Jeudi, c’était la journée sans
tabac.
J’aime bien, moi, ces journées où
« on » vous dit quoi faire, ce à quoi il faut penser, et surtout,
avec une légère préférence, celles où "on" vous dit ce qu’il ne faut pas faire.
Nous avons donc eu la journée de la femme, la journée de la moto… J’attends
avec impatience la journée de l’eau minérale, la journée du légume et la
journée du… saucisson. Encore que pour cette dernière, je n’y crois pas trop.
Beaucoup trop « discriminant », je me doute.
Jeudi dernier, c’était donc la
journée sans tabac. Des ayatollahs de la bonne conduite ont profité de
l’occasion pour monter au créneau et dénoncer ces films français où on voit
trop de fumeurs, notamment dans les derniers à l’affiche du festival de Cannes.
Environ 80% des 180 films visionnés présentent des situations avec une
représentation du tabac, disent-ils. Scandaleux.
Les mises en scène regroupent
tant le tabagisme que les objets tels les briquets, cendriers et paquets de
cigarettes. L’horreur.
La Ligue contre le cancer
reproche par ailleurs au cinéma de « stigmatiser de moins en moins le fumeur »
: « 72,9% des fumeurs sont des personnages "respectables" en 2005
versus 90,7% en 2010 ». On est rassuré de constater que les bien-pensants
de la vie aseptisée savent utiliser le même vocabulaire que ceux qui cherchent
à imposer leur mode de pensée politiquement correct : le terme
« stigmatisation » est à l’honneur. On peut donc être optimiste sur
les chances de réussite de la propagande visant la bonne moralité et la santé publique.
La présidente de l'association,
Jacqueline Godet, prend pour exemple le film « Gainsbourg, une vie
héroïque » (2010) réalisé par Johann Sfar où c'est la marque Gitane qui
est la plus présente. On comprend donc que Madame Godet estime que le cinéma a
une mission exclusivement éducative. Mission visant, selon elle, à
« stigmatiser » le fumeur, personnage non respectable, s’il en est.
Forte de ces convictions, elle
fait un recours en justice contre les producteurs et distributeurs de films.
Les donateurs seront sans doute ravis de voir à quoi Madame Godet consacre les
fonds résultant de leur générosité.
Et si la Justice donnait une
quelconque suite favorable à ce recours, Saucisson-Pinard aurait quelques
suggestions :
-
le scénariste du film sur Gainsbourg fera de
l’auteur-compositeur un accro du carambar plutôt que de la cigarette. Il
prendrait ainsi exemple sur le dessinateur Morris qui a fait de Lucky Luke,
cow-boy rouleur de cigarette devant l’Eternel, un mâchonneur de brin d’herbe.
-
Les réalisateurs devront désormais bannir dans leurs
films toute scène de vols, pour dissuader les spectateurs trop influençables de
s’adonner à cet acte répréhensible.
-
Bien entendu, les films ne sauraient contenir des
scènes de crimes, pour les mêmes raisons. Plus de meurtres, plus d’assassinats.
C’est sûr, les réalisateurs de films policiers devront faire preuve d’une
sacrée créativité pour survivre, mais l’équilibre sociétal est à ce prix.
-
On bannira évidemment dans les films toute poursuite de
voitures, tout carambolage, tout excès de vitesse. Les chauffards n’ont certes
pas besoin d’être encouragés dans leur coupable penchant par l’inconduite des
héros incarnés par les stars du grand (ou petit) écran. De toute façon, n’ayant
plus de voleurs à pourchasser, les gendarmes pourront respecter les limitations
de vitesse. (Comme les chauffeurs de ministres Flanbystes…) Bien sûr, les
cascadeurs seront au chômage, mais si c’est le prix à payer… Les assidus des
salles obscures sont si malléables…
-
Plus de films de guerre, parce que la guerre, c’est pas
beau.
-
Plus d’histoires d’escroquerie, plus de violences, plus
d’enfants fugueurs, plus d’enlèvements.
-
Pour mieux stigmatiser les coureurs de jupons portés sur l’infidélité, il devra
désormais être interdit de mettre en scène des histoires de tromperie, de
cocufiage, d’actes adultérins.
-
Les rôles de prostituées n’auront plus droit de
citation dans les scénarii cinématographiques. On ne sous-estimera surtout pas
l’effet qu’a eu Nathalie Baye dans
« La Balance » sur les vocations des professionnelles du Bois
de Boulogne et de Pigalle.
-
L’alcool évidemment disparaîtra des écrans. Belmondo et Gabin dans « le Singe
en Hiver » se shooteront à la limonade, et c’est l’excès de sucre dans le
sang qui les mettra dans un état second. Ceci bien sûr en vue de
« stigmatiser » les alcooliques.
On vit une époque formidable,
non ? Bon, c’est pas tout ça, mais moi, j’ai un Roméo et Juliette à
rallumer.
Post-scriptum : Il
semblerait que la grande tolérance socialiste de notre nouveau gouvernement
envers les médisants, cherche à trouver d’urgence un successeur à Pierre
Salviac, sur la liste des « politiquement incorrects » de RTL à
sanctionner, en la personne de Eric Zemmour. Saucisson-Pinard se fait donc avec
plaisir le relais d’une pétition adressée à cette radio pour la défense du
polémiste. Voici le lien : http://www.petitionbuzz.com/petitions/zemmour
Bonjour,
RépondreSupprimerPourriez-vous me communiquer une adresse mail ? Je voudrais vous inviter à participer à un débat en ligne sur la cigarette au cinéma, je pense que vore point de vue pourrait faire avancer la question.
http://www.newsring.fr/culture/987-un-heros-de-cinema-qui-fume-est-il-moins-sympa/reperes
Merci !