Saucisson-Pinard a récupéré une nouvelle bande-son enregistrée récemment dans le bureau de Macreux à l'Elysée. Il vous en propose ici les meilleurs morceaux.
Ce jour-là, visiblement, Macreux est de mauvaise humeur.
« Faut absolument que vous me trouviez du grain à moudre ! » s'exclame-t-il face à un groupe de personnes (qui s'avèrera, après enquête, être la fine fleur de l'aréopage de conseillers en communication qui ne le lâchent pas d'une semelle) . « On ne me voit plus, on ne m'entend pas ! On dirait que je ne suis plus là ! »
« Ben, vous pourriez revenir sur le devant de la scène avec cette crise sanitaire ! » se hasarde à proposer un de ses conseils.
« Vous rigolez ? Il y a plus de coups de pied au cul à prendre avec cette histoire que de décorations ! J'ai des fusibles pour ça : premier ministre, ministre de la Santé, directeur de la Santé, tout un comité scientifique. Eux, ils doivent faire attention à leurs miches parce qu'ils peuvent être traînés devant les tribunaux pour leurs conneries dites ou faites. Et d'ailleurs, ils le sont pour la plupart. Moi, mon statut de président me met à l'abri de cela. Donc, j'ai plutôt intérêt à fermer ma gueule sur ce sujet et à parler d'autre chose. Si c'est tout ce que vous avez à me proposer... !» ajoute-t-il, vindicatif, à l'adresse de son impertinent conseiller.
« On vous a branché sur le coup de l'explosion du port de Beyrouth. » se défend un autre. « Vous avez grillé la politesse à tous les autres chefs d'état qui auraient pu aussi se précipiter au chevet de ce pays moribond grand comme un département français. Vous y avez dispensé vos conseils éclairés, et vous avez fait la une de la presse nationale plusieurs jours avec ça. »
« Ouais ...» consent Macreux. « Mais j'avais à peine tourné le dos, que ces cons de politiques libanais sont retournés à leurs bisbilles. C'est comme si j'avais pissé dans un violon ! »
« C'est pas comme s'il n'en avait pas l'habitude ! » persifle entre ses dents un des conseillers à son collègue le plus proche.
« Vous dites ? » demande Macreux, soupçonneux.
« Non, je disais, Monsieur le Président, qu'on ne peut pas trouver tous les jours une explosion violente pour vous faire intervenir sur la scène internationale... »
« Et puis... » enchaîne un autre, « on vient juste de vous trouver une place entre Trump et Poutine pour dire un mot sur le conflit qui émerge entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh. »
« Ouais, » maugrée Macreux. « Mais les Français n'ont aucune idée de là où ça se passe, cette histoire. J'en savais rien moi-même avant que vous ne me le disiez il y a deux jours. Alors vous parlez d'une mise en scène ! J'ai l'air de quoi, moi, dans cette histoire ? »
« Du petit garçon qui cherche à se faufiler au milieu de grandes personnes pour être sur la photo ! » glisse à voix basse le même persifleur à l'oreille de son voisin immédiat qui étouffe à grand mal un fou-rire.
« Vous dites ? » s'inquiète nerveusement Macreux.
« Je disais Monsieur le Président que si, par chance, ce conflit s'avérait être l'étincelle qui allait déclencher une troisième guerre mondiale (un peu comme l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo pour la première) avec d'un côté la Turquie, l'Azerbaïdjan, l'Otan (et donc l'Europe et les USA) et de l'autre l'Arménie, l'Iran et la Russie, on se souviendrait que vous étiez là, dès le début! »
« Vous croyez ? » tente de se rassurer le Président. « J'ai encore une petite chance de marquer l'Histoire, alors ? Faudrait donc que cette affaire dégénère! » en conclut-il.
« Si vous vous en mêlez comme vous savez le faire d'habitude, ça peut effectivement très bien arriver, monsieur le Président ! » ajoute le conseiller perfidement.
Macreux, songeur, ne perçoit pas l'ironie de son conseiller.
"Croisons les doigts, alors!"
A ce moment-là, la sonnerie de son téléphone de bureau met un terme à ses rêveries.
La voix de la secrétaire se fait entendre sur le haut-parleur.
« Monsieur le Président, j'ai Monsieur Luc Besson qui est ici et souhaiterait vous parler. »
« Oh mon ami Luc ! Faites-entrer ! »
Puis s'adressant à ses conseillers, avec un clin d'oeil :
« J'étais son conseiller à la banque Rothchild, c'est un bon copain ! Allez, messieurs, je vous laisse, trouvez-moi de quoi occuper la scène médiatique très vite. Les Français sont entretenus dans un climat de peur, sont empêchés de sortir pour gueuler, alors, il faut en profiter ! Occupons l'espace ! »
« Entre Luc, je t'en prie ! Comment va mon ex-client de chez Rothchild et que me vaut sa visite ? »
« Super, Manu ! J'arrive juste de Los Angeles pour te faire un petit coucou. »
« Ah c'est vrai que tu as préféré devenir contribuable américain et échapper à notre enfer fiscal national, petit coquin ! » s'amuse Macreux en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. « J'ai appris que tu viens de t'acheter la villa de Ben-Hur pour 11 millions de dollars, sacré veinard ! »
« Oui, Charlton Eston m'a fait une fleur, avec ce prix d'ami... » reconnaît Besson. Et il ajoute avec un clin d'oeil : « A propos de gros sous, c'est pour ça que je viens te voir, en tant qu'ex-conseiller bancaire. »
« Raconte ! »
« Ben tu sais, il y a ma société Europacorp qui est en train de boire le bouillon. La Caisse des Dépôts et de Consignation (CDC) lui a fait un prêt pour lequel j'ai apporté ma fortune personnelle en caution. »
« Un prêt de combien ? »
« 45 millions ! »
« Ah quand même ! Et ? »
« Ben ça m'arrangerait que tu vois avec la CDC qu'elle efface cette caution qui me gêne un peu... Elle n'aurait qu'à proposer un plan de restructuration avantageux pour le remboursement par ma société Europacorp de cette petite dette, et puis on verra... »
« On verra ? Si ta boîte ne rembourse pas, c'est tant pis pour la CDC et les contribuables et déposants qui pourront s'assoir sur ces 45 millions, c'est bien ça ? »
« Que veux-tu, Manu, ce sont les risques des affaires! »
« Tu as raison ! Et la renommée du cinéma français dans le monde vaut bien un petit sacrifice du contribuable. Et c'est beau de voir le contribuable français venir ainsi au secours d'un contribuable qui s'est exilé ailleurs, où les Rap-tout fiscaux sont moins voraces ! Cela contribue à la renommée de la générosité française dans le monde ! Quelque part, nous allons oeuvrer ainsi dans l'intérêt de l'image de la France ! C'est d'accord, Luc, je passe quelques coups de fil et je t'arrange ça ! »
« Merci Manu ! A charge de revanche ! Tu vas bientôt être à nouveau en campagne, et je crois bien me souvenir que mon soutien public lors de ta campagne présidentielle de 2017 où j'avais mis mes ex-compatriotes en garde contre « le fascisme de Marine Le Pen », avait été favorablement accueilli par ton camp. Donc, on va être amené à en reparler prochainement, je suppose ! »
« Absolument, Luc, je sais que je pourrai compter sur toi ! Allez, à bientôt, Luc, et bon retour à L.A ! »
Une fois la porte refermée sur la sortie de Besson, Macreux, seul dans son bureau, se met à penser à haute voix.
« C'est curieux comme on s'entend bien, Luc et moi! Et pourtant, on est vraiment différent. Moi, je suis avec une vieille qui pourrait être ma mère, et ne fais aucun gosse. Lui, il fait la sortie des écoles, pour ainsi dire, pour trouver ses épouses qu'il met en cloque avant d'en divorcer aussi sec. En plus, il enchaîne les dépôts de plainte pour viols à son encontre. C'est curieux d'ailleurs cette propension que j'ai à m'entourer de violeurs ! Je me demande d'où ça vient ! Serait-ce, inconsciemment une façon pour moi de compenser mes frustrations sexuelles d'homo refoulé ? Faudra qu'j'en parle à Brizitte. Enfin, pas tout de suite. Plus tard. Parce qu'en ce moment, on n'est pas censé, Covid oblige, s'approcher trop près de ses parents âgés... Bon, c'est pas tout ça, mais je dois téléphoner à la CDC et arranger le coup de mon copain Luc, maintenant. »
S'adressant à sa secrétaire : « Martine, passez-moi Eric Lombard, le directeur de la Caisse de Dépôt et Consignation. J'ai un petit service à lui demander qu'il ne me refusera pas. Après tout, c'est moi qui l'ai nommé là où il est depuis novembre 2017 ! »
Oui, c'est assez logique tout ça, au fond il voit juste, c'est un bon petit président!
RépondreSupprimerAmitiés.
"Saucisson-Pinard a récupéré une nouvelle bande-son enregistrée récemment dans le bureau de Macreux à l'Elysée." Je sais maintenant qui vous êtes, et le monde sera convaincu de la réalité de la métensomatose : vous êtes la réincarnation du regretté Montaldo, qui avait récupéré quelque 500 kilos de documents accablants dans les poubelles du PC"F".
RépondreSupprimerMaintenant, on attend votre premier livre : "Makron et ses 40 krons". :-)
"Métensomatose"? "Regretté Montaldo"? Mais Montaldo est encore bien vivant, Dieu merci! En tous cas, la comparaison est bien flatteuse et SP en est rouge de confusion! :-D
SupprimerN'ayant plus vu un livre de lui depuis quinze ou vingt ans, je le croyais mort (vrai que j'aurais pu vérifier). Eh bien, le phénomène est encore plus miraculeux : c'est de son vivant que son esprit s'incarne en Saucisson-Pinard ! ;-)
Supprimer