Un beau matin, à
l'Elysée.
La secrétaire :
Monsieur le Président, un appel urgent pour vous !
Macreux : Qui ça ?
La secrétaire : Ben
vous savez, le monsieur qui vous appelle généralement quand ça va
mal...
Macreux : Oh merde !
Je vois ! Je prends tout de suite ! Allo ?
La Voix au
téléphone: Allo, Jean-Marc ?
Macreux : Euh...
non... c'est Emmanuel... mais qui demandez-vous ?
La Voix : Ici, c'est
Jeff Panacloc...
Macreux : Ah ?
Panacloc ? Mais... euh... ah, je reconnais votre voix, vous
êtes...
La Voix : Oui, c'est
moi, je fais de l'humour...
Macreux, piteusement :
Très drôle... Mes respects, Monsieur !
La Voix : Je ne
devrais pas faire de l'humour, parce que la situation dans laquelle
vous nous mettez ne porte pas à rire !
Macreux, sur la
défensive : Mais je n'y suis pour rien, c'est ce coronavirus
qui...
La Voix : Ça c'est
sûr, pour y être pour rien, vous n'y êtes absolument pour rien, et
surtout pas dans le règlement de cette affaire !! Vos
atermoiements, vos hésitations, votre laxisme, vos volte-faces, en
un mot, votre incommensurable incompétence, conduisent le pays dans
un confinement général qui nuit gravement à nos affaires. Je vous
rappelle que c'est pour l'unique intérêt de nos affaires que nous
vous avons mis là où vous êtes.
Macreux bredouille :
Mais, euh... je veux dire...
La Voix :
Taisez-vous ! Et qu'est-ce que ce bordel avec ce professeur de
l'Institut Hospitalier de Marseille et sa chloroquine ?
Macreux : Ben
justement, j'y mets bon ordre, Msieur ! J'ai mis mes relais
médiatiques en branle pour lui sauter sur le paletot et dénigrer sa
pratique à base de chloroquine. J'ai un toubib qui a vu plus de
journalistes et de plateaux de télévision dans sa carrière que de
patients, Michel Cymes, qui ne fait rien que de critiquer cet éminent
chercheur ! J'ai mis aussi notre pédophile (bi)-national sur le
coup : Cohn-Bendit a bien demandé sur LCI à Raoult de « fermer
sa gueule » et déclaré qu' « il y en avait marre
de ce mec »...
La Voix, l'interrompant
brutalement : Oui, mais bon, comme gages de crédibilité, ces
deux gugusses se posent un peu là...
Macreux, piteusement :
Je fais ce que je peux et avec ce que j'ai! Vous savez, ce
professeur Raoult, il a des résultats, quand même ! C'est pas
facile de s'opposer au fait qu'il a des guérisons. Et les effets
positifs de l'hydroxychloroquine ont été observées dans des études
en Chine avant même que Raoult ne s'y intéresse. Depuis, ses études
sont validées et copiées en Russie, aux Etats-Unis et...
La Voix : Mais vous
savez combien ça coûte, un cachet de ce médicament ?
Macreux : Ben,
quelques centimes seulement, c'est vrai...
La Voix : Et alors ?
Vous croyez que c'est avec un produit vieux de plus de 70 ans et
valant des clopinettes que nos affaires vont prospérer ? Vous
n'ignorez quand même pas que nous avons nombre de laboratoires
pharmaceutiques parmi ceux qui vous ont fait élire, si ?
Macreux, vivement :
Non, bien sûr, je le sais. Et d'ailleurs, ils ne se privent pas de
me le rappeler à chaque occasion qui se présente. Mais
rappelez-vous, msieur, que j'ai mis Buzyn au ministère de la Santé
pour les servir... C'est bien la preuve que je pense à eux, non ?
La Voix, passant
brutalement au tutoiement : Bon, écoute Manu. Il est trop tard
maintenant pour zapper complètement le phénomène chloroquine et
son druide aux cheveux longs. Le public est trop conscient qu'une des
solutions du problème est dans les mains de ce Raoult. Alors, voilà
ce que tu vas faire.
Macreux, au
garde-à-vous : Je vous écoute.
La Voix : Tu fais
bien... Tu vas par décret, autoriser l'utilisation de la chloroquine
dans les stades les plus avancés de la maladie par Covid-19.
Macreux, plaintif :
Mais je viens juste, par décret, de l'interdire !!
La Voix : Eh bien tu
vas revenir dessus et puis c'est tout ! Ça ne sera pas la
première fois que tu diras quelque chose et son contraire dans le
même mouvement, n'est-ce pas ?
Macreux : Mais
Raoult préconise la chloroquine en tout début de manifestation de
présence de coronavirus, pas au stade terminal !!
La Voix :
Précisément ! Au stade terminal, la chloroquine ne servira à
rien. On constatera donc officiellement que ce remède est
inefficace, que c'est de la poudre de Perlimpinpin, et ce Panoramix
marseillais sera décrédibilisé à jamais, et on pourra passer aux
choses sérieuses et rémunératrices.
Macreux : Comme
quoi, msieur ?
La Voix : J'y viens.
Dans le même décret autorisant l'utilisation de
l'hydroxychloroquine dans les cas les plus graves, tu autoriseras
l'inclusion de l'association lopinavir et ritonavir dans l'étude du
traitement des cas de coronavirus.
Macreux, tout fier de
ramener sa science : Ah oui !! Ce sont des anti-viraux qui
sont utilisés dans les cas de Sida, n'est-ce pas ?
La Voix : C'est
cela. Et ils valent entre 800 et 1000 euros. On est donc dans une
autre ligue que ce vulgaire anti-paludéen utilisé sans problème
par des millions de personnes depuis 70 ans et coûtant quelques
centimes le cachet !! Capiche ?
Macreux : J'ai
entendu dire que les effets secondaires étaient redoutables.
La Voix : Mais ils
valent de 800 à 1000 euros...
Macreux, songeur :
Et une étude en Chine a d'ores et déjà démontré que ces
anti-viraux étaient inefficaces dans le cas du coronavirus !
La Voix s'entête :
Mais ils valent de 800 à 1000 euros... Et depuis quand un traitement
recommandé officiellement se doit-il d'être « efficace »,
comme tu dis ? Rappelle-toi de l'oseltamivir, que t' as connu
sous le nom de tamiflu, lors de l'affaire de la grippe AH1N1. Ce
médicament avait été acheté par le gouvernement de l'époque pour
des sommes considérables et pour la plus grande satisfaction du
conglomérat pharmaceutique Roche. Mais si ses effets secondaires ont
bien été vérifiés, son action contre la grippe, elle, n'a jamais
été constatée ! Alors ?
Macreux, conciliant :
Vu comme ça...
La Voix : Abbot, le
laboratoire américain qui fabrique ces anti-viraux lopinavir et
ritonavir sauront se souvenir de ce que tu auras fait pour eux avec
ce décret. Rappelle-toi : tu fais d'une pierre deux coups. Tu
décrédibilises ce Panoramix et sa chloroquine qui ne rapporte rien
et tu mets sur les rails du traitement du coronavirus des produits
rémunérateurs. A toi de jouer. La balle est dans ton camp, et on te
surveille.
Clic.
Macreux, songeur, maugrée
entre ses dents, en reposant le combiné de téléphone : Au
revoir à vous aussi. Putain, il me fera chier jusqu'au bout ce
coronavirus !!
Plus vrai que nature...
RépondreSupprimerJe ne sais pas comment vous vous débrouillez pour capter ce genre de dialogue, vous devriez vous faire cataloguer lanceur d'alertes ça donne un statut privilégié!
RépondreSupprimerAmitiés.
Si c'est le sort d'Assange que vous souhaitez à Saucisson-Pinard, il a quelques réserves...😉
SupprimerJe trouve toujours amusant de voir qu'on reproche aux opposants de Raoult les conflits d'intérêts en oubliant que le médicament que celui-ci vante(le Plaquénil)est produit par Sanofi qui, comme par hasard se trouve être l'un des principaux financiers de son labo.
RépondreSupprimerQuant à dire que la chloroquine ne rapporte rien, c'est absurde : plus d'un milliard de personnes concernées même avec un prix de vente faible ça en fait du pognon facile (et rapide parce que la chloroquine est disponible maintenant contrairement aux vaccins qui sont encore en cours de développement).
Le problème n'est pas qu'un chercheur soit soutenu par un labo. C'est la règle, ils le sont tous. C'est plus embêtant quand c'est une ministre de la Santé, qui plus est, est épouse d'un affilié à l'Inserm. D'autre part, que la chloroquine soit utilisée contre le Covid-19 ne changera pas grand chose à son marché principal (comme anti-paludéen) qui est immense. Mais si vous préférez être traité par un médoc à 1000 € (qui, en plus ne marche pas) plutôt que par un à 15 centimes le cachet (qui peut marcher), c'est votre choix. Un choix "amusant"...
SupprimerJe n'ai jamais dit que le problème était le financement du labo ni que le conflit d'intérêt de Raoult annulait ceux du gouvernement.
SupprimerPlusieurs millions de clients potentiels (vu que la zone d'action actuelle du Covid est majoritairement non exposée au paludisme et que la chloroquine n'est de toute façon plus l'anti-paludéen de référence)ne changerait pas grand chose au marché du médicament ?
Je pense que le département marketing de Sanofi ne voit pas les choses de la même façon.
Votre "choix" n'existe pas : personne ne propose actuellement de médicament à 1000 euros, qui du coup évidemment ne marche pas mais on entre là dans une discussion sur le sexe des ange.