Train du Tiers-monde/Rue de Saint-Pétersbourg |
Monsieur et Madame
Macheprot, Français de souche, étaient persuadés, bercés par des
décennies de litanies politico-médiatiques, qu'ils avaient le
bonheur d'habiter un pays béni des dieux et jalousé par le reste du
monde. Ils étaient supposés être « heureux comme Dieu en
France » comme disent, (ou disaient...) les Allemands :
« wie Gott in Frankreich leben ». Bien sûr, ils savaient
que la France connaissaient quelques problèmes de chômage, mais
après tout, « qui n'en connait pas, dans les pays développés,
n'est-ce pas ? ».
Et puis, cette
immigration arabe n'était-elle pas une chance pour la France ?
Si les médias ne manquaient aucune occasion de le claironner, c'est
que ça devait être vrai. La France allait mieux s'en sortir que ses
concurrents parce que précisément, elle allait bénéficier des
richesses apportées par une autre culture. La culture musulmane, en
l'ocurrence. D'ailleurs, la France n'avait-elle pas tiré partie,
récemment, au cours du XXe siècle, des apports exogènes d'autres
cultures ? Italienne, espagnole, polonaise, par exemple. Et
puis, si le pays connaissait quelques problèmes d'insécurité, de
pauvreté, c'était forcément le lot commun de nos voisins
européens. Sûrement.
Et enfin, la France avait
l'immense privilège d'être abritée sous le toit à trois pans de
cette Europe : Communauté Européenne, monnaie Euro et Espace
Schengen. Toit devant lequel des pays faisaient la queue pour tenter
de s'y abriter. C'est bien la preuve que sa situation était
enviable, non ? Il fallait être inconscient comme des
Britanniques qui ne faisaient de toutes façons rien comme tout le
monde, pour, ne serait-ce qu'à l'occasion d'un référendum, songer
à quitter cette Europe. Et nos meilleurs économistes quasiment
unanimement, prédisent une catastrophe économique pour la Grande
Bretagne s'il lui prenait l'envie d'un Brexit. Car bien évidemment,
en dehors de cette Europe fédérale, il n'y a point de salut. Et
dire que les Helvètes ignorent cet axiome basique, ces idiots...
Et puis en ce début de
juin, Monsieur et Madame Macheprot entreprennent, pour une huitaine
de jours de vacances, de visiter les pays baltes à l'occasion d'une
croisière sur la mer baltique. Norvège, Suède, Finlande, Russie et
Estonie sont au programme.
Au retour de leurs
escales, ils constatent très vite qu'ils avaient oublié ce qui
pouvait encore exister : des villes développées, civilisées,
propres et sûres. Des transports en commun en état impeccable,
parfaitement fréquentables. Des couloirs de métro qui ne sont pas
des coupe-gorges. On n'y crache pas, on n'y fait pas de vacarme, on
n'y fait pas la manche, on n'y trouve pas des pseudos musiciens pour
vous soutirer une pièce. Les voyageurs sont disciplinés, il n'y a
pas de resquilleurs. Dans les rues où ne traînent ni SDF, ni barbus
en djellaba, ni belphégors, ni vendeurs à la sauvette, des
voitures récentes dénotent un niveau de vie confortable, même en
Russie. Et de toute évidence, la Norvège et la Suède ne semblent
pas trop souffrir de se passer de l'euro et d'avoir gardé leur
monnaie nationale !
Les Macheprots s'étonnent
de pouvoir se promener dans les rues à toute heure du jour et de la
nuit en toute sécurité. C'est à peine si à Saint-Petersbourg on
les prévient d'un risque de pickpockets, qu'ils ne verront
d'ailleurs jamais. Et pourtant, ils se font la réflexion que
finalement, ils n'ont quasiment jamais vu de présence policière,
pas même à Saint-Pétersbourg, contrairement aux idées reçues.
Les Macheprot font aussi
connaissance avec un pays qui sait ce qu'est une frontière. Arrivés
à Saint-Pétersbourg, ils bénéficient d'un visa de groupe. Pour
trois jours. Pas un de plus que nécessaire. Et à condition de
passer les nuits à bord de leur paquebot. Le contrôle des
passeports se fait à la sortie du bateau comme à son entrée. En
revanche, quand ils arrivent en Estonie, pays de la Communauté
Européenne et de l'Espace Schengen, ils sont surpris de ne passer
par aucun contrôle douanier. Ils auraient pu être ressortissants de
Syrie, Irak ou du Yémen, cela aurait été pareil : aucun
contrôle de passeport pour pénétrer dans un pays de l'Espace
Schengen. Et de là, circuler en toute quiétude partout d'un pays à
l'autre. Les Macheprot venaient d'être les témoins abasourdis de ce
qui se murmure dans les milieux de droite « populiste » et
que ne dénoncent jamais les médias officiels: l'Europe est une
passoire, totalement incapable (ou non désireuse?) de protéger ses
frontières extérieures.
Matraqués par la
propagande officielle qui propulse Paris au rang de « plus
belle ville du monde » Monsieur et Madame Macheprot sont
sidérés de constater que Saint-Pétersbourg est une ville fastueuse,
fière de son passé, formidablement entretenue et riche de trésors
architecturaux qui tiennent la dragée haute à la capitale
française.
Que cela soit Stockholm,
Helsinki, Oslo, Tallinn ou Saint-Pétersbourg, aucune de ces villes
n'est enlaidie par des sculptures prétendument contemporaines,
snobinardes et authentiquement vulgaires. Ni par des tags d'ailleurs.
Dans tous les pays
baltes, les Macheprots sont frappés par une constante : partout
les églises chrétiennes, souvent très anciennes, foisonnent. Les
croix sont omniprésentes. Aussi, quand à leur retour en France,
ils tombent, dans la Presse, sur la réflexion de Frédéric Lefebvre, ex-ministre de
Sarko, qui nie les racines chrétiennes de la France et de l'Europe
et ose mettre en balance une prétendue part d'identité musulmane,
ils se demandent s'il est juste inculte, crétin ou d'une affligeante
mauvaise foi collaborationniste. Et ils se demandent ce qu'il serait
advenu en 1945 à une personnalité politique qui aurait renié
pendant l'Occupation, la spécificité de la culture française et
vanté un prétendu pan-germanisme de la France...
Mais tout a une fin, et
il faut bien mettre un terme à ce voyage en terre inconnue. Le
retour de vacances des Macheprot dans leur mère patrie est rude.
Arrivés à Paris Gare du Nord, à la vue de la faune qui y grouille,
ils se demandent s'ils n'ont pas fait un voyage dans l'espace-temps :
très au sud et très en arrière dans le temps. Bienvenue dans le
tiers-monde.
Grève des éboueurs
aidant, la capitale est encore plus sale que d'habitude. Médusés,
les Macheprots se rendent compte que la racaille est omniprésente.
Ils se disent que finalement, ce qui distingue les hooligans anglais
ou russes des hooligans français, c'est que les hooligans anglais ou
russes sont simplement la lie de leurs sociétés respectives. Mais
les hooligans français sont subventionnés par l'Etat, font partie
des instances consultatives et donc d'une certaine façon des
instances dirigeantes et portent des brassards de la CGT.
Monsieur et Madame
Macheprot, revenus au bercail, sont bien obligés d'en convenir :
leur pays est en voie de sous-développement. Petit à petit, sans
qu'ils s'en soient rendus compte jusqu'à ce jour, la France devient
un pays du tiers-monde. Et tout bien réfléchi, pourquoi en être
surpris ? A force d'importation incontrôlée de tiers-monde, il
est normal que le tiers-monde finisse par imbiber en profondeur le
pays hôte. Loin de tirer les immigrés vers le haut, c'est le pays
développé qui finit par être tiré vers le bas, entraîné par une
masse parasite qui dépasse ses capacités d'absorption.
L'image du syndrome de la
grenouille ébouillantée revient à l'esprit de Monsieur Macheprot :
quand on plonge une grenouille d'un seul coup dans de l'eau
bouillante, elle a un réflexe qui la propulse en dehors du
récipient, et elle s'en tire sans trop de dommages. Quand elle est
plongée dans l'eau froide et qu'on fait monter la température
doucement jusqu'à l'ébullition, elle subit sans réagir et finit
ébouillantée. Monsieur Macheprot commence à comprendre qu'il a été
cette grenouille pendant longtemps, une grenouille arrachée
brièvement, le temps de cette incursion dans les pays baltes, à
cette eau française qui montait, à son insu, en ébullition. Et
devenait mortelle.
Excellent! Et bien écrit; ce qui ne gâte rien.
RépondreSupprimerMerci!
RépondreSupprimerIl serait bon que tous les Macheprot qui votent fassent ce genre de petite excursion.
RépondreSupprimerTrès chouette la métaphore de la grenouille!
Amitiés.
Super ce billet, quel réalisme. Merci de la part d une grenouille
RépondreSupprimerJ-J S
De quelque côté que l'on vienne, et quel que soit le moyen de locomotion, l'entrée dans Paris est une sacrée épreuve.
RépondreSupprimerC'est moche et sale de partout.
C'est terrible...
Carine
comme disait efa choly "Nicolas Sarkozy a réalisé l'africanisation de la France"
Supprimerc'était en 2007 , mais ça n'a jamais été repris par les médias
dommage
et c'est impossible de remettre la main dessus sur le 'ternet
encore un beau texte plein de lucidité ...j'ai pu lors de mon voyage au Québec vivre cette plongée dans la difference ...embarquée a l'aéroport de Montréal j'avais apprécié qu'un quidam (payé pour ça) se mette a ma disposition pour me véhiculer avec ma valise jusqu'au point de départ de mon avion,j'avais trouvé très bien qu'une femme de service campe dans chaque série de toilettes pour aller serpiller et torchonner dès qu'une personne sortait du WC, j'avais bien aimé les couloirs propres , les sièges sans miettes ni chips , ni taches glauques ...il régnait en ce lieu calme et sécurité . au débarquement a Roissy, autre paysage, autre ambiance, des groupes ethniques vociférants et râleurs, un lieu dégueulasse et une fois nantie d'un chariot pour promener mes valises (après un quart d'heure de recherches des dits chariots) je me suis fait engueuler copieusement par une chance pour la fwance qui prétendait m’empêcher de m'en servir car il ne voulait pas se faire chier a aller le recupérer auprès des quais de chemin de fer .
RépondreSupprimerc'est vrai que le pauvre garçon étant payé pour ça , je me demande de quel droit j'usais d'un chariot mis a disposition .
je ne sais pourquoi son tutoiement ma bien plus gêné que celui du citoyen québecois qui m'avais aidé a Montréal ...peut être que le" va te faire foutre"que m'a servi le gus de Paris manquait de cordialité !
quand a l'art subventionne ...j'ai vu dans un château a OIron, une oeuvre impérissable d'un " Hartiste" clairvoyant , dans une salle des squelettes de dromadaires tournaient grâce a une machinerie, les murs étaient couverts de fourches plantées et de noix de coco , un beau message preparez vos fourches pour accueillir dromadaires et noix de coco