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Nous, on veut pas d'un contrat précaire !
- Hé, bonhomme, t'as lu
le projet de loi El Khomri ?
- Licencié ? Mais
faut avoir été embauché au préalable pour être licencié !
Pour l'instant, petit bonhomme, t'es juste un petit crétin chômeur
en puissance qui ne connaît rien aux affaires, encore moins au
monde de l'entreprise.
- Mais on veut pas
réformer le code du travail !
- Sans blague !
Mais qu'est-ce que tu en connais, toi, du code du travail ?
T'as aucune notion du Droit en général, parce que nos têtes
pensantes gouvernementales propulsées aux différents ministères
de l'Education depuis un demi-siècle, ne se sont jamais avisés que
le Droit était sans doute la seule matière qui concernait un tant
soit peu chacun d'entre nous, quelque soit l'âge. Et qu'il aurait
été bon d'en aborder certaines bases dès le secondaire. Elles ont
préféré privilégier la « discussion », le « débat »
ou t' élever à un niveau de mathématiques qui ne te sera d'aucune
utilité dans le reste de ta vie.
Mais, bon, c'est un
autre sujet. Toujours est-il que tu parles d'un sujet dont tu ne
connais pas le premier mot. Tu ne sais rien du droit du travail,
rien de l'entreprise. Alors, retourne en classe et mêle-toi de ce
qui te regarde aujourd'hui.
- Mais on finira pas y
être dans le monde du travail, alors, la loi El Connerie, elle nous
regarde !
- D'ici le moment où tu
y seras, dans le monde du travail, il sera passé une bonne
demi-douzaine de ministres du travail et autant de lois plus ou
moins rigolotes qui continueront d'ôter toujours un peu plus
l'envie aux employeurs d'embaucher.
Il faudra bien qu'un jour
vous compreniez, toi la victime décérébrée de l'Education
Nationale et les dinosaures gauchiards qui te manipulent au lieu de
te former, que dans l'expression « marché du travail »,
il y a le mot « marché ». Un mot qui sous-entend la
notion d'offre et de demande. Ce qui signifie qu'aussi longtemps que
la demande sera supérieure à l'offre, le demandeur sera contraint
d'attendre le bon vouloir de l'offreur.
Personne, jamais,
n'obligera un employeur à embaucher s'il n'en a pas envie,
c'est-à-dire s'il n'en a pas besoin. « C'est pô juste ? »
Peut-être, mais c'est comme ça ! Alors c'est à toi, petit
employé en devenir, de te former pour être plus tard la perle rare
que ton futur patron se sentira obligé d'embaucher parce que tu
seras son meilleur choix et qu'il préférera te voir avec lui
qu'avec son concurrent. Et ce jusqu'au jour où tu estimeras que ta
valeur n'est quand même pas suffisamment reconnue et que tu voudras
travailler pour toi-même et devenir ton propre patron. A ce
moment-là, tu voudras te faire aider par quelqu'un de compétent et
tu embaucheras à ton tour. Et peut-être qu'à ce moment précis, la
loi El Khomri ne te paraîtra pas, tout bien considéré, si néfaste
que cela.
Cela dit, ne te méprends
pas. La loi de Macron portant l'étiquette El Khomri (pas fou le
Macron, si la réforme se plante, - et elle se plantera d'ailleurs,
en tous cas, celle dans sa forme actuelle- l'échec ne portera pas
son nom mais celui d'une beurette sous-fifre qui n'est là que pour
le décor), est très loin d'être parfaite. C'est à peine une
gouttelette d'huile dans les rouages sclérosés par la rouille
accumulée par des générations socialisantes de politiques et
syndicalistes qui se croient encore à l'époque de Zola, auteur
qu'ils n'ont d'ailleurs, pour la plupart, pas lu.
Mais ce n'est pas une
raison pour te laisser manipuler par ces ringards.
Fondamentalement,
l'employeur ne veut pas se sentir pieds et poings liés s'il
embauche. En d'autres termes, il désire limiter autant que faire se
peut, son engagement.
Ne pas s'engager :
c'est pourtant un souci que ta génération peut comprendre, non ?
Les dernières statistiques sont formelles. Vous vous mariez de plus
en plus tard - quand vous vous mariez. Par peur de l'engagement. Vous
êtes à l'affût des offres d'abonnement téléphonique «sans
engagement», qui sont apparues pour répondre à la demande
spécifique de ta génération. Pourquoi crois-tu que les employeurs
n'auraient pas droit, eux aussi, à bénéficier de la sécurité du
non-engagement; surtout lorsque c'est la survie de leur entreprise
sur laquelle ils ont tout misé et sacrifié - argent, temps, vie de
famille- qui est en cause, et non pas le versement de quelques euros
pendant quelques mois.
La loi El Khomri est
qualifiée de « libérale ». Laisse-nous rire. Nos
commentateurs assermentés, journalistes, syndicalistes, politiques,
n'ont aucune notion de ce qu'est le libéralisme. Comment en
auraient-ils une ? Ils vivent depuis plus d'un demi-siècle dans
l'économie socialo-marxisante qu'ils se sont échinés à
édifier! La loi El Khomri est au libéralisme ce qu'est le Fardier
de Cugnot à la Formule 1.
Quand tu auras compris
que l'avenir de la France est celui d'un pays en voie de
sous-développement, tu n'auras, comme tes aînés, qu'un rêve :
celui d'émigrer aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie. Et
là-bas, tu apprendras ce qu'est le libéralisme. Alors certes, ton
boss pourra te dire du jour au lendemain : «Well, Kevin,
ch't'aime bien, mais je vais devoir me passer de tes services à
partir de tout de suite parce que ma boîte traverse une mauvaise
passe ».
Mais tu auras juste à
traverser la rue, surtout si tu es un candidat de valeur, pour
retrouver un poste chez un patron qui lui, est en plein boom, et ne
craint pas d'embaucher parce qu'il sait qu'il pourra adapter la
voilure si les choses se gâtent.
En France, la mauvaise
passe ponctuelle se termine en faillite, faute d'avoir pu s'adapter à
temps. Ça ne change en rien l'issue de l'employé « licencié
économique » qui se retrouve de toute façon sur le sable.
Mais cette fois avec la totalité de ses ex-collègues. Ex-collègues
qui deviennent ipso facto des concurrents dans la recherche d'un
emploi auprès d'employeurs peu soucieux de se retrouver dans la même
situation que leur alter-ego malheureux.
On sait comme il est
galvanisant de se retrouver entre potes, juchés sur une barricade, à
vociférer ce que tu n'oserais même pas penser, si tu étais seul.
On sait comme il est exaltant d'exercer une forme d'autorité en
empêchant tes copains-copines qui ne partagent pas ton point de vue,
d'entrer en classe. Mais outre que ça dénote quand même une
démarche quelque peu fascisante, c'est aussi une forme d'aliénation
dont la plupart d'entre vous, serez les seules victimes.
Ne te trompe pas :
le copain syndicaliste qui t'a à la bonne, qui t'encourage et te
donne les slogans à hurler, a, quant à lui, son avenir tout tracé.
Bon petit soldat de son syndicat, star médiatique éphémère d'un
moment fulgurant, il en deviendra plus tard l'obscur permanent, ou un
quelconque petit fonctionnaire planqué dans un poste d'une
administration quelconque, qu'il aura obtenu par piston de ses
« camarades ». Et la loi El Khomri, t'inquiète, ne le
concernera en rien.
Mais toi ? Tu fais
juste le jeu d'intérêts qui te dépassent. Si tu prépares le bac,
son obtention, c'est vrai, n'en sera pas forcément compromis si la
mobilisation continue. Car notre gouvernement de pleutres fera en
sorte qu'il sera accordé encore plus facilement que d'habitude. Ce
bac qui ressemble de plus en plus à ces jeux de dupes qui se
multiplient à la radio et à la télé: « Quelle est la
couleur du cheval blanc d'Henri IV ? (qui c'est, au fait, Henri
IV ? demanderont bientôt les joueurs les plus curieux). Blanc,
réponse A. Noir, réponse B. Répondez A ou B par SMS, 50 centimes
par SMS plus le prix du SMS ». Et par ici la monnaie. Il faut
bien financer notre Education Nationale et payer au prix fort les 15
heures de travail hebdomadaires et les seize semaines de vacances de
nos chers profs...
Bref, c'est vrai que ce
n'est pas ton avenir immédiat que tu compromets en séchant quelques
cours et en jouant au révolté de pacotille. C'est juste ton avenir
tout court que tu menaces en te laissant ainsi mettre la main où on
pense, exactement comme la marionnette Jean-Marc.
N'oublie jamais que si la
vedette semble bien être le singe, c'est Jeff Panacloc qui parle,
c'est Jeff Panacloc qui pense.
Et c'est aussi Jeff
Panacloc qui encaisse les cachets.
Bravo l'artiste - Belle analyse qui relate sans équivoque et sans ambiguïté, un comportement syndical et étudiant qui paradoxalement lui, est ambigu et équivoque.
RépondreSupprimerA affiché dans les écoles et les lycées re bravo. J-J S
RépondreSupprimerRemarquable billet. Hélas le merdeux en question ne le lira jamais...d'ailleurs c'est à peine s'il sait lire.
RépondreSupprimerAmitiés.
remarquable comme de coutume...j'ai bien aimé votre constat sur l'enseignement du droit en France !
RépondreSupprimernul n'est censé ignorer la loi mais nul n'a les moyens de connaitre le minimum de ses droits sans passer par la cohorte des mecs en robes noire ...
donc tu payes pour savoir et tu payes si tu ne sais pas .
Excellent, comme d'habitude.
RépondreSupprimerQuant au Droit... L'éduc préfère la citoyenneté au Droit et à la morale.