Trump et Macreux enterrant la diplomatie française. |
L'Airbus A330
présidentiel venait à peine de décoller.
- Tu as vu ? Non mais
tu as vu ?
Le président était
extatique.
- Oui, mon chéri, tu es le
meilleur ! répondit Brigitte, admirative avec les yeux d'une
mère pour son fils à la remise de son BEPC.
- Je l'ai mis dans ma poche,
le Ricain !
- Il t'aime bien, mais
c'est normal, tu es si formidable !
- "M'aime bien" ? Tu
rigoles ? Il m'adore ! T'as vu toutes ses marques
d'affection ? Il n'a pas arrêté de me tripoter, de me serrer
les mains, de me faire des « hugs », de me prendre par
les épaules ! Je l'ai conquis !
- Oui, mon chéri ! Il
t'a même retiré des pellicules que tu avais sur les épaules, c'est
une marque d'affection, c'est sûr !
- Oui, euh, bon, ça, il
aurait pu s'en dispenser... Mais, bref, il ne peut rien me refuser
maintenant !
- Il t'a promis quelque
chose, mon Amour ?
- Euh, non, pas encore...
Mais c'est sûr, il me mange dans la main ! On est les meilleurs
potes du monde !
Et tu as vu ? Même
la Presse française est conquise : j'ai remis la France en
première place sur la scène internationale ! On ne parle que
de mon voyage états-unien partout dans le monde ! On me compare
à De Gaulle, t'as qu'à voir !
- Euh... oui... mais De Gaulle
avait mis la France au premier plan de la scène internationale en
montrant l'indépendance du pays par rapport à n'importe quelle
superpuissance, y compris les Etats-Unis...
- Tu crois ?
- Ben oui, je m'en
souviens, j'étais déjà grande à l'époque...
- Bon, euh.. c'est
possible. Mais n'empêche, on parle de la France, de son président,
(c'est moi ! quand j'y pense, je n'en reviens pas), et c'est
tout ce qui compte !
Oh la la, je suis en
train de marquer de mon empreinte l'Histoire avec un grand H, tu te
rends compte, maman ? s'émerveilla le président.
Ah que j'ai hâte
d'atterrir en France pour savourer ma réussite, voir l'admiration
et la vénération dans les yeux des Français et regarder BFMTV...
Au même moment, à
Washington DC, à la Maison Blanche...
Un rire tonitruant
résonna dans les couloirs. Les membres du personnel présent
restèrent figés quelques instants dans leurs occupations, surpris
par cette explosion de joie qui rebondissait d'un mur à l'autre
comme un torrent en crue. Melania Trump faillit en perdre son
chapeau. Elle se précipita vers le bureau ovale, ouvrit la porte à
la volée. Elle y trouva Donald hilare, la mèche en bataille, les
yeux rougis, se tenant les côtes, suffocant de rire.
- Mais que se passe-t-il,
Honey ?
- Tu as vu, non mais tu as
vu ? hoqueta le Président, entre deux spasmes.
- Vu quoi, Sweetie ?
- T'as vu le cinéma que je
lui ai fait, au Frenchie ?
- Oui, c'est vrai, je t'ai
trouvé bien amical avec lui !
- Amical ? You're
kidding ? J'étais à deux doigts de lui rouler une pelle !
Un french kiss !
Il repartit de plus belle
dans son éclat de rire.
- Mais pourquoi donc ?
Tu n'as pas viré ta cuti, au moins ? demanda Melania
faussement inquiète.
- Tu ne comprends pas ?
dit le président en s'essuyant enfin les yeux avec son mouchoir.
Je
viens de tuer dans l'oeuf la politique étrangère de ce petit
merdeux.
- Comment ça ?
- Eh bien, avec les photos
de notre merveilleuse entente, de notre formidable complicité, de
nos liens indéfectibles, qui sont en train de submerger la Presse
internationale, je peux te dire que, désormais, pour pouvoir être
crédible au Moyen-Orient, en Russie ou en Chine, il va ramer comme
un malade, le gamin ! Non mais, t'imagines la gueule que vont
tirer les Palestiniens en voyant à quel point on est copains, lui et
moi? Désormais, si l'Amérique est vomie par les Arabes partout dans
le monde, elle n'est plus seule ! Je viens d'associer à notre
Club de la détestation, ces cons de Français.
- C'est vrai que tu y es
allé assez fort dans tes démonstrations ! reconnut Melania
- Tu parles ! Je me
suis amusé comme un petit fou. Je me suis même permis de faire
savoir publiquement que ce petit con avait des pellicules ! Il
n'a même pas pu moufter ! Trop drôle ! Et plus je jouais
au père attendri avec lui, et plus il était ému ! Non mais
sérieux, je n'en pouvais plus ! Il n'a rien capté, l'abruti !
Tu sais que j'ai même
été jusqu'à le féliciter pour sa politique anti-immigration,
alors qu'il n'a rien foutu à ce niveau, et que son pays est submergé
par tous les va-nu-pieds d'Afrique ? Ça a dû le surprendre
d'ailleurs. Mais il n'a pas pigé qu'avec cette simple petite phrase,
je l'associais à mon entreprise de mur anti-migrants! D'un seul coup
d'un seul, je l'ai grillé auprès des populations migrantes et des
associations immigrationnistes. Formidable, non ? Le comble,
c'est qu'il continuera à se coltiner les clandestins par centaines
de milliers mais sans avoir leur reconnaissance ! Non, je te
jure, il a tout gobé sans sourciller, ce greenhorn ! Tu sais
qu'en France, ils le surnomment l' « Obama français »?
Ça ne rend ma manip que plus délectable !
- Mais tu lui as promis
quelque chose ?
- Tu rigoles ? Que
dalle ! Nix ! Il a bien cherché à aborder son histoire de
climat, tu sais, sa marotte du bullshit de réchauffement climatique,
entre deux câlins, mais j'ai botté en touche à chaque fois. Pareil
avec ma position par rapport à l'Iran. Il a bien tenté de dire à
qui voulait l'entendre qu'il avait obtenu quelque chose, mais je
crois qu'il n'y croit pas lui-même ! Que dalle, je te dis. Il
n'a rien eu de ma part.
Non, crois-moi, il y
avait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé à manipuler un
interlocuteur ! Tu sais que même la Presse française, qui,
jusqu'à maintenant, n'a eu de cesse de me chier dans les bottes et
de me prendre pour un gogol, a trouvé notre entente formidable ?
Non, mais sérieux ! Je suis trop fort ! Leurs journalopes
gauchos, toujours prompts à faire dans l'anti-américanisme
primaire, particulièrement quand il y a un Républicain au pouvoir,
n'en pouvaient plus de s'extasier devant notre couple, si fusionnel !
Trop fort, je te dis ! Ils n'ont même pas percuté que la
connivence d'un anti-système comme moi, et d'un pur produit du
dit-système comme ce blanc-bec sonnait faux comme une cloche fendue.
Ah les fucking shitheads!
- Remarque, Honey, ce n'est
pas le premier à t'avoir sous-estimé, et ça ne sera pas le
dernier...
- Ils n'avaient qu'à lire
mon bouquin « The art of the deal ». J'y explique déjà,
il y a plus de trente ans, que dans une négociation, il faut
toujours paraître être le moins intelligent. Mais ça, on ne doit
pas l'enseigner dans leur fucking Ecole Nationale d'Administration.
En attendant, j'ai maintenant un pion à ma botte sur l'échiquier
européen, en plus de la Theresa May. La Merkel qui ne peut pas me
blairer, va se trouver méchamment isolée.
Vraiment, cette rencontre
a été jouissive : comment faire des affaires tout en
s'amusant ! Je crois que je vais écrire un livre que
j'appellerai « The art of diplomacy » !
Narcisse est tellement aveuglé par sa lumière qu'il ne voit pas que Trump en fait son caniche, tapoté, épousseté, entraîné par la papatte... Et il est tout fier, le toutou dans son costard étriqué de minet. Il se voit beau, il est ridicule. Ouaf !
RépondreSupprimerSi seulement les Français voulaient/pouvaient lui intimer: "Couché!"...
SupprimerC'est ce qu'on appelle "le jeu de Trump-couillon"!
RépondreSupprimerAmitiés.