La couverture du Point du
19 juin surfe sur l'actualité et titre, après huit jours de grève
des privilégiés de la SNCF, durement vécus par les dizaines de
milliers de clients qui les font vivre (à leurs corps défendants):
« Les naufrageurs, la France coule ».
On mesure le chemin
parcouru depuis l'époque pas si lointaine, où nos médias
bien-pensants et baignant dans une douce euphorie, n'avaient pas de
mots assez durs pour qualifier les Cassandre qui osaient évoquer la
décadence et la dégringolade du pays.
Aujourd'hui, donc, c'est
un fait établi, la France coule. A ce rythme de prise de conscience
des réalités, il n'est pas impossible que Le Point titre dans une
vingtaine d'années : « Immigration, poison mortel de la
France ». Dans une vingtaine d'années, c'est-à-dire quand
l'empoisonnée sera déjà en état de décomposition avancée.
La France coule par la
faute de naufrageurs. Bigre. L'accusation est osée. Et les
sous-titres dénoncent les responsables: les "corporatistes
intouchables". C'est courageux. Enfin... courageux... c'est surtout
consensuel.
Car tout le monde sait
que la France croule sous le poids des corporatismes, mais le
corporatiste, c'est forcément l'autre.
Le fonctionnaire
territorial empêché de se rendre à son travail peste contre le
corporatisme des cheminots. Le cheminot qui patiente dans une longue
file d'attente à la préfecture pour obtenir sa nouvelle carte grise
et qui trouve guichet fermé à 15h30, râle contre la corporation de
fonctionnaires qui ne foutent rien. Et les professeurs de lycée se
rebiffent quand leur ministère de tutelle ose avoir la lubie de leur
faire faire leur rentrée un vendredi, écourtant ainsi leur deux
mois consécutifs de vacances...
Donc en désignant « le
corporatiste intouchable », on ne vise personne en particulier,
et c'est tellement plus inoffensif pour une société rassemblée et
dénuée de clivage...
Le « tueur de
réforme » est également évoqué. Là aussi, l'image est
parlante mais reste consensuelle, car le terme est suffisamment vague
pour ne concerner personne en particulier. Le langage gauchiste avait
pourtant accaparé pour son usage exclusif l'usage du mot
« réactionnaire », pour désigner tout vilain citoyen de
droite. Or, en bon français, « réactionnaire »
signifie : hostile aux réformes. En conséquence de ce
dévoiement sémantique, pour le gauchiste, il est impossible d'être
de droite et réformateur, tout comme on est forcément opposé au
statu quo quand on est de gauche. On ne peut que constater, au terme
de quarante ans de socialisme avoué ou honteux, selon les
mandatures, que la gauche s'est montré clairement « réac ».
Et c'est précisément parce que la France a systématiquement refusé
d'engager des vraies réformes qu'elle est dans la panade actuelle.
Que le Point accuse à demi-mot, sur sa couverture, la France
socialiste de 2014 d'être réactionnaire est un bel aveu.
Mais l'hebdomadaire
atteint le comble du culot, de l'hypocrisie et de la propagande
odieuse, en désignant le dernier coupable : le
lepéno-cégétiste. Vous avez bien lu : celui qui est en cause,
celui qui est le naufrageur, celui qui coule délibérément le
bâtiment France, n'est pas n'importe quel syndicaliste encarté à
la CGT, non, c'est le lepéno-cégétiste. Nuance !
Autant personne n'est
vraiment visé dans les vocables « tueur de réforme »,
ou « corporatiste intouchable », autant le
lepéno-cégétiste est clairement désigné d'un doigt vengeur.
Désigner le cégétiste
aurait été trop discriminant, probablement. Mais porter
l'accusation aux seuls (et probablement très rares) cégétistes
votant FN, permet de disculper le syndicat dans sa globalité, tout
en jetant l’opprobre sur le parti paria de la scène politique
française. Bref, dans la plus pure tradition du politiquement
correct.
Donc le message du Point
à ses lecteurs est le suivant : les vilains-pas-beaux qui
coulent la France sont des cégétistes, certes, mais pas n'importe
quels cégétistes, des cégétistes qui votent FN. Les salopards de
grévistes SNCF qui, pour protéger leurs petits privilèges
particuliers, vous ont empêché de vous rendre à votre travail en
vous faisant perdre des heures et des heures d'attente sur les quais,
en vous obligeant à prendre des jours de RTT, c'était des votants
FN ! La France est en état de faillite, à cause de ceux qui
votent FN.
Que la FN n'ai jamais été
au gouvernement, qu'il n'ait jamais eu de représentation
significative au Parlement, ni même mené de manifestations
d'envergure ayant eu pour conséquence l'adoption d'une mesure
politique ou économique quelconque, ne le disculpe pas, selon Le
Point, de sa responsabilité dans le naufrage du pays... !
Plus gonflé que ça, tu
meurs.
Ainsi, le petit préfixe
« lepéno » devient le joker utile pour accuser le FN
tout en disculpant les personnes ou groupes désignés par le vocable
qu'il précède.
A ce compte-là, on
pourrait alors parler des lepéno-racailles qui braquent les petits
commerçants, des lepéno-violeurs, des lepéno-tabasseurs de roms de
banlieue, des lepéno-fraudeurs fiscaux, des
lepéno-casseurs-supporters de l'équipe de foot algérienne, des
lepéno-djihadistes (pourquoi pas, pendant qu'on y est...).
La mauvaise foi de
l'establishment et de ses valets médiatiques ne connaît décidément
plus de limite. Elle s'exprime de plus en plus ouvertement mais,
cette couverture du Point l'atteste, avec de moins en moins de
subtilité. Ce qui pourrait bien être un signe de faiblesse, une
sorte de chant du cygne, l'annonce d'une fin de règne.
Bien dit ! Pour ce que ça vaut, je vous préfère au Point.
RépondreSupprimerMais est-ce bien un compliment...? ;-)
Supprimerle problème c'est qu'il y a de plus en plus de lepeno- citoyens , denrée chiante et si barbare qu'il faut de toute urgence reformer la façon de voter pour renvoyer au silence des urnes, ceux qui en ont ras la casquette de tout ce qu'ils voient autour de chez eux et dans le poste de télé et la manière dont on leur en parle ...
RépondreSupprimerenfin je demande quand même a voir la carte du parti FN d'un mec de la CGT cette bande là vote si a gauche que, quand elle vote le pen, elle a seulement oublié de déchirer la carte de la cgt ( ou pas eu le droit de le faire )