- Bonjour Monsieur
Macreux ! Entrez, s'il vous plaît.
- Bonjour Docteur !
- Je vous en prie,
allongez-vous ! Alors ? Qu'est-ce qui vous a décidé à
venir à ce second rendez-vous ?
- Oh, eh bien, ce n'est pas
que j'aie vraiment besoin de ces séances de psychothérapie, vous
pensez bien ! Mais j'adore parler de moi en décompressant un
peu.
- Vous traversez une
période difficile en ce moment ?
- Non, pas vraiment. Tout
va bien. Les résultats de ma fantastique politique économique sont
là. Je viens de terminer mon Grand Débat de façon triomphale. Les
élections européennes se présentent sous les meilleurs auspices
avec une tête de liste qui est un vrai avion de chasse. La paix,
la sérénité et l'opulence s'installent partout dans le pays. Ma cote de
popularité est au firmament. Alors je ne vois pas pourquoi ça
n'irait pas !
- Alors ?
- Alors, ça va.... Bon,
forcément il y a bien quelques râleurs, ici et là, comme partout.
Regardez, ça pourrait être comme au Venezuela où le peuple se
soulève et subit une répression impitoyable, avec le recours aux
armes de guerre ! Mais ici, non, vous pensez bien, ah ah ah ah
ah ah ah !
- Alors ?
- Ben alors ça va... Faut
reconnaître que ces quelques râleurs sont des cons. Des vrais cons.
- Ah oui ?
- En fait, ce sont les
Français qui sont cons, vous admettrez ! Figurez-vous qu'ils ne
sont pas capables de voir la chance qu'ils ont, d'avoir à leur tête
un tel génie !
- Ah non ?
- Non. Savez-vous qu'on
m'appelle le Mozart de la Finance ?
- Ah oui ? Qui a dit
ça ?
- Ceux qui ont fait ma
promotion avant les élections présidentielles...
- Qui sont ?
- Une bande de potes à
moi, qui ont su voir en moi celui qui allait faire fructifier leur
petit bas de laine... D'ailleurs, je suis en train de leur vendre la
France par appartements : les secteurs les plus rentables !
Aéroports, autoroutes, Energie, Patrimoine historique, Française des Jeux... Je peux
vous en faire profiter, docteur, si vous voulez ! Vous voulez en
croquer ?
- Merci, j'y réfléchirai.
Mais vous disiez...
- Oui, bref, les Français
sont des cons, mais ce sont aussi des faignants.
- Vraiment ?
- Absolument ! Tenez,
l'autre jour, j'en vois un, qui se plaint d'être au chômage.
Soit-disant qu'il a un diplôme d'horticulture paysagiste... Vous
imaginez ? Autant dire rien. Pas d'ENA, pas de Normale Sup, pas
même de Sciences-Po, rien quoi. Et je regarde de l'autre côté de
la rue et qu'est-ce que je vois ? Une affiche d'offre d'emploi
pour faire la plonge dans un restaurant. Eh ben non, ça ne
l'intéressait pas, mon faignant ! Pas foutu de traverser la rue
pour bosser ! Avouez, il y a des coups de pied au cul qui se
perdent, non ?
- Hon hon...
- Vraiment, ces Français
sont des cons et des faignants. Et puis il y a quand même aussi
beaucoup d'illettrés ! Dans la campagne profonde, vous savez,
de l'autre côté du périph, les gueux...
- Les gueux ?
- Pardon ?
- Vous avez dit : les
gueux ?
- Ah non, pas du tout !
- Il me semble bien que
vous alliez parler des gueux !
- Non, j'ai dit...euh...
j'ai dit : les gars ! En province, vous savez, là où il
n'y a pas un restaurant 3 étoiles décent, mais plein de ploucs en
gilets jaunes fluo qui poireautent aux ronds-points, eh bien, les
gueux... euh, enfin, les gars, ne savent ni lire ni écrire ! Et
je ne vous parle pas des alcooliques...
Bref, tous ces gens, ils
ne sont rien.
- Et vous, vous avez su
réunir une équipe performante autour de vous pour mener une
politique devant améliorer les conditions de vie de ces cons
faignants illettrés et alcooliques?
- Bah, oui, vous savez,
moi, je suis un leader hors pair ! Je n'ai pas mon pareil pour
savoir m'entourer de pointures ! Regardez, pour m'approvisionner
en... en... comment dire...enfin, en ce dont j'ai besoin, j'avais trouvé Benalla... Un
vrai trésor, ce Benalla. Franchement, je ne regrette pas de l'avoir
engagé !
- Oui, d'ailleurs, vous en
avez encore un peu là, oui là, sous votre narine gauche...
- Euh, oui.... ça, ça
doit être du sucre glace, je viens de manger une pâtisserie...
Bref, Benalla était une source sûre et fiable.
- « Etait » ?
Et qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- Oh rien, trois fois rien.
C'est une longue histoire. Heureusement, j'ai mon chauffeur qui a pu
le remplacer au pied levé. Bon, il a failli se faire gauler avec son
coffre plein de... plein de ce dont j'ai besoin, par les flics lors
d'un contrôle de vitesse, mais il a pu se barrer à temps.
- Donc, vous savez vous
entourer et vos collaborateurs vous donnent totalement satisfaction ?
- Des cons aussi, je vous
dis ! Tous des cons ! Mais ce ne sont pas mes
collaborateurs, c'est l'autre, là, qui est chef de gouvernement qui
a la responsabilité de choisir ses ministres !
- Vous voulez dire, le
Premier Ministre ?
- Oui, enfin... ça me gêne
de l'appeler ainsi...
- De l'appeler comment ?
- Premier Ministre.
Premier ! S'il est le premier, je suis quoi, moi ? Hein ?
Il ne peut y avoir que moi, à la place de premier, non ? Bref,
c'est le rôle de... comment s'appelle-t-il déjà, ce con ? Ah
oui, Philippe. Gérard Philippe.
- Edouard Philippe ?
- Oui, peut-être. Bref, il
n'a que des cons autour de lui !
- Ah là aussi, ce sont des
cons ?
- Bah franchement :
vous avez vu son ministre de l'Intérieur, Castagnière ? Vous
allez pas me dire que c'est une lumière, non ? Et l'autre
porte-parole qu'il vient de me dégoter, la Si Conne !
- Sibeth ?
- Oui, peut-être, je ne
suis pas tombé loin ! Et l'autre nunuche qu'on voit partout à
la télé...
- Schiappa ?
- Vous voyez ? Vous
avez tout de suite deviné de qui je voulais parler, avouez que comme
courge, elle se pose là ! D'ailleurs, il n'y a pas tromperie
sur la marchandise, hein ! Schiappa en italien, ça veut dire
cancre...
- Et vos partenaires
européens, ils en disent quoi de vos difficultés de recrutement ?
- Oh bah, eux, vous pensez
bien, ils sont d'abord éperdus de reconnaissance de m'avoir à leur
tête pour diriger l'Europe !
- Ah oui ?
- Absolument. Mais ce sont
des cons. Des vrais cons. Je vous jure, je ne suis pas aidé !
- Bien. Monsieur Macreux,
nous arrivons au terme de notre séance d'aujourd'hui. Voyez ma
secrétaire pour fixer notre prochain rendez-vous. Au revoir,
Monsieur Macreux, à bientôt.
- Au revoir, Docteur. Au
fait, vous pouvez bien me le dire, à moi...
- Vous dire quoi, Monsieur
Macreux ?
- Que vous avez une chance
insensée de m'avoir dans votre clientèle...
- Oui, oui, bien sûr, tout
à fait... Allez, au revoir !
Puis, une fois la porte
refermée sur son visiteur, se parlant à lui-même :
"C'est sûr, y a du
boulot, là... Je vais pouvoir envisager la construction de ma
nouvelle résidence secondaire rien qu'avec ce patient-là !
Faut que je pense à évoquer son cas à notre prochaine convention
de psychanalyse : j'ai là une vraie tête de vainqueur !
Je vais tous les écraser, mes confrères !!"
Il ouvre son cahier et
note avec application :
« Le 7 avril 2019,
Monsieur Macreux, diagnostic de la première séance confirmé, qui
est d'ailleurs le diagnostic de mon confrère psychiatre italien
Adriano Sagatori : psychopathie narcissique de niveau ultime. »
https://www.youtube.com/watch?v=NNDgsw39m9s
Pour dépolluer l'esprit... ça dépollue l'esprit !
RépondreSupprimerVous pensez que Saucisson-Pinard devrait proposer ses services à de Rugy, sinistre de la transition écologique?
SupprimerQu'est-ce qu'il avait, sous le nez, M. Macreux?
RépondreSupprimerAh, bon, d'accord, on va parler d'autre chose...
Amitiés.
Puisqu'il vous dit que c'est du sucre glace...! Mettriez-vous la parole présidentielle en doute? Tsst tsst...
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