Jeudi 1er décembre, 7H30, une info sur Europe 1: Un quidam chômeur se voit l’électricité coupée par EDF, faute d’avoir payé sa facture pendant de nombreux mois. Il s’éclaire donc à la bougie, et ce faisant, met le feu à son logement et meurt asphyxié.
Bon. Banal fait divers. Triste, mais banal. Qu’une radio périphérique puisse s’intéresser à ce fait divers est déjà curieux. Mais le plus ahurissant est à venir.
Sur RTL, la même information à 8H.
Puis tout au long de la journée, c’est sur l’ensemble des médias que le fait divers fait quasiment la une.
Le soir, aux infos de 20H sur TF1 et France 2, on a droit à la même histoire, avec envoyé spécial s’il vous plaît, qui va sur place et interroge la même voisine, qui s’était déjà fendue du même témoignage auprès des radios le matin même : et que « c’était un chômeur de quelques mois », et que « les services sociaux ceci », et que « l’EDF cela », et que « c’est indécent que l’électricité soit coupée en hiver mon brave monsieur », et patati et patalère…
Par le seul fait d’un matraquage médiatique systématique, l’accident domestique devient un fait de société, à mettre sur le compte de la Crise Financière, à comptabiliser dans les conséquences de la brutalité aveugle d’une grande société nationale, et pourquoi pas du Grand Kapital.
Évidemment le journaliste prend le ton de circonstance pour rapporter l’épiphénomène : vous vous rendez compte, braves auditeurs, braves téléspectateurs, de la cruauté du monde dans lequel on vit ?
La CGT et le PS, jamais en retard d’une indignation démagogique, y vont de leur couplet : «Nous sommes scandalisés qu’un homme soit mort dans ces conditions», a réagi le syndicat CGT d’ERDF (gestionnaire du réseau d’électricité). François Bonneau, président (PS) de la région Centre, a fait part de sa «tristesse» et de son «indignation»....
On rêve. Comment peut-on sérieusement déclencher autant de moyens pour couvrir un simple accident domestique qui aurait à peine dû faire l’objet d’un entrefilet dans la feuille de chou locale ? Et pourquoi cette « information » a-t-elle dû être traitée avec autant de zèle par autant de médias nationaux en même temps ? Y a-t-il eu un dossier de presse distribué à chaque média ? Par qui ? A quelle fin ? Manipulation des masses, bien sûr. Ou plutôt, entretien d’une manipulation permanente.
Car enfin, est-il besoin de ramener l’épisode à sa simplissime réalité? : Un maladroit laisse une bougie à proximité d’une chose inflammable et sans surveillance. Point barre.
Le fait qu’il soit chômeur ne change rien. Que l’EDF lui ait coupé l’électricité, pas davantage. Le maladroit en question aurait aussi bien pu faire un gâteau d’anniversaire avec des bougies et flanquer le feu à son logement (qualifié d’ « insalubre », bien sûr, au cours des reportages, histoire d’apporter la petite note « Zola » qui s’impose).
Et faut-il rappeler à ces journaleux décérébrés qu’avant que la fée électrique ne s’impose dans nos maisons, on s’est éclairé à la bougie pendant des siècles sans pour autant systématiquement foutre le feu à son domicile ?
Si encore, un des médias avait vraiment enquêté, s’était posé la seule question qui avait un minimum d’intérêt : pourquoi un chômeur de fraîche date, qui n’est pas sans ressources, avec les mesures de protection sociales qui sont les nôtres, n’a pas été capable de payer ne serait-ce que quelques factures d’électricité en retard pour éviter une coupure ? On aurait sans doute appris une réalité moins avouable et moins « socio-compassionnelle »…
Mais non. Non seulement aucun média n’a fait ce travail, mais ils se sont mis à plusieurs pour nous servir tous cette même soupe, à essayer de faire du sensationnel et à tenter de donner une dimension sociale à cette histoire de chien écrasé !
Et ce sont ces mêmes « journalistes » qui sont chargés, jour après jour, de nous tenir au courant de l’actualité, de traiter les vrais sujets ? Ça fait froid dans le dos, non ?
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