Samedi soir dernier,
France 3 nous a proposé un téléfilm « Toi que j'aimais
tant », tiré d'un roman de Mary Higgins Clark, au canevas a
priori assez convenu. En voici le résumé : un trentenaire sort
de prison au terme de sa peine et affirme aux médias qu'il
demandera la révision de son procès car il proclame haut et fort
son innocence dans le meurtre à coups de clé à molette, de sa
petite amie de l'époque, une adolescente de 16 ans.
Ne supportant pas cette
déclaration, la petite sœur de la victime, devenue journaliste, se
fait fort de mener son enquête pour démontrer que le condamné
n'est pas la victime d'une erreur judiciaire qu'il prétend être.
Mais peu à peu, la
journaliste, au fur et à mesure que son enquête avance, commence à
avoir de sérieux doutes sur la culpabilité de l'ex-petit ami de sa
sœur assassinée. D'autant que son propre copain, le keffir de
service désormais incontournable dans tout bon téléfilm français
qui se respecte, l'encourage à s'ouvrir à l'éventualité que
l'assassin de sa sœur pourrait bien être quelqu'un d'autre.
Dans une histoire
classique de ce genre, le scénario est généralement bien balisé
et cousu de fil blanc : la journaliste devrait normalement
arriver à la conclusion que l'ex-taulard est innocent du crime pour
lequel il a été condamné. Et que le coupable court toujours. Elle
devrait même trouver les preuves incriminant ce dernier et
participer à son arrestation. Eventuellement, pour achever de tirer
une larme d'émotion dans les chaumières, elle devrait finir par
épouser celui qui a été accusé injustement du meurtre de sa
sœur...
Bon, mais ça, c'est ce
qui arrive, en conformité avec la religion du politiquement correct,
quand la victime de l'erreur judiciaire est un brave bougre
d'immigré, soumis à la vindicte d'un peuple forcément raciste. Et
le vrai coupable est obligatoirement un fils de riche bourgeois, gros
employeur dans la région. Voilà comment se distribuent
classiquement les rôles dans la bonne morale socialisante.
Mais dans ce téléfilm
« Toi que j'aimais tant », on veut montrer qu'on sait
sortir des sentiers battus.
Jugez plutôt : en
effet, la supposée victime d'une erreur judiciaire n'est pas
l'habituel gentil pauvre immigré façon Omar Hadad, mais un fils de
bonne famille, qui se balade en BMW cabriolet.
Le téléspectateur, bien
formaté par des décennies de bourrage de crâne télévisuel, se
surprend alors à penser: «Diantre ! » (ou « bah,
merde alors ! » selon l'éducation du dit-téléspectateur),
« se pourrait-il qu'un fils de bonne famille (ou « qu'un
salaud de riche », selon son orientation politique personnelle)
puisse aussi être victime d'une erreur judiciaire ? ».
Le suspense est (presque)
insoutenable.
Bon.
Qu'on se rassure !
Saucisson-Pinard ne pourrait pas laisser plus longtemps le lecteur
qui n'aurait pas vu ce téléfilm, dans ce terrible doute : la
morale du politiquement correct est sauve sur France 3 chaîne
publique. Le fils de bonne famille est bien le coupable, et le procès
qui l'a fort justement condamné ne sera pas révisé ! Il n'y a
pas eu d'erreur judiciaire. Ouf ! On est passé très près du
sacrilège.
En même temps, le
téléspectateur pouvait bénéficier de certains indices lui
laissant entrevoir l'issue politiquement heureuse de cette intrigue :
le réalisateur n'a jamais cherché à rendre le jeune bourgeois bien
sympathique, ce qui est en général le cas de toute bonne victime
d'erreur judiciaire basanée.
Se montrant odieux et
arrogant, on n'a jamais vraiment envie de voir sa bonne foi
démontrée.
Et puis la motivation de son crime s'avère, a
posteriori, plutôt nébuleuse. On sent bien que ce n'était pas la
vraie préoccupation du réalisateur. Sa malice résidait plutôt à
laisser planer le doute sur l'orthodoxie du message :
« attention, cher téléspectateur, vous allez peut-être
assister à une fin inattendue et iconoclaste dans la moralité
dominante ! Et puis non, je vous ai bien attrapé, la fin est
bien conforme à ce qu'elle doit être : politiquement
acceptable ».
Vous pouvez vous coucher
tranquille, citoyen-téléspectateur, ce n'est pas ce soir qu'on
sèmera le doute dans votre esprit : un riche reste un salaud,
qu'on n'aime pas, comme nous l'a enseigné notre présidenticule...
qui, lui, bien que pauvre (d'esprit), n'est pas aimé par les
citoyens.
Mais, que voulez-vous,
rien n'est jamais parfait.
Votre courage est admirable de regarder -et jusqu'à la fin, en plus- un téléfilm de France 3. Hélas, la grande majorité des téléspectateurs de cette sorte d'excrément propagandiste, y prennent manifestement plaisir et, en conséquence, gobent le message comme du petit lait. Et nous autres nous finançons le "Service Public".
RépondreSupprimerEt tout le monde est content...enfin façon de parler.
Amitiés.
Je ne parviens plus à regarder la télévision aux heures de grande écoute. Je me demande comment on ose encore me demander un impôt pour engraisser de minables réalisateurs. Je choisis des DVD ou des CD en médiathèque municipale et regarde ce que j'ai envie après avoir lu des copmentaires variés.
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