Après le meeting de François Hollande de Dimanche au Bourget, la Presse française a laissé tout sens critique au vestiaire, et tombe sans retenue dans des louanges affligeantes de naïveté.
De toute évidence, ce discours était fait pour galvaniser les militants PS. Bien davantage qu’un discours de campagne présidentielle devant s’adresser à tous les citoyens, il était plutôt un discours d’investiture au poste de Secrétaire Général du PS. Poste que Hollande a d’ailleurs déjà occupé dans une discrétion qu’on pourra qualifier d’historique. Tous les clichés démagogiques étaient donc là, et de ce point de vue, la communication était, il faut le reconnaître, bien faite. Parfaitement adapté à son public, le discours de Hollande a su caresser son auditoire dans le sens du poil. Y compris en agitant le chiffon rouge, en désignant l’ « ennemi héréditaire », le Monde de la Finance ! C’est vrai que la Gauche a toujours été un peu fâchée avec les notions d’argent, argent public s’entend, parce que quand il s’agit de leur argent personnel, les Socialistes sont toujours beaucoup plus avertis et conciliants…
A peine pourra-t-on noter, puisque la Presse française a omis de le faire, car toute subjuguée devant la prestation de ce qu’on peut clairement désigner désormais comme « son » champion, qu’il n’est pas très adroit de traiter d'ennemi celui à qui il ira quémander, si par malheur il est élu, les quelques milliards d’euros nécessaires pour répondre des dettes que le pays a accumulées.
C’est typiquement le genre d’incantation que le militant de base du PS adore entendre, bien sûr, mais une Presse indépendante n’aurait pas été obligée d’avaler tout rond, comme lui, l’appât avec l’hameçon, la ligne et la canne.
Hollande dénonce donc le Monde de la Finance comme ennemi personnel. Et il invite, pour faire la claque en première partie, Yannick Noah, « la-personnalité-préférée-des-Français », qui lui, préfère de loin gagner sa vie en France avec l’argent des Français mais payer ses impôts aux Etats-Unis, ce grand pays socialiste, comme chacun sait. Ah, quand les symboles se télescopent entre eux…. !
Les titres de cette Presse dégoulinent de flagornerie, d’idolâtrie rêveuse et de bienveillance complice:
«Décollage de campagne réussi » pour l’un. C’est sans doute pour cela que Le Bourget a été choisi comme cadre !
« Prestation brillante » pour l’autre. La verroterie aussi peut être brillante. Ca ne lui donne pas de valeur pour autant.
"François Hollande a redonné au rêve français les couleurs de la gauche", s'enthousiasme Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi. C’est sûr, que côté rêve, les Socialistes sont champions.
Demorand, rédac'chef de Libération qui a déjà accueilli avec beaucoup de générosité le candidat Hollande sur plusieurs pleines pages gratuites, n’en peut plus dans l’emphase. : « A point nommé, le rassemblement du Bourget aura dissipé les perplexités, légitimes ou savamment entretenues, qui persistaient autour de François Hollande. A commencer par la principale: l’étoffe présidentielle du candidat socialiste". Donc faute d’en avoir les compétences, du moins Hollande aura du Président, l’étoffe du costume. C’est déjà ça. On est rassuré.
Toujours au niveau du costume, car l’obsession semble vestimentaire chez nos commentateurs éclairés : "Lors de ses primaires, le PS s’était choisi un candidat, mais ce n’est qu’hier que François Hollande a enfilé le costume qui va avec", analyse Olivier Picard dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace.
Selon Europe 1, le discours de Hollande « fait le buzz ». Par cette expression, cette radio périphérique ne fait pas allusion aux propositions plus ou moins audibles, comme parasitées par la démagogie, contenues dans le discours, mais au fait que ce dernier monopolise la une des médias. C’est une des grandes techniques de nos médias politiquement corrects : on exploite à fond une information, aussi banale ou dérisoire qu’elle puisse être, on la décortique, on la pressurise, on la dissèque, on la monte au pinacle, le but étant juste de se focaliser dessus à l’exclusion de tout autre sujet, et ensuite on s’extasie sur le fait que cette information a fait «le buzz » , ce qui doit a posteriori justifier le battage fait dessus !
Les relais internet de la Pensée Unique ne sont pas en reste dans le matraquage élogieux : pour le site Voilà, le candidat Hollande « a réussi son Grand Oral » ! Pour moi, un oral d’examen se fait en répondant à des questions, pas en faisant un monologue dont le contenu correspond à ce que l’auditoire a envie d’entendre. C’est sûr que si on demandait aux candidats bacheliers, pour leur épreuve orale, de dire, sans être interrompu, tout le bien qu’ils pensent des examinateurs, plutôt que de répondre à des questions de connaissances, leur réussite à l’examen s’en trouverait bien facilitée ! C’est une idée à soumettre à nos élites socialisantes de l’Education Nationale, qui cherchent le 100% de reçus au baccalauréat.
Toujours sur Voilà, Hollande réunit « une foule ardente au Bourget pour placer l'"égalité" au coeur de son projet de réenchantement du "rêve français". On dirait le contenu d’une plaquette éditée par le PS. Toujours du rêve donc, mais en mieux : du rêve enchanté ! Ce n’est plus un candidat à la Présidentielle, c’est Bisounours au Manège Enchanté, avec Oui-Oui comme Ministre des Finances.
Pour se résumer, aux yeux de notre Presse nationale presque unanimement dédiée à la Pensée Unique, Hollande se crédibilise comme candidat présidentiel parce qu’il nage en plein rêve dans un beau costume et en défiant le Monde de la Finance ! C’est super ! Avec un tel candidat, on se sent bien armé pour répondre aux grandes échéances mondiales ! Les pays concurrents avec lesquels la France est en compétition s’en frottent déjà les mains !
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