Dans une classe de quatrième, en 2040.
La maîtresse : Asseyez-vous les enfants. Aujourd'hui, nous allons entamer l'étude qui s'étalera sur plusieurs semaines, des différents régimes politiques qui existent de par le monde, voir ce qui les différencie, leurs points communs, et comment ils se sont formés au fil des siècles. Et nous commencerons par celui qui régit notre pays, la Confédération Européenne. Qui peut dire quel est ce régime ?
Djibril : La dictature ?
La maîtresse : Sors immédiatement de cette classe, Christophe, et va voir le Directeur ! Je ne supporterai pas plus longtemps ton impertinence ! Ce n'est pas parce que tu es le seul Blanc de cette classe que tu peux tout te permettre ! On n'est plus au temps des colonies ! Rachid, emmène Christophe chez Monsieur Mamadou, le Directeur.
Bon, qui a une réponse correcte à ma question ? Idriss ?
Idriss : La république ?
La maîtresse : C'est vrai dans l'Etat de France, mais pas partout dans notre Confédération. Certains des Etats de notre bienaimée Confédération sont encore en monarchie. Mais il faut reconnaître qu'il s'agit alors davantage de folklore issu du passé que d'une réalité de fonctionnement. Notre Confédération consent à ce que certains états conservent ce folklore pour faire croire à leurs ressortissants que rien n'a changé depuis des siècles. Mais en réalité, ils fonctionnent selon le principe de République. Qui peut me dire ce qu'est la République ?
Mohammed : C'est la chose publique ?
La maîtresse : Bravo Mohammed, c'est exactement ça ! La République, c'est la chose publique ! Cela signifie que c'est le peuple qui s'occupe de la façon dont un Etat est dirigé.
Kamil : Comme en République Islamique, par exemple ?
La maîtresse : euh, enfin, euh, oui, euh mais, c'est un peu différent. En République Islamique, c'est une caste qui dirige le pays.
Ibrahim: Mais en Confédération Européenne, ce n'est pas une caste qui dirige les Etats ?
La maîtresse : Ce sont des élus du peuple !
Souleymane : Dans l'Etat de France, les élus ont un pouvoir ?
La maîtresse : euh, non, pas vraiment... Ils sont juste là pour veiller à ce que soient respectées les décisions prises par les élus du Parlement européen.
Oumar : Et les élus du Parlement européen, ils ont un pouvoir ?
La maîtresse : Euh, ben, ils ont le pouvoir d'entériner les décisions de la Commission Européenne.
Habib : Mais la Commission Européenne qui prend les décisions, elle représente le peuple ?
La maîtresse : euh, non, pas directement... Elle représente les intérêts supérieurs de la Confédération Européenne !
Pape : Les intérêts supérieurs, c'est quoi ?
La maîtresse : Les intérêts des multinationales qui font marcher l'économie de la Confédération Européenne.
Madani : Les intérêts d'une caste donc. Comme en République Islamique alors !
La maîtresse : Vous m'agacez là ! Bon, c'est vrai, le mot République n'est pas forcément un gage de bon fonctionnement. Il y a par exemple, ce qu'on appelle les républiques bananières.
Riman : C'est quoi, madame, une république bananière ?
La maîtresse : Une république bananière, c'est une république autoritaire qui obéit à des intérêts financiers étrangers.
Fatoumata: Autoritaire, comme quand une république limite la liberté d'expression ?
La maîtresse : Absolument !
Fatoumata: En supprimant des chaînes de télévision par exemple ?
La maîtresse : euh...oui, par exemple...
Fatoumata : Quand un organisme au service du dictateur observe à la loupe et censure éventuellement ce qui est dit sur des chaînes considérées comme d'opposition à ce dictateur ?
Aïcha : Quand un média de service public financé par les contribuable se moque éperdument de sa gestion financière catastrophique, puisque assurée de son financement quoiqu'il arrive, et se charge de diffuser la voix officielle du dictateur qui a désigné sa dirigeante?
La maîtresse : C'est effectivement comme ça que ça se passe en république bananière.
Farah: Mais Madame, dans une république bananière, il n'y a pas une Justice indépendante qui peut intervenir ?
La maîtresse : Vous savez, dans un régime dictatorial, comme celui qui sévit dans une république bananière, la Justice est de mèche avec le dictateur ! Par exemple, elle peut empêcher un candidat de se présenter à une élection en prétextant une incompatibilité pour un motif futile. Ou, pour dissuader des ambitions d'éventuels candidats d'opposition, elle peut sanctionner durement un ex-opposant, sur la base de simples suspicions de culpabilité sans aucune preuve. Pour l'exemple.
Baya : Comment elle peut faire ça ?
La maîtresse : Dans une république bananière, prenez par exemple, une juge qui a déjà manifesté publiquement son hostilité à cet ex-opposant ; on la charge de mener un procès à son encontre. Ce procès dure des années et des années et coûte évidemment très cher, mais cela a deux buts : faire croire que les charges sur le prévenu sont nombreuses, et que tout est examiné avec soin et attention, pour une objectivité irréprochable. Si au terme de ce procès, il n'y a malgré tout vraiment rien de concret dans les accusations, ni rien de prouvé, ce n'est pas grave : la juge invoquera un faisceau d'indices et une intime conviction que l'ex-opposant est coupable, elle le condamne et le met en taule. Le message est ainsi passé à ceux qui auraient des velléités de s'opposer au dictateur : « Si vous ne traversez pas une rue sur les clous, vous serez condamné pour mise en danger d'autrui, et non respect d'un code de la route qui est une autorité instituée par le peuple, pour le peuple. Et vous irez en taule. »
Inaya : Mais Madame, si des personnes expliquent publiquement ce qui se passe dans cette république bananière afin de prévenir la population, ça ne peut pas rétablir la république dans sa fonction normale ?
La maîtresse : Vous savez, dans une république bananière, on l'a vu tout à l'heure, les médias sont soit coopérants du dictateur, soit persécutés jusqu'à leur disparition. Et si néanmoins il y a des récalcitrants qui parlent un peu trop fort, on les supprime. On évoque leur « suicide » soudain et inattendu. Le peuple de base oubliera très vite ces affaires, mais les récalcitrants potentiels, eux, les garderont en mémoire.
Aminata : Mais, Madame, elles sont où, ces républiques bananières ?
La maîtresse : Un peu partout dans le monde, les enfants ! Mais vous avez la chance, vous, de vivre dans la belle et grande démocratie républicaine qu'est la Confédération Européenne, et dans un de ses Etats qui lui est le plus fidèle. Vous pouvez, mes chers enfants, en être fiers !
Bien, nous verrons dans notre prochain cours, justement, comment la démocratie est la vertu cardinale du mode de fonctionnement de notre admirable Confédération Européenne. Bonne journée les enfants !
RAPPEL: Macreux tente d'instaurer un climat de peur, afin de distraire l'opinion de son fiasco généralisé dont les Français ont de plus en plus conscience. C'est une manœuvre qui, il faut le reconnaître, lui a pas mal réussi pendant l'épisode Covid. Il tente de la réitérer sur la base des conflits en cours. Pour ce faire, son dernier outil en date est l'envoi d'un « guide de survie », supposé servir en cas de guerre. Ce guide de survie était supposé vous parvenir cet été. Il semble que cet envoi ait été reporté à octobre prochain. Une bonne réponse à signifier à Macreux pour lui montrer que vous n'êtes pas dupe de sa tentative d'enfumage, serait de lui renvoyer ce guide. Pour cela, il suffit de ne pas ouvrir ce courrier et d'écrire sur l'enveloppe « Refusé. Retour à l'envoyeur » et de la poster sans l'affranchir. C'est gratuit.
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