Pourquoi ce blog?

Jamais l’emprise du politiquement correct sur l’Information n’a été aussi forte. Naguère subtil, il est aujourd’hui omniprésent et ne s’embarrasse même plus de sauver les apparences. Il s’affiche comme un véritable terrorisme intellectuel : non seulement il monopolise la pensée sociale et politique, son expression, mais il se permet de sanctionner, éventuellement judiciairement, tous écarts et ceux qui les commettent. Les petits soldats de la Pensée Unique, journalistes, animateurs tv ou radio, se pressent au p ortillon de l’accès aux tribunes médiatiques et c’est à celui qui affichera avec le plus de zèle sa soumission au dogme.
Ce blog a pour très modeste ambition de pointer du doigt ces attentats terroristes de la Pensée et dénoncer les personnes publiques qui les commettent, consciemment ou inconsciemment.
Si vous cherchez à lire l’actualité sous un autre angle que celui que vous imposent la tv, les magazines, la radio, la presse ou le quidam-perroquet de la rue, lui-même matraqué par ces médias, ce blog est pour vous… et attend vos témoignages !
Si les propos de ce blog vous choquent, vous pourrez ainsi mesurer à quel point vous avez été formaté par la Pensée Unique… et apprécier le degré d’urgence que vous avez à vous dépolluer l’esprit.

vendredi 24 août 2012

Paradis criminel, enfer télévisuel.


Hollande Ouille a donc profité de quinze jours de vacances au fort de Brégançon, alors qu'il n'a été embauché que depuis moins de quatre mois : un salarié « normal » fraîchement recruté n'aurait pas bénéficié de tant de largesses de la part de son employeur. D'où la différence entre un président « normal » et un salarié fonctionnaire « normal ». Cela étant constaté, on aurait mauvaise grâce à le lui reprocher, tant il est vrai que, quand il est en activité, il n'en fait finalement pas plus que quand il est en vacances. Et en vacances, il est moins sous le feu des projecteurs, donc moins enclin à nous bassiner avec ses propos lénifiants et son sourire niais. D'une certaine façon, ses vacances ont été un peu les nôtres, et celles du blog de Saucisson-Pinard par la même occasion !

Mercredi soir dernier sur France 2, votre serviteur s'est pastillé un téléfilm, « Paradis criminel » qui lui a fort opportunément fourni le prétexte d'un article en cette période calme sur le plan de l'actualité. Et il lui a fallu puiser très profondément dans cette motivation, pour boire ce calice jusqu'au bout des deux parties de 95 minutes chacune de ce téléfilm.
A quoi bon diffuser une critique de film une fois celui-ci diffusé, me direz-vous ? C'est effectivement ce que je me suis dit et j'étais à deux doigts de renoncer à poster cet article quand est arrivé aux informations cette nouvelle selon laquelle le service public de l'audiovisuel pourrait à nouveau se voir offrir la manne publicitaire après 20 heures. Le prétexte étant que l'Europe (de quoi je me mêle?) trouverait à redire au financement de la grande famille de France 2 et consorts par la taxe sur les opérateurs téléphoniques, trouvée comme alternative à la publicité dont Sarkozy a voulu la suppression sur les chaînes du service public depuis 2009...

Bref, cette nouvelle m 'a donné à penser sur les besoins financiers de France 2, et notamment pour ce qu'il est convenu d'appeler pompeusement les « créations originales », cette réflexion coïncidant avec la diffusion de « Paradis criminel », création originale s'il en est. Franchement, la diffusion de cet authentique navet vient au pire moment pour justifier la perpective pour les téléspectateurs d'avoir à nouveau à subir de nombreuses coupures commerciales en soirée sur les chaînes du service public. Se dire que notre redevance a servi à payer cette daube est déjà en soi, un motif de grande frustration qui semble suffisant.

Un nom à retenir : Serge Meynard, celui du réalisateur qui a commis « Paradis criminel », ne serait-ce que pour éviter de tomber par hasard sur sa prochaine création. Il s'agit en effet de se méfier car l'individu ne choisit pas nécessairement une mauvaise histoire. En l'occurrence, celle de « Paradis criminel » aurait pu tenir la route: l'enquête d'un flic solitaire sur le viol d'une jeune fille et la mort qui ressemble bien à un meurtre d'un copain de la dite jeune fille. Mais Meynard semble avoir eu le don de transformer cette histoire en affligeant et involontaire pastiche de film policier. Tout, absolument tout, est raté dans ce film : les acteurs sont mauvais ou mal mis en valeur, les dialogues laborieux et irréalistes, la musique pénible, le scénario grotesque, la façon de filmer prétentieuse et lourde.

Les acteurs semblent s'ennuyer ferme à force de s'échanger des regards lourds de sous-entendus. Marie-France Pisier se demande ce qu'elle fait dans ce nanar qu'elle traverse comme une ombre. Ce fut hélas son dernier film. C'est à se demander s'il faut chercher dans ce fiasco les raisons de son suicide...

Les dialogues sont invraisemblables. Un petit garçon s'y exprime comme un adulte, les tirades des adolescents sont visiblement écrites par un vieux qui croit jouer au « djeune ». Les réflexions prêtées à l'enquêteur donnent au spectateur un grand coup de nostalgie de l'humour caustique de Poiret jouant l'inspecteur Lavardin.

La musique tient le suspens du film comme une corde tient un pendu. Mais pendant plus de trois heures, c'est franchement pénible.

Le scénariste doit se dire que la simplicité est un signe de ringardise. Alors il en fait des tonnes en multipliant les scènes improbables. Pour se conformer à la bien-pensance décadente de notre société, il sort de son chapeau, sans crier gare, un couple de pédés, l'un quinquagénaire bien pesé, l'autre adolescent. La présence de ce couple n'apporte absolument rien à l'histoire, mais n'est là qu'en respect du quota de déglingos que se doit avoir toute œuvre audiovisuelle contemporaine. Mais attention, c'est un couple bien comme il faut : la preuve ? Le quinqua en question a beau se taper un adolescent qui n'est pas certain d'afficher 18 ans au compteur, il n'en exprime pas moins sa colère tellement-comme-il-faut contre un pédophile supposé, amateurs de petites filles, en le rossant en pleine rue... On ne cherchera pas ailleurs la dimension morale de l'histoire, elle est toute résumée dans cette scène.

Après le couple de pédés, on passe au couple de gouines : une des jeunes filles protagonistes de l'histoire serait amoureuse de la victime violée.

Le scénariste finit de s'affranchir des contraintes du politiquement correct en complétant son tableau avec un patron d'entreprise à la moralité très douteuse, (patron et crapule : le pléonasme type dans le vocabulaire gauchiste), une allusion à la corruption des élus, maires et députés dans les affaires de permis de construire (les politiques : tous pourris, évidemment), une caricature de bigote catholique folle de Ste Thérèse comme il n'en existe que dans les fantasmes des bouffeurs de curés.

A la réflexion, pour que le tableau soit complet, il aurait fallu mêler dans l'intrigue l'arabe de service, vous savez, celui qui est toujours accusé au début du film mais forcément innocenté à la fin puisque c'est le notable, blanc et riche, qui est le coupable... Mais dans « Paradis criminel » pas de tel arabe. C'est vrai que l'histoire se passe dans une province profonde...

Un critique évoque, dans un journal télé, le penchant de Serge Meynard pour la dénonciation des travers de la bourgeoisie de province, en disant qu'il louche sur Chabrol. Peut-être, mais alors d'un strabisme très divergeant sur le Chabrol sénile qui n'était plus, dans ses derniers films, que sa propre caricature...

Le bouquet final de ce scénario lourdingue et de cette mise en scène prétentieuse a lieu dans les dernières secondes du film où on comprend que le petit garçon qui croise de temps à autre l'enquêteur, rôle d'ailleurs superflu, serait en fait un fantôme... Si le téléspectateur a eu le courage de tenir jusqu'au bout de ce téléfilm sans s'endormir avant, il peut alors partir dans une franche hilarité à la vue de ce rebondissement surprise grand-guignolesque. Pour le coup, c'est sur le film « Le Sixième Sens » que Meynard s'est mis à loucher dangereusement...

La façon de filmer participe au côté prétentieux de l'ensemble. Sophistication gratuite des plans, avec abus de plongée et contre-plongée à tous propos, plans serrés sur les regards inexpressifs des comédiens, des clairs de lune assistés de projecteurs de 10 000 watts, parfois des prises façon caméra-sur-l'épaule sans que jamais cela soit justifié par la scène, entrecoupées de longs et lents travellings se terminant sur des gros plans sans signification. Le tout est extrêmement poussif et assommant et explique pourquoi le supplice dure trois heures au total, car, comme bien souvent, ceux qui ne savent pas faire, ne savent pas, en plus, faire court...

Ce téléfilm, tourné en 2008, a mis donc près de quatre ans à être diffusé. Serge Meynard s'en étonnait lui-même le matin même sur une radio périphérique qui lui donnait l'occasion de faire sa promo. En ce qui me concerne, il aurait bien pu rester au fond d'un tiroir encore quelques années de plus. A la limite, il pourrait servir de base de travail à des étudiants en réalisation audio-visuelle, comme cas d'école de tout ce qu'il faut éviter de faire dans la création. On sent bien que la direction des programmes de France 2 a dû se sentir obligée de se débarrasser de cette daube, en une seule fois (les deux parties ont été diffusées le même soir, l'une à la suite de l'autre), au cœur de l 'été, quand l'audience est moindre.

Le plus comique est que cette « oeuvre », figurez-vous, a gagné un prix : celui de la meilleure « mini-série TV en prime time » au festival de la fiction TV de la Rochelle en 2009 ! (Le jury avait le choix entre quatre titres. On n'ose imaginer comment étaient les trois autres!) Une sorte de prix de camaraderie proposé à l'élève qui n'obtient aucune autre récompense dans les matières scolaires. Bel exemple de solidarité des professionnels de la TV entre eux.

Reste que, pour revenir au propos de ce début d'article, faut-il vraiment ré-introduire de la publicité le soir sur les chaînes publiques pour payer ce genre de ratage... pas sûr !

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