Pourquoi ce blog?

Jamais l’emprise du politiquement correct sur l’Information n’a été aussi forte. Naguère subtil, il est aujourd’hui omniprésent et ne s’embarrasse même plus de sauver les apparences. Il s’affiche comme un véritable terrorisme intellectuel : non seulement il monopolise la pensée sociale et politique, son expression, mais il se permet de sanctionner, éventuellement judiciairement, tous écarts et ceux qui les commettent. Les petits soldats de la Pensée Unique, journalistes, animateurs tv ou radio, se pressent au p ortillon de l’accès aux tribunes médiatiques et c’est à celui qui affichera avec le plus de zèle sa soumission au dogme.
Ce blog a pour très modeste ambition de pointer du doigt ces attentats terroristes de la Pensée et dénoncer les personnes publiques qui les commettent, consciemment ou inconsciemment.
Si vous cherchez à lire l’actualité sous un autre angle que celui que vous imposent la tv, les magazines, la radio, la presse ou le quidam-perroquet de la rue, lui-même matraqué par ces médias, ce blog est pour vous… et attend vos témoignages !
Si les propos de ce blog vous choquent, vous pourrez ainsi mesurer à quel point vous avez été formaté par la Pensée Unique… et apprécier le degré d’urgence que vous avez à vous dépolluer l’esprit.

mardi 3 avril 2018

Le stagiaire de l'AFP.



- « Entre, entre, Martin ! » s'exclame joyeusement le directeur de l'AFP au jeune qui vient de taper timidement à sa porte.

- « Vous m'avez demandé, monsieur le directeur ? »

- « Oui coco, en effet. Ça fait combien de temps que tu es en stage dans notre belle Agence France Presse ? »

- « Bientôt six mois, monsieur le directeur. »

- « C'est cela, c'est cela. Bien. J'ai regardé tes dernières dépêches. Elles sont bien. Enfin... bien, elles demandent quand même à être retouchées. D'ailleurs, elles l'ont été systématiquement par ton maître de stage, comme tu as pu le constater. Je voulais faire le point avec toi afin qu'on puisse s'assurer ensemble que tu as vraiment un avenir dans notre belle agence. »

- « Mais je le souhaite vivement, monsieur le directeur ! »

- « Oui, oui bien sûr, coco. Cependant, il y a quand même un certain nombre de petites choses que tu devras vite corriger pour nous donner l'assurance que tu partages nos valeurs. »

- « Les valeurs du journalisme attaché à la vérité et à l'impartialité ? »

- « C'est cela, c'est cela. Evidemment, c'est cela. Bon. » 

- « Et que faudrait-il donc que je corrige, monsieur le directeur ? »

- « Eh bien, puisque tu en parles, le Président me le disait encore il n'y a pas une heure... »

- « Le Président de l'AFP ? »

- « Ben non, le Président de la République ! Je disais donc, comme me le précisait notre Président à tous, ce matin, nous avons un rôle essentiel à jouer afin de contrer les fake news diffusées par des médias subversifs et mal intentionnés. Tu sais coco, le diable se cache dans les détails. Ainsi, quand tu rédiges une dépêche dans laquelle tu fais état de la radicalité croissante de jeunes musulmans en France, est-il nécessaire de préciser « musulmans » ? Non, bien sûr, cela serait stigmatisant, n'est-ce pas ? Parle plutôt de l'inquiétante radicalité d'une « minorité de jeunes », point. D'ailleurs, d'une façon générale, à chaque fois que tu dois relever des méfaits, crimes et délits de jeunes pratiquants de la religion musulmane, parle de « jeunes », tout simplement. C'est moins stigmatisant, et c'est plus court à écrire. »

- « Et ce n'est pas stigmatisant pour tous les jeunes, ça, y compris pour tous ceux qui ne sont concernés ni de près ni de loin par la responsabilité de ces méfaits, crimes et délits ? »

- « Bon, les jeunes au sens large sont plus nombreux que les jeunes musulmans, donc la stigmatisation est plus diluée, comprends-tu ? Et tu ne voudrais pas être taxé d'islamophobie, n'est-ce pas ? »

- « Ben, monsieur le directeur, si l'AFP est taxée de naziphobie ou de fascismophobie, je ne pense pas que ça vous dérangerait plus que ça... »

- « Bon, écoute, je suis là pour t'aider, alors si mes conseils ne te servent à rien... »

- « Si, si, bien sûr, monsieur le Directeur. Je vous écoute. »

- « Tu sais, c'est important d'utiliser le bon vocabulaire. Un djihadiste n'est pas forcément un djihadiste. Dans le quartier de la Gouta, en Syrie, par exemple, un djihadiste est un « rebelle ». C'est quand même plus sympa, un rebelle, non ? Ça fait penser à notre jeunesse en Mai 68, à notre camarade à tous, Cohn-Bendit. Ça évoque la remise en cause de l'ordre établi, tout ça. Plus sympa que des fanatiques islamistes qui bombardent les quartiers chrétiens de Damas ou les snipers enturbannés et barbus qui tirent sur les civils essayant de fuir. Tu comprends ? »

- « Euh oui, certes... »

- « Si tu ne sais pas distinguer le bon du méchant, si tu as un doute, je vais te donner un truc : plus le protagoniste est blanc, plus il a des chances d'être le méchant, plus il est basané, plus il est le gentil. D'ailleurs, notre Président bien-aimé l'a encore dit récemment à propos de l'intelligence artificielle, il ne faudrait pas que les seuls mâles blancs quadragénaires soient les leaders dans cette évolution technologique. Donc les mâles blancs : pas bons. Bref.
Je vais te donner un exemple : Viktor Orban, Premier Ministre de Hongrie, anti-immigration, donc anti-musulman et anti-noir, il est blanc. Donc c'est le méchant. Tu le qualifieras de « populiste ». Si le peuple hongrois avait eu raison, Orban serait démocrate, comme notre Vénérable-Président-Grand-Soleil-du-XXIe siècle. Mais le peuple hongrois a tort, donc il est populiste. Tu dénonceras donc toutes ses déclarations, et à l'inverse, tu mettras en exergue ceux qui s'opposent à lui. Une poignée de contestataires distribuent des photocopies dans la rue en guise de journaux d'opposition ? Tu en fais une montagne. Tu en parles, tu en re-parles, tu en re-re-parles.
La veuve de Mandela est morte ? Elle est noire, donc c'est la gentille. Tu l'appelles « grande dame de la lutte contre l'apartheid ». Et tu oublies son radicalisme, son racisme anti-blanc, ses détournements d'argent, ses fraudes et ses violations des droits de l'Homme. Tu mentionnes tout le bien qu'en pensent ses soutiens de toujours. Par exemple, voilà ce que ton collègue écrit au sujet de Winnie Mandela : « Jusqu'au bout, elle est restée fidèle au township noir de Soweto. A l'annonce de son décès, ses admirateurs se sont pressés à son domicile ». Tu vois? C'est court, c'est gentil, c'est agréable à lire pour le vivrensemble. Facile, non ? »

- « Euh oui... »

- « Le vocabulaire est important, mais les chiffres aussi. Regarde. Imagine qu'il y ait, un jour, 2000 manifestants dans la rue. Si c'est une « bonne » manifestation, genre manifestation contre Trump. Tu parles alors de « plusieurs milliers » de manifestants. Deux, c'est bien « plusieurs », non ? Mais s'il s'agit d'une « mauvaise manifestation », genre manifestation pro-vie ou pro-famille, tu parles de quelques dizaines de manifestants. Deux cents dizaines, c'est bien « quelques dizaines » non ? Et s'il s'agit d'une très mauvaise manifestation, tu n'en parles pas, c'est encore mieux. » 

- « Je vois... »

- « Bon. D'une façon générale, il te faut aussi savoir quel est ton camp.
Il me semble que tu l'as trop souvent oublié, et c'est la raison pour laquelle nous avons dû nous passer de beaucoup de tes dépêches. »

- « Le camp du bien ? »

- « Exactement, je vois que tu commences à comprendre. Le camp du bien. Pour se résumer, voici nos valeurs : elles sont pro-notre bien-aimé-Président-Lumière-de-notre-Siècle-et-Génie-Economique et sa formidable épouse. Plus important encore, il te faut savoir quels sont les méchants officiels. Bachar Al Assad par exemple a systématiquement tort. Tiens : j'ai noté que dans tes dépêches, tu parlais de « l'armée syrienne ». Non ! Il te faut parler de « l'armée de Bachar Al-Assad ». Ainsi, c'est Bachar qui attaque les gentils rebelles et non pas l'armée officielle qui défend son territoire. Et ça change tout. Un autre méchant : Poutine. Lui, alors, il est méchant. Vraiment méchant. Mais il y a encore plus méchant. C'est bien sûr, Trump. Lui, c'est le méchant des méchants. Donc Trump a toujours tort. » 

- « Mais ses résultats économiques, l'immigration illégale en chute libre, son taux de chômage historiquement bas, son coup de pied dans la fourmilière coréenne qui fait bouger les lignes... »

- « Ne cherche pas, quoiqu'il fasse, quoiqu'il dise, il a tort. Crois-moi, coco, notre travail est ainsi bien plus facile. Donc tu parles de sa calvitie mise à jour lors d'un coup de vent, tu insistes sur la valse de ses collaborateurs, tu évoques le passé polémique de Gina Haspel, la nouvelle patronne de la CIA, en omettant de remarquer qu'il s'agit d'une femme pour la première fois nommée à ce poste. Ça viendrait en porte-à-faux avec nos accusations de sexisme envers Trump. Bref, Trump a tort, re-tort, et re-re-tort. C'est tout.
Tu as bien compris ? Si c'est le cas, tu auras peut-être l'immense privilège de faire carrière dans notre Agence qui sera bientôt officiellement le Phare de la Vérité en lutte contre les fake-news, si notre bon Président-bien-aimé nous fait cet honneur. Un phare vers lequel se tourneront tous les médias bien en Cour pour être sûrs de diffuser la bonne parole. Tu perçois la portée de cette mission ? »
- « Oui, une sorte d'agence Tass de l'ère soviétique, en somme. »
- « Oui, euh bon, je ne pense pas que cette comparaison soit opportune, à ce stade de stagiaire qui est le tien aujourd'hui, Martin. Bon, je crois t'avoir dit l'essentiel. Tu peux disposer. »

Une fois la porte refermée sur le stagiaire, le directeur saisit son téléphone et compose un numéro. « La RH ? Vous me mettez un terme au stage de Martin. Oui, dès ce soir. Et vous veillerez à ce qu'il ne soit engagé nulle part ailleurs. Merci. »

5 commentaires:

  1. Il faut les dresser, ces petits jeunes. Encore un qui a dû "décrocher" du système scolaire, sinon il aurait appris à penser juste.

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    1. Ça me fait penser à la plaisanterie : - je me présente , je suis journaliste...
      -c'est bien fait! Il fallait mieux travailler à l'école!

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  2. Notre phare de la pensée politique, merveille de notre siècle, finira comme le phare d'Alexandrie, englouti, ou comme le Danube de la pensée roumaine, mitraillé avec mamie.
    C'est triste, mais on peut pas tout le temps chier sur la population en répétant "je l'avais annoncé".
    Bref, je m'énerve. Mais pour l'entretien du stagiaire, on s'y croirait.

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  3. On s'y croirait, dessin y compris.
    Il va falloir regretter le bon temps où le stagiaire était affecté à la photocopieuse, au ravitaillement en papier et café !
    Au moins, c'était sans risque.

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