Dans le bac à sable du quartier, les bambins se répartissaient clairement en bandes séparées,
selon leurs affinités.
Il y avait d’un côté, Sam, déjà un petit caïd malgré son
jeune âge, plutôt foncé de peau, pas franchement intelligent, mais déjà bien
baraqué. De l’autre, un autre petit caïd, Vladimir, tout blond, qui se faisait
fort de rivaliser avec Sam pour imposer sa loi sur le bac à sable.
Et puis il y avait un petit groupe composé d’un petit
garçon, Johnny, un bon copain de Sam, une petite fille, Greta, au caractère
bien trempé et au physique ingrat. Et enfin, dans ce même groupe, un petit gros
à grosses lunettes, pas trop futé, qui s’était vite fait une réputation de
Simplet dans le bac à sable. Il était en outre affublé d’un sobriquet tiré
d’une marque de petits pots de flan, dont il faisait une consommation effrénée;
consommation qui n’était pas sans rapport avec sa silhouette déjà boudinée,
laissant prévoir un physique de Sancho Pancha à l’âge adulte, auquel il aura
vraisemblablement du mal à échapper.
Sam n’aimait rien de plus que d’embêter Vladimir, et réciproquement.
Un jour, il vint à Sam une idée lumineuse. Bien que, par
nature, plutôt enclin à rouler des mécaniques devant les copains, quand il
avait l’occasion de faire faire ses tours pendables par d’autres, il ne s’en
privait pas. Son idée du moment
partait bien de ce principe.
Il s’approcha de Johnny, Greta et Binoclard et leur susurra
à l’oreille :
- Pourquoi vous ne demanderiez pas à Yuriy et Igor de venir
jouer dans votre bande, plutôt qu’avec celle de Vladimir ? Vous vous
marreriez bien ensemble, non ?
Après s’être concerté du regard, Johnny, Greta et le petit
gros simplet trouvèrent l’idée bonne.
D’abord, Johnny n’avait pas grand-chose à refuser à son
grand copain Sam. Greta ne rêvait, quant à elle, que de se faire de nouveaux
amis, car, il faut la comprendre, elle n’était pas toujours très populaire dans
le bac à sable et sa réputation de gamine sérieuse et
« déjà-raisonnable-pour-son-âge » n’y était pas pour rien. Quant à Simplet Binoclard, dès qu’il
y avait une idée foireuse alentour, il était tout fier d’en être. Cela lui
donnait de l‘importance, et il se voyait ainsi l’égal des plus grands du bac à
sable.
Johnny, Greta et Binoclard se hâtèrent donc de trotter vers Yuriy et Igor et leur
tinrent ce discours :
- Hé les gars, vous venez jouer avec nous ? On est un
groupe sympa, on se marre bien ensemble !
- Bah, non, on joue déjà avec Vladimir et ses copains !
- Allez, venez quoi, on a les plus beaux jouets du bac à
sable, et nous, on est vachement cools comme mecs ! bluffèrent Greta et
Johnny.
- Allez, venez, quoi ! crut bon de rajouter le petit
gros en écho à ses deux compères.
Après un moment de réflexion, Yuriy décida :
- Bon, d’accord, on vient avec vous. Prêtez-nous vos nouveaux
jouets !
Mais Igor se buta :
- Non, moi, je reste avec Vladimir. C’est un bon pote, je
m’entends bien avec lui et je reste !
Yuriy, vexé de se voir lâché par son copain, le tira violemment
par la manche.
- Reste avec moi, c’est moi le chef, et je t’ordonne de
venir avec moi dans le groupe de Greta et Johnny!
Igor se dégagea en envoyant une bonne claque à son désormais
ex-copain. Faut dire que Vladimir lui donna un petit coup de main en décochant
une bourrade à celui qui prétendait attaquer son fidèle copain qu’il
considérait comme son petit frère.
Là-dessus, Sam exhorta Greta, Johnny et le petit gros Binoclard
à soutenir Yuriy dans ses démêlés avec Igor.
- Eh, les gars, Yuriy, c’est votre nouveau copain
maintenant, faut aller le défendre !
Johnny et Greta commençaient à sentir que la situation leur
échappait. Ils allaient quand même pas se castagner avec ce grand blond de
Vladimir. Quant au ptit gros Binoclard,
en bon suiveur, il attendait de voir ce qu’allaient décider ses deux copains.
- Moi, je serais vous, conseilla Sam, j’arrêterais de prêter
mes jouets à Vladimir. Ça lui ferait bien les pieds! Moi, je dis ça, je dis
rien… ajouta-t-il, en mâchonnant distraitement son chewing-gum.
- Oh oui oh oui, bonne idée, faisons ça! exulta le petit gros
Binoclard, tout heureux de se voir partie prenante dans l’opposition à un
grand.
Johnny et Greta étaient plus circonspects et hésitants, mais
il était maintenant un peu tard pour faire demi-tour.
- Ouais, faisons ça, concédèrent-ils.
Le petit gros Binoclard était tout excité.
-
Ouais, on est des costauds et pan ! bien
fait pour Vladimir !
Et bravache, il lança à Vladimir , en serrant ses petits
poings potelés, avec tout le courage que donne l’appui de deux copains derrière
lui :
- On ne te prête plus nos jouets et puis c’est tout !
Na !
Sam regarda la scène d’un œil moqueur.
- Ah les cons ! pensa-t-il.
Vladimir toisa les trois benêts un moment et lâcha :
- Bon, bah, puisque c’est comme ça, moi non plus je ne vous
prête plus mes jouets. Et puis d’abord, je m’en fous de vos jouets, car mon
copain Tchang me prêtera les siens si j’en ai besoin.
Tchang, qui, à l’autre bout du bac à sable, avait assisté de
ses petits yeux plissés à la dispute sans rien dire, se fendit d’un grand
sourire.
- Bien sûr, Vladimir, tu n’as qu’à me demander ! Je te
prête mes jouets sans problème !
Le petit gros Binoclard resta pétrifié de stupéfaction
devant l’attitude de Vladimir. On l’a dit, il n’était pas très finaud.
- C’est pas juste, j’ai besoin des jouets de Vladimir, moi !
T’as pas le droit, Vladimir ! C’est pas juste ! C’est pas juste,
c’est pas juste !
Il se mit à geindre :
- Bouh, je veux les jouets de Vladimir, moi. Rendez-moi les
jouets de Vladimir !
Constatant le dédain du grand blond, il cessa brusquement de
geindre, sécha ses larmes d’un grand coup de manche vengeur et se tourna vers
sa copine Greta et son copain Johnny.
- Qu’est-ce qu’on va faire, maintenant ?
Devant le silence gêné des deux compères, il trépigna :
- Va falloir me prêter tous vos propres jouets maintenant,
hein ? J’en ai besoin, il me les faut, il me les faut, il me les
faut !
Greta et Johnny regardèrent le bout de leurs pieds dans le
sable, sans mot dire.
Sam, lui, était déjà loin. Il était retourné dans son coin
du bac à sable, d’autant moins concerné que les jouets de Vladimir, il n’en avait, lui, jamais vraiment eu
besoin jusque là…
Bien entendu, toute
ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé,
ne saurait être que purement fortuite…
Bonjour
RépondreSupprimerdésolé de passer par un com, mais pas vu de panneau contact (je sais, mes yeux commence à fatigué)... Luttant depuis des années contre cette dictature (livre, articles, pps et maintenant vidéo, j'ai lancé une chaine d'humour et politiquement incorrect sur You tube (radio web cramé)
Je cherche des blog et sites pouvant me faire connaitre, correspondant
à mes idées et que je pourrais aussi aider en leur faisant de la pub dans mes vidéos.
Pas besoin d’en dire plus, j’ai fait une vidéo présentant ma chaine et je me permet de laisser le lien.
en attendant, je vous souhaite une bonne semaine et bonne continuation.
Jean-Marie
http://youtu.be/3qPqcqkl6CA
mon adresse: trapp_jm@hotmail.com
Il vaut mieux passer par un com que pour un con... c'est en effet ce qui arrive souvent à ce brave Flanby. Et à nous autres Franchouilles par contrecoup.
RépondreSupprimerCela dit, bravo pour cette jolie parabole pseudo-enfantine, grâce à elle je vais pouvoir expliquer la guerre ukrainienne à mes petits enfants.
Merci et amitiés.
L'expression " passer pour un con" laisse penser que ça ne pourrait être qu'une posture. Je crains que dans le cas de Flanby, ça ne soit bien plus grave! Merci de vos compliments. Amitiés. SP
SupprimerVladimir ... ? N'est ce pas le prénom du petit salopard qui tentait d'aveugler des pilotes à l'atterrisage à Orly.
RépondreSupprimerAvec un prénom pareil, j'espère qu'il a été dûrement condamné et qu'il est encore en prison.
Pas de pot, s'il s'était appelé Ahmed, on lui aurait trouvé toutes les excuses, on ne l'aurait pas inquiété, et il serait libre.
la politique mise a son vrai niveau , celui du bac a sable ...quelle splendeur, tous nos grands officiellement réduits a leur vérité ,une bande de sales gosses!
RépondreSupprimerah le creux de la main me démange pour un pan pan cucul !
C'est la main qui vous démange, vous? Moi, c'est le pied!...
SupprimerJ'en vois 2 au milieu du bac qui ne louchent ni sur les jouets de Sam ni sur ceux de Vladimir.
RépondreSupprimerIls sont normaux ceux-là ?
Oui: Deux Suisses.
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