Il était une fois un
brave garçon, qui s'appelait Clément. Clément faisait son shopping
dans le quartier des grands magasins à Paris. Il venait de faire
quelques emplettes dans une boutique de vêtements lors d'une vente
privée. Tout content de ses achats, il décida de s'asseoir sur les
trois marches d'un porche voisin de la sortie du magasin, pour mieux
rêver du succès qu'il aurait auprès de ses camarades de
Sciences-Po, revêtu de ses derniers atours. Tout à coup, une bande
d'énergumènes au crâne rasé et avec un blouson de cuir noir sur
le dos, une croix gammée en tatouage sur les bras, des tracts du
Front National plein les poches et le portrait de Marine Le Pen
imprimé sur le tee-shirt, apparut au coin de la rue. L'un des
Skin-heads s'arrêta pile devant Clément et se mit à renifler, le
nez au vent. Se tournant brutalement vers le brave garçon qui était
l'incarnation même du pacifisme, de l'humanisme et de la modération
réunis, le Skin-head s'exclama : « Oh, mais ça sent le
gauchiste extrême ici ! » Il faut dire que les
Skin-heads, tous les vétérinaires vous le diront, ont un flair
terrible. Et en effet, il se trouve que Clément, sous son apparence
de petit bourgeois amateur de ventes privées, était le plus gentil
des membres les plus pacifiques d'un groupe d'extrême gauche
extrêmement non-violent. Absolument abasourdi de constater que sa
vie sociale avait été ainsi percée à jour, Clément se leva et
s'enquit : « Excusez-moi, Monsieur le Skin-head, je vous
demande bien le pardon, mais, si je puis me permettre, comment
avez-vous pu déterminer mon orientation politique avec autant de
précision, alors que je vaque ainsi paisiblement à mes
occupations personnelles? » Pour toute réponse, le groupe
de Skin-heads lui tomba dessus et le roua de coups. Puis la horde
sauvage le laissa pour mort et, telle la petite vérole s'abattant
sur le bas clergé, elle s'enfuit vers d'autres forfaits, mettant
ainsi la République et la Démocratie en danger.
Voilà grosso modo la
version extrêmement réaliste que nos vertueux et imaginatifs médias
ont retenu de l'épisode de ce militant d'extrême-gauche décédant
des suites d'une altercation avec une bande de voyous se réclamant
d'une autre extrême. Et c'est à partir de cette même version que
se sont cru obligées d'y aller de leur petit couplet moralisateur
toutes les personnalités politiques vers lesquelles se tendirent
complaisamment les micros des journalistes en charge des chiens
politiques écrasés.
Pourtant, il y avait
quantités de versions possibles de ce fait divers. Nombre d'entre
elles pouvaient expliquer de façon autrement plus vraisemblable
qu'une rencontre parfaitement fortuite, comment cet activiste
gauchiste a pu se retrouver en plein après-midi et en pleine rue
passante, à portée de poings d'autres jeunes impliqués dans un
courant politique opposé. Quantité de scénarios pouvaient
expliquer pourquoi le crâne de Clément s'est retrouvé en collision
brutale avec un piton métallique. Mais non, les médias décidèrent
d'adopter le principe du « make it simple », (voire même
du « make it simpliste »), sans doute pour éviter de
trop embrouiller l'esprit des lecteurs, auditeurs et
téléspectateurs...
Un jeune gentil innocent,
et des vilains méchants « d' extrême drouate »,
point barre. Telle est l'équation retenue. Facile à comprendre.
Facile à mémoriser. Facile à interpréter. Beaucoup de politiques
ne s'en sont d'ailleurs pas privé. Jusqu'à notre brillant
intellectuel Bergé qui n'hésita pas à exposer dans un twitt, le
lien évident à ses yeux, existant entre cette bagarre de jeunes
crétins et la manifestation de familles contre le mariage des pédés
pourtousses. Bergé, certainement rassuré par l'adage qui dit que le
ridicule ne tue pas, assuma même que les extrêmes de gauche et de
droite n'étaient absolument pas comparables, que l'extrême gauche
avait, elle, au contraire de l'extrême droite, des valeurs tout
à fait estimables! A la réflexion, c'est probablement vrai :
regardez, un « extrême drouate » quand il est provoqué
ou physiquement attaqué, il lance bêtement un coup de poing dans le pif de
l'extrême gauchiste. Parfois, l'extrême gauchiste manque de pot et
va valdinguer contre un poteau métallique et se tue. Alors que
l'extrême gauchiste humaniste bien comme il faut (comme Bergé
l'exprime publiquement dans un de ses twitts) souhaite simplement
qu'une bombe vienne exploser au milieu d'une manifestation qui
rassemble des familles qui lui déplaisent : pas les mêmes
valeurs, effectivement.
En tous cas, cette
histoire de voyous tous plus ou moins en état de mort cérébrale,
(Clément juste un peu plus en mort cérébrale après sa bagarre
qu'avant), arrive opportunément pour distraire l'attention du
citoyen moyen d'un fait de portée bien plus importante que
l'hypothétique dissolution d'un groupuscule politique :
Hollande Ouille est en
train de préparer insidieusement l'opinion publique à une
intervention militaire française en Syrie.
Considérez plutôt le
scénario.
D'un côté, aux
Etats-Unis, Obama lâche un peu vite, il y a quelques mois, que
l'utilisation de gaz mortel par les troupes d'Achar el Assad serait
une ligne rouge à ne pas franchir sous peine d'intervention
américaine dans le conflit. N'ayant en réalité, aucune envie ni
aucun intérêt à se mêler à cette embrouille syrio-syrienne, les
Américains se gardent bien de chercher la preuve d'un tel recours au
gaz.
De l'autre, des
journaleux du journal Le Monde se font fort d'apporter obligeamment
au gouvernement français la preuve d'une telle utilisation de gaz
sarin : « Monsieur le Ministre Fabius, voulez-vous prendre
connaissance de nos preuves ? ». Monsieur Fabius répond :
« Mais bien volontiers. Figurez-vous que nos services secrets
ont été incapables d'en trouver, dites-donc ! ». A moins
que sa réponse n'ait été : « Mais bien volontiers.
Heureusement que vous êtes là, les gars, car nous n'avons plus de
services secrets opérationnels capables de faire ce boulot ».
Bref, personne ne s'étonne de cette collusion entre le gouvernement
socialiste et cet organe de Presse gauchiste qui joue l'espion en
pays étranger pour le compte de l'Etat français. Personne. Personne
en France en tous cas, parce que, en Syrie, cette étrangeté n'a
pas échappé à l'armée syrienne, qui se hâte, du coup, d'enlever
un journaliste de radio française. Les troupes d'Achar auraient tort
de se priver, puisqu'on lui offre ainsi l'occasion d'intercepter bien
facilement des espions en exercice...
Qu'aurait dit Le Monde,
si d'aventure la Police avait demandé à un de ses journalistes de
l'Hexagone d'apporter une preuve à charge contre un criminel de
droit commun? Cela aurait sans aucun doute soulevé nombre de
protestations : « les journalistes n'ont pas à faire le
travail de la Police, la presse est indépendante et n'a pas à
faire un travail de délation et patati et patalère... » Mais
dans le cas de la Syrie, la dignité offensée du monde de la presse
semble bien vite oubliée. Servir à Hollande Ouille sur un plateau
le prétexte d'une intervention militaire susceptible de faire
oublier au brave peuple français ses problèmes économiques
internes, est bien naturel...
Donc, alimenter
indirectement les forces islamiques engagées dans le conflit, en
armes françaises, est juste une question de semaines. Bien entendu,
ces armes se retourneront un jour ou l'autre, contre nos soldats au
Mali ou ailleurs, ou contre les citoyens français. Telle sera la
conséquence d'une intervention de la France dans un conflit où elle
n'a aucun intérêt national objectif à protéger ou à défendre.
Ça ne sera jamais qu'une nouvelle bourde de notre président
Lagaffe. Et tout cela, sous l'opportun paravent médiatique d'une
simple bagarre qui tourne mal, entre jeunes bas de plafonds.
Très juste, très juste. Même si, à en croire nos chers médias, Dark Vador a tué un Éwok...
RépondreSupprimerCe texte est parfait !
RépondreSupprimerMerci à vous !
Je ne pensais pas qu'un jour, une mouette allait me faire rougir... !-D
SupprimerVous étiez déjà rose, le pas est franchi ^^
SupprimerQuant au pinard, vous n'avez pas précisé.
Moi c'est ptit Muscadet. Mais pas avec le saucisson, ça va de soi…
excellemment redigé on dirait moi!lol
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