, je vais tâcher de me renseigner et voir quel est le problème. A bientôt.
SupprimerBravo pour ce billet !
RépondreSupprimer« puisque c’est comme ça, faites ce que vous voulez, mais moi je monte sur le pont bâbord et tant pis si cela accentue la gîte ! ». Ce qui fût une curieuse attitude.
En effet...
well done.. thx
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