Nul n'ignore que la
Justice est symboliquement représentée par une femme avec un glaive
dans une main, une balance dans l'autre, et avec un bandeau sur les
yeux.
Je croyais naïvement que
l'aveuglement de la Justice ainsi symbolisé, expliquait qu'elle ne
regardait pas à la condition sociale de ceux auxquels elle avait
affaire pour donner sans parti pris son verdict.
Les derniers avatars de
la Justice de Taubira, qui suivent beaucoup d'autres (voir article
« Faites-vous confiance dans la Justice de votre pays »,
février 2012), remettent en question cette interprétation.
D'un côté, avec
l'affaire des tournantes des cités de Fontenay-sous-Bois, on
pourrait penser que l'aveuglement de la Justice est réel. Car pour
taper ainsi un peu n'importe comment et n'importe où, au petit
bonheur la chance, il faut effectivement être complètement aveugle.
Résumons l'équation de cette affaire : Deux plaignantes,
adolescentes au moment des faits, quatorze racailles accusées de
viol en réunion au cours de ces fameuses tournantes qui font la joie
des cités où il fait tellement bon de « vivrensemble ».
Les faits remontent à treize ans. Treize ans ! On peut dire que
la Justice prend son temps, à moins que son bandeau sur les yeux
l'ait empêchée de mettre la main rapidement sur les dossiers. Bref,
après avoir tâtonné 13 ans pour les retrouver, voici le résultat
atteint par cette noble institution: dix acquittés, quatre
condamnés. Si ces dix ont été acquittés, c'est donc qu'on suppose
qu'ils sont complètement étrangers à l'affaire ; ils
n'étaient même pas là, ils vaquaient sans doute à leurs
occupations, peut-être même qu'ils étaient en train de travailler
bénévolement dans une œuvre caritative, pendant que l'une des
plaignantes se faisait violer... (Ah oui, parce que l'autre
plaignante, figurez-vous, elle n'a même pas été violée du tout,
dites-donc...).
Restent quatre racailles
envers lesquelles la Justice nourriraient quelques reproches.
Quatre ! : c'est même plus une « tournante »,
à peine un plan à trois avec un invité surprise...
Et puis ces reproches ne
doivent pas être bien graves, puisque parmi ces quatre, deux ne
récoltent qu'un an ferme (quatre ans avec sursis), un n'écope que
de six mois ferme (quatre ans et demi avec sursis), et le quatrième,
un sursis complet de trois ans ! Autant dire que même le plus
sérieux des clients de cette Justice ne restera que quelques mois en
prison, avant de pouvoir revenir dans sa cité crâner devant ses
autres comparses libres ou fraîchement libérés. Ils pourront tous
rire à gorge déployée de la façon dont ils se sont foutu du
monde, de la société, de leurs victimes, des autres filles de la
cité, des flics qui ont mené l'enquête, et de la Justice et de son
cinéma : « ah les bouffons, ta race ! Zyva !»
Bref, la Justice n'a perçu,
à travers son bandeau, dans cette brochette d'accusés, que des
braves types, à la limite de la turbulence parfois, certes, pour
certains d'entre eux, mais globalement de simples petits sauvageons
selon l'expression chévènementielle. L'un de ces sauvageons était
d'ailleurs déjà en taule pour meurtre. Et puis quoi, le viol
n'est-il pas, après tout, qu'une peccadille ? comment appeler
autrement un acte qui ne coûte à l'un de ses auteurs reconnus qu'un
sursis total ?
C'est donc certain, la
Justice est bel et bien aveuglée par son bandeau. Il semblerait même
qu'elle soit assourdie par du coton dans les oreilles, car elle est
restée sourde aux plaintes de la seconde plaignante, dont
précisément le statut de victime a été refusé.
Et puis, il y a eu
l'autre affaire.
Une affaire qui
conduirait à un constat parfaitement opposé : la Justice est
très lucide. En tout cas, elle voit très bien à qui elle a
affaire ! C'est l'affaire Thomas Fabius. Thomas, fils de son
papa ministre.
Thomas Fabius est visé
par une enquête préliminaire pour escroquerie et usage de faux.
Cette enquête a été confiée à l'Office Central de la Répression
de la Grande Délinquance Financière. Bigre ! Un fils de
ministre socialiste dans la grande délinquance financière :
voilà qui ferait bien tâche chez nos donneurs de leçons favoris.
Cela explique sans aucun doute le silence de cathédrale (dans une
république laïque, c'est quand même dommage...) dans lequel les
médias serviles ont su maintenir cette information... Et on se prend
à imaginer ce qui se serait passé si cette affaire avait concerné
le fils de Sarkozy... Et pendant ce temps-là, Fabius père n'a
d'autre souci que d'imposer au monde entier sa conception personnelle
de la Justice, en lançant aux frais du contribuable français, une
campagne du Quai d'Orsay en faveur d'une abolition universelle de la
peine de mort...
Le fils Fabius, un
escroc ? On ne prête qu'aux riches : en juin 2011, la
Justice l'avait déjà condamné à 15 000 euros d'amende pour abus
de confiance, se hâtant d'assortir cette amende d'un sursis de 10
000 euros. L'affaire n'a donc coûté que 5 000 euros à notre fils
de ministre. En même temps, la Justice, il faut la comprendre, elle
ne pouvait quand même pas fermer complètement les yeux, puisque
Thomas Fabius avait reconnu lui-même qu'il avait bel et bien
engourdi 90 000 euros à son profit, aux dépens de ses associés
dans une affaire de cartes à puce de sécurisation de paiement ( !
ça ne s'invente pas!) à distance... On remarquera au passage la
rentabilité de l'affaire financière : on subtilise 90 000
euros, on dit : « oups, excusez-moi, autant pour moi, je
ne recommencerai plus », on paie 5 000 euros d'amende et bye
bye, merci pour tout ! Marge nette : 85 000 euros.
Pour faire bonne mesure,
la Justice n'a pas trouvé nécessaire d'inscrire cette condamnation
symbolique dans le casier judiciaire du rejeton ministériel. Après
tout, ce n'est pas comme s'il avait été mêlé à une affaire de
sang contaminé...
Bien entendu, la Presse à
l'époque, regardait pudiquement ailleurs, davantage préoccupée de
se faire l'écho de papa Fabius qui disait à ce moment là :
« Quoi ? Hollande Président ? Mais on rêve, là! ».
Bref, pour cette nouvelle
affaire d'escroquerie supposée de Thomas Fabius, la Justice de
Taubira a trois alternatives, après cette enquête préliminaire :
ou désigner un juge d'instruction pour une enquête approfondie, ou
citer le fiston du collègue ministre à comparaître directement, ou
classer sans suite. Faites vos jeux ! Mais pour en connaître le
résultat, ne comptez pas trop sur nos médias tout acquis à la
cause gauchiste ! Ca fera moins de bruit que le résultat du
Loto...
En conclusion, seules les
mauvaises langues peuvent prétendre que la Justice française est
toujours aveugle. Elle sait très bien soulever son bandeau et
regarder par en-dessous quand il le faut...
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