Pourquoi ce blog?

Jamais l’emprise du politiquement correct sur l’Information n’a été aussi forte. Naguère subtil, il est aujourd’hui omniprésent et ne s’embarrasse même plus de sauver les apparences. Il s’affiche comme un véritable terrorisme intellectuel : non seulement il monopolise la pensée sociale et politique, son expression, mais il se permet de sanctionner, éventuellement judiciairement, tous écarts et ceux qui les commettent. Les petits soldats de la Pensée Unique, journalistes, animateurs tv ou radio, se pressent au p ortillon de l’accès aux tribunes médiatiques et c’est à celui qui affichera avec le plus de zèle sa soumission au dogme.
Ce blog a pour très modeste ambition de pointer du doigt ces attentats terroristes de la Pensée et dénoncer les personnes publiques qui les commettent, consciemment ou inconsciemment.
Si vous cherchez à lire l’actualité sous un autre angle que celui que vous imposent la tv, les magazines, la radio, la presse ou le quidam-perroquet de la rue, lui-même matraqué par ces médias, ce blog est pour vous… et attend vos témoignages !
Si les propos de ce blog vous choquent, vous pourrez ainsi mesurer à quel point vous avez été formaté par la Pensée Unique… et apprécier le degré d’urgence que vous avez à vous dépolluer l’esprit.

vendredi 30 octobre 2015

Comité de rédaction


Un lundi matin de Novembre 2015, dans une salle de rédaction d'une chaîne de télévision, dans la France de Hollande Ouille...


C'est un brouhaha général parmi les porteurs de carte de presse qui discutent autour de tasses de café. Le rédac'chef demande le silence et déclare :

- « Mesdames, messieurs, je vous ai réunis ce matin afin d'avoir vos suggestions de sujet de reportage, afin que nous restions sur la lancée de cette formidable aventure journalistique qu'a été pour nous l'accident du car de Puisseguin.
Il est en effet nécessaire que nous gardions sous le coude, pour les jours de vaches maigres, ces dossiers que des attachés de presse nous apportent régulièrement. Vous savez, ces infos particulièrement insignifiantes que les téléspectateurs du journal de matin de notre chaîne entendent, puis retrouvent à midi sur une chaîne concurrente et ensuite le soir aux infos d'une troisième chaîne, après les avoir entendues toute la journée sur les différentes stations de radio...
Alors, mesdames, messieurs, je vous écoute, je veux de l'émotion, du palpitant, du politique, du consensuel... »

Une main se lève dans l'assistance. C'est celle d'une jeune recrue, la dernière embauchée dans l'équipe éditoriale, pleine de l'enthousiasme naïf du débutant.

-  « On pourrait réaliser une vaste enquête sur le phénomène de décivilisation du pays en décortiquant les symptômes auxquels on assiste quotidiennement : en évoquant les agressions dont sont victimes les pompiers, corps de métier jadis respecté et aimé du public, jusqu'aux maladies d'un autre temps qu'on pensait éradiquées dans notre pays et qui reviennent en force avec l'arrivée d'étrangers important leurs normes hygiéniques sans rapport avec celles des civilisés européens, en passant par l'inculture croissante constatée dans la jeune génération qui doit abaisser sans cesse son niveau d'exigence pour se mettre au niveau des immigrés et... »

- « Oh là, oh là, où vous allez là ? » l'interrompt brutalement le rédac'chef qui se penche vers son adjoint pour lui murmurer, incrédule :

- « Qui c'est celui-là ? Il sort d'une école de journalisme, lui ? »

- « Non, lui répond l'adjoint. C'est un autodidacte, fan de Zemmour... »

- « Ben tu gardes un œil dessus, alors. Va falloir le briefer vite fait... »

Puis à l'intention de l'impertinent :

- « Attends, tu cherches le Pulitzer ou des ennuis avec nos autorités de tutelle ? »

Puis se tournant vers les autres journalistes : 

- « Des idées réalistes, s'il vous plaît !»

Une autre main se lève. Celle d'un ancien, cette fois. D'un qui connaît la musique. D'un qui fait quasiment partie des murs. Faut dire qu'il a usé ses fonds de pantalon davantage sur son fauteuil, à lire confortablement des dossiers de presse, sorte de « reportages clés en mains », que sur le terrain à chercher l'information là où elle est. Il sait parfaitement ce que veut entendre son rédac'chef.

- « J'ai appris que la petite Marion de la rue Jean Jaurès à Clichy-sous-bois a vu son petit caniche passer sous un camion ce matin. Elle revenait de l'école et quand elle est descendue du bus scolaire qui s'arrêtait... »

La jeune recrue se penche discrètement vers son voisin et lui glisse :
- « La petite Marion, c'est qui, au juste ? elle est connue ? »
- « Pas encore, lui répond le voisin. Mais elle va pas tarder à l'être, crois-moi » lui assure-t-il avec la conviction de celui qui a l'habitude des célébrités médiatiques éphémères.

« … qui s'arrêtait devant chez elle », poursuit le journaliste. « Son caniche, qui l'attendait impatiemment est alors sorti au galop du jardin pour traverser la rue et lui sauter dans les bras. Mais un camion est arrivé et n'a pas pu l'éviter. Le choc a projeté le clébart à trente mètres. »

- « C'est bon, ça ! » s'exclame le rédac'chef. « Il y a là tous les ingrédients pour émouvoir nos téléspectateurs : le fait qu'il s'agisse d'une gosse, et d'un animal familier. On peut broder sur l'insécurité routière, la question de la circulation des camions en ville, le transport ferroviaire des marchandises en alternative, la cruauté envers les animaux, les horaires scolaires. Il y a du lourd, là-dedans !  Excellent ! C'est décidé. Ça sera l'affaire... Elle s'appelle comment déjà, la môme ? »

- « Marion. »

- « Dommage. Elle s'appellerait Kaoutar ou Laila, ça serait mieux. Ça donnerait une petite connotation exotique intéressante. On aurait pu déborder sur le « vivrensemble », tout ça.. . On pourrait pas la débaptiser, par hasard ? »

- « …! »

- « Bon, on verra. Ça sera l'affaire « de la petite fille au chien écrasé ». Allez les gars, on se met à fond sur le sujet. On commencera par un journal entièrement et exclusivement consacré à l'affaire, en « édition spéciale ». On développe l'affaire en brodant pendant les 20 premières minutes du journal, puis on la résume pendant les 10 dernières. Comme on a fait pour l'affaire de Puisseguin.
Kevin, tu pars en « envoyé spécial » sur place, tu fais les interviews des témoins. De ceux qui pleurent de préférence. En arrière plan, tu auras le camion qui a écrasé le chien et une photo de la gosse en incrustation.
Damien, tu creuses le côté « la petite fille qui a grandi avec son chien», le traumatisme que représente la disparition de son compagnon de jeu avec qui elle a tout partagé etc etc... Je pense que je pourrai obtenir sans difficulté une visite de Vals sur place, qui viendra exprimer sa vive émotion. Je vais appeler l'Elysée et suggérer à Hollande que l'expression de sa compassion envers la petite fille pourrait lui amener des voix de mères de famille. Il pourrait aussi envoyer un ou deux ministres. Celle de l'environnement me paraît indispensable. Celui de l'agriculture aussi, pour se mettre les défenseurs de la cause animale dans la poche. En fait, c'est vraisemblablement tout le gouvernement qui viendra défiler devant nos caméras.
Ensuite, on fera assister nos téléspectateurs à l'intervention du vétérinaire qui viendra ramasser le cadavre du cleps. Un peu comme on a fait quand on a été jusqu'à filmer l'enlèvement des carcasses du camion et du car à Puisseguin. »

Puis en énumérant sur ses doigts, le rédacteur en chef continue :
  • « Avec une enquête sur les dernières 24 heures du chauffeur du car de ramassage scolaire,
  • l'interview de l'instit de la gamine qui nous racontera comment son élève s'est révélée une enfant toute joyeuse pendant toute la journée qui a précédé le drame, et qui était loin de se douter de ce qu'il allait lui arriver et blablaba et blablabla,
  • et une description de l'autopsie du clébart avec des dessins animés, on devrait pouvoir tenir une bonne semaine sur ce sujet.
On tient là l'affaire du mois, là,  je vous le dis ! Allez, rompez, faites votre noble boulot de journaliste!! »

La jeune recrue se lève, abasourdie, sonnée comme un boxeur venant de prendre un uppercut.
- « Putain, je me demande si je ne me suis pas trompé de métier ! » pense-t-elle tristement.

8 commentaires:

  1. et oui, la rubrique des chiens écrasés qui devient l'information avec un grand F, Une honte de se voir infliger toute la journée les mêmes merdes montées en épingle pour éviter de nous parler de sujets intéressants.
    encore un très bel article cher saucisson ...je ne sais pourquoi je pense soudain au" Youki" de Richard Gottainer dont je ne sais pas ecrire le nom

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  2. La recrue ,jeune, comm il se doit, n'a aucunement loupé sa vocation
    Chômeur et pute ,chômeur ou pute ,tel est le dilemne
    Elle préfèrera pute tout court
    Et de loin !
    Lorsque les doutes l'assailleront trop brutalement, elle se remémorera ses mois de galère passés à tenter de trouver un stage, un job ,n'importe quelle occupation pour pas avoir le sentiment d'être bon à rien ou inutile ou surnuméraire....
    Crovez moi ,l'insuccès, ça assoupli l'échine

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  3. Vous êtes très fort ! Réussir à me faire rire, en décrivant ce qu'est devenue "l'information" en France, chapeau ! Je ne sévis pas dans une rédaction, mais tout ceci me semble criant de vérité !
    Bonne soirée

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  4. Quand on voit comment a été traitée l'affaire de Puisseguin, il est évident que ça doit se passer comme ça. Hélas.

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  5. Un nouvel article sur ce blog, c'est la bonne nouvelle de la journée. Il y en a si peu, en ce moment, sauf si on essaie de regarder avec distanciation ce qui se passe dans notre pauvre pays et de considérer comme elles doivent l'être toutes les élucubrations de ceux qui malheureusement sont aujourd'hui (et pour trop longtemps encore) aux commandes : quoi de plus risible, objectivement, qu'une imprécation de Valls-la-Menace ou une péroraison de Taubira-le-laxisme ?

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  6. Mince alors, c'est criant de vérité!
    Comment avez vous fait pour vous faufiler dans la salle de rédaction, d'autant qu'il paraît que depuis le coup de Charlie ils se méfient de tout...j'espère en tout cas qu'ils auront pu rebaptiser la petite Marion, ça la fout mal, ça!
    Amitiés.

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    1. Je me suis déguisé en carte de militant PS: rien de tel pour passer inaperçu dans les salles de rédaction...

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