Monsieur Mouton est joyeux. Il a écouté les écolos sur les terribles dangers de la voiture thermique sur le climat et il a compris. Il lui faut une voiture électrique. D'ailleurs, Monsieur Mouton est un bon européen. Et il a entendu sa bonne fée Ursula qui lui a dit qu'à partir de 2035, il n'y aurait plus de voiture à moteur thermique neuve à la vente. Alors Monsieur Mouton est tout joyeux parce qu'il vient de recevoir sa nouvelle voiture électrique et il se sent une âme écolo.
Bon, en fait, non. Il espère surtout faire une grosse économie sur le coût de ses trajets habituels, en ne payant plus cette essence au prix exorbitant.
Certes, sa belle voiture va lui coûter un bras, mais Monsieur Mouton espère s'y retrouver avec le temps. Et puis, au moins il profite encore de « la prime à la conversion » offerte sur les voitures électriques. S'il avait attendu que cette prime soit supprimée, c'est-à-dire, au 1er janvier 2025, son achat lui aurait coûté deux bras.
Sa voiture flambant neuve
est là, en bas de son appartement, sur le parking de sa résidence.
Monsieur Mouton est très fier de son acquisition. Bon, évidemment,
pour la recharge de sa belle voiture électrique, c'est un peu
compliqué. Il n'y a pas de borne de recharge sur le parking de sa
résidence. Et ses voisins du dessous lui ont fait comprendre qu'ils
n'aimaient pas trop voir pendre sa rallonge électrique de 80 mètres
devant leurs fenêtres. Même son voisin du rez-de-jardin lui a dit
que cette rallonge traînant dans son jardinet le gênait quand il
tondait sa pelouse... Faut dire que ses voisins sont vraiment des mauvais coucheurs!
Monsieur Mouton va donc recharger sa belle voiture en centre-ville, à 5 mn de son domicile. 5 mn en voiture, un quart d'heure à pied. Et il prend rapidement l'habitude d'aller la recharger le soir, quand il rentre du travail. Enfin... quand il peut. Parce que souvent, il n'y a pas de place disponible sur l'emplacement de recharge, déjà occupée par Monsieur Pigeon, un autre amateur de voiture électrique. Ou par quelqu'un d'autre. Donc, dans ce cas, Monsieur Mouton revient chez lui. Il retournera voir si la place est libre, plus tard en soirée, vers 22 heures. Ou vers 23 heures, après le film à la télé qui est entrecoupé de pubs qui lui disent comme c'est formidable d'avoir une voiture électrique.
Quand sa belle auto a enfin trouvé une borne de recharge disponible, Monsieur Mouton attend patiemment qu'elle se charge, derrière son volant, avec un bon livre qu'il a pris soin de laisser dans sa boîte à gants, pour meubler ses heures d'attente à venir. Parfois, il préfère rentrer à pied chez lui, le temps que la recharge se fasse. Après tout, une bonne demi-heure de marche aller-retour, le soir, en pleine nuit, c'est bon pour la santé. Quand Monsieur Mouton se sent une grosse flemme, et n'a plus très envie de lire, il préfère aller dans un bar proche, consommer une bonne bière pour tuer le temps. Une bonne bière dont le coût se rajoutera à celui de la recharge proprement dite.
Bref, Monsieur Mouton, qui revenait habituellement, à bord de son véhicule à moteur thermique, de son bureau, le soir vers 18 heures pour profiter pleinement de sa soirée cocooning au fond de son fauteuil du salon, a désormais quelques occupations nocturnes. Et plusieurs fois par mois, il ne peut profiter de ce confortable fauteuil qu'à partir de 19 heures, dans le meilleur des cas. Ou devoir se faire une petite sortie de nuit avant de se coucher vers minuit, dans le pire.
Que voulez-vous, on n'a jamais dit qu'être écolo ne demandait pas quelques efforts !
Tout ceci n'est pas bien grave. Et Monsieur Mouton se fait une joie de bien profiter de sa belle auto électrique, lors de la petite virée qu'il a prévue de s'offrir avec Madame Mouton pour le week-end prolongé qui s'annonce. En effet, Monsieur et Madame Mouton vont partir de Rennes pour aller au Touquet-Paris-Plage, voir leurs amis, Monsieur et Madame Normie. Ces derniers sont des macronistes convaincus. Ils se sont félicités, la dernière fois que Monsieur et Madame Mouton les ont vus, d'habiter un bord de mer sans avoir une forêt d'éoliennes devant leur baie vitrée, grâce à l'intervention de leur Président adoré, qui, ayant également un pied à terre dans cette localité, partage le même souci d'éviter cette nuisance. Aussi, Monsieur Mouton se fait une joie de montrer à Monsieur et Madame Normie, comme il est un bon écolo, avec sa belle voiture électrique.
Alors, en route ! Voyons, Rennes-Le Touquet, c'est à la louche 500 km. Soit 4H45 selon l'application Michelin. Sa belle auto toute neuve a, d'après le constructeur, une autonomie de 450 km. Donc, en partant avec une batterie chargée à mort, normalement, une seule recharge sur le parcours devrait suffire. C'est parti !
Tout en conduisant sur l'autoroute, Monsieur Mouton se souvient avoir lu dans le magazine Que Choisir que les données constructeurs sur l'autonomie de leurs véhicules électriques sont réalisées à partir de conditions très encadrées et restrictives de roulage. Et donc très optimistes. Et qu'il convient de les corriger de 10 à 33% en moins, selon les constructeurs.
« Bigre ! » se dit Monsieur Mouton, les yeux rivés sur la jauge de la charge batterie. Mais restons positif, et diminuons cette autonomie de la moyenne entre 10 et 33%, c'est-dire, de 15%. Après un rapide calcul de tête, Monsieur Mouton arrive à une autonomie théorique de 380 km. Ça va. Un seul arrêt-recharge suffira donc encore.
Mais il consulte sa jauge, et constate que les petits voyants verts disparaissent à une allure suspecte. Il lui revient alors à l'esprit que nous sommes en décembre. Et en décembre, il fait froid. Et le froid, la batterie n'aime pas trop. Son autonomie va en souffrir, c'est sûr ! Il lui semble avoir lu qu'une baisse de 30% d'autonomie du fait du froid est à envisager. A fortiori qu'il faut quand même mettre le chauffage dans la belle voiture électrique parce que Madame Mouton est frileuse. De 380 km d'autonomie, nous passons maintenant à 260 km ! « Re-bigre ! » s'exclame Monsieur Mouton dans son for intérieur. Comme il est hors de question de prendre le risque de tomber en panne à 10 km de chez les Normie, il va donc falloir prévoir un deuxième arrêt-recharge !
- « T'as vu ta jauge, chéri ? Il ne te reste qu'un petit voyant vert ! » remarque Madame Mouton. « Ne crois-tu pas bon de t'arrêter pour une recharge ? »
- « Oui, tu as raison. D'ailleurs, on vient de faire 200 km, on va bientôt arriver à la moitié du parcours. On s'arrête à la prochaine station. »
Mais ! Mais ! Qu'est-ce que dit ce panneau, là, sur le bord de l'autoroute ? La prochaine station, à 10 km, a sa borne électrique fermée !!
Monsieur Mouton pâlit.
Il est indiqué que la station suivante est à... 50 km ! Ouf, ça va être juste ! Monsieur Mouton, instinctivement, lève le pied de l'accélérateur. Il serre les fesses et Madame Mouton croise les doigts pour qu'il n'y ait pas d'autre mauvaise surprise. La moyenne tombe. Et fesses serrées et doigts crispés, le voyage n'est pas des plus confortables...
- « Ouf, voilà la station en vue ! Ça va le faire ! » se rassure Monsieur Mouton. Et effectivement, si la jauge est maintenant dans le rouge, la voiture peut prendre la sortie en direction de la station service et se dirige vers les bornes électriques salvatrices. Monsieur et Madame Mouton en sont à deux heures et quarante cinq minutes de route depuis qu'ils ont quitté Rennes.
Mais qu'est-ce que cette file de voitures à la queue leu leu, devant eux ? Ne serait-ce pas la file d'attente pour les bornes électriques !!
Bon, il va falloir prendre son mal en patience.
Une demi-heure plus tard, une place se libère enfin à la borne électrique. Monsieur Mouton choisit l'option recharge rapide, afin d'écourter au maximum l'arrêt. Ça ne remplira pas la batterie au maximum, mais de toutes façons, quitte à devoir faire un deuxième arrêt-recharge d'ici Le Touquet...
Monsieur Mouton est stupéfait du coût de cette recharge rapide. Il ne s'attendait pas à un tel montant. De toute évidence, il l'avait largement sous-estimé, voire carrément négligé.
Et trois heures et demi après le départ de Rennes, la belle voiture électrique reprend la route... jusqu'au prochain arrêt-recharge. Cette fois, histoire de ne pas se refaire une frayeur, Monsieur Mouton s'arrêtera à une station située 160 km plus loin, pour se donner une marge de sécurité. Et il y passera à nouveau près d'une heure, attente dans la file et temps de recharge compris.
C'est avec un soulagement certain que Monsieur et Madame Mouton arrivent enfin chez les Normie au Touquet, au terme de plus de 7 heures de trajet. Soit 50% de temps de plus qu'une voiture à moteur thermique. Monsieur Mouton cogitera tout le week-end sur son aventure et appréhendera le voyage-retour.
Sa décision est prise. Une fois rentré à la maison, c'est sûr, il tentera de vendre sa belle voiture électrique. D'autant qu'en y réfléchissant, il se dit que l'Etat ne va évidemment pas se priver de la manne financière colossale que représente la consommation d'une essence et d'un gasoil taxés à 80%. Et que bien évidemment, à moyen terme, il se refera la santé en taxant à mort l'électricité dispensée dans les bornes électriques privées et publiques de recharge pour automobile. Et le gain économique disparaîtra. Ne resteront plus que les inconvénients.
Ce que n'a pas encore anticipé, à ce stade, Monsieur Mouton, c'est que les voitures électriques d'occasion se vendent fort mal. Et donc à vil prix. Il le comprendra bientôt.
Il lui faudra alors juste espérer qu'avant de pouvoir vendre sa belle voiture électrique, il ne lui arrive pas un gros choc. Parce que souvent, les batteries électriques faisant partie intégrale de la structure du véhicule, une voiture salement amochée est alors irréparable et juste bonne à être envoyée à la casse.
Monsieur Mouton croisera à nouveau les doigts.
Pour bien vous faire comprendre et accepter qu'à l'avenir, la société occidentale devra impérativement être métissée et que l'homme blanc y sera désormais minoritaire, l'oligarchie mondialiste vous impose quasiment dans chaque publicité de n'importe quel produit ou service, des peaux noires et cheveux crépus. Cela n'a pas pu vous échapper.
En réponse modeste à ce matraquage, Saucisson-Pinard vous propose désormais, à chaque fin d'article, comme on le ferait en soutien à une espèce protégée en voie d'extinction, une image de belle blondeur.
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